Catherine de Sienne: Comment le Saint Esprit vient à son secours (1)

Publié le 22 juillet 2008 par Walterman
Mille excuses pour ce retard dans la mise en ligne, dû à l'interruption de ma connexion internet, suite à un petit orage. C'est comme ça dans les îles ...



   Alors cette âme, comme enivrée, haletante, et embrasée d'amour, le coeur blessé d'une grande douleur, se tournait vers la souveraine et éternelle Bonté: "O Dieu éternel, disait-elle, O Lumière au-dessus de toute lumière et foyer de toute lumière! O Feu au-dessus de tout autre feu, Feu qui seul brûle sans se consumer! Feu qui consume dans l'âme tout péché et tout amour-propre, Feu qui ne consume pas l'âme, mais la nourrit d'un amour insatiable, puisqu'en la rassasiant, vous ne la rassasiez pas, elle vous désire toujours; et plus elle vous désire plus elle vous possède, plus elle vous cherche et plus elle vous trouve, plus elle vous goûte, O Feu souverain, Feu éternel, abîme de Charité!
   O Bien suprême et éternel, qui vous a donc porté, vous le Dieu infini, à m'éclairer de la lumière de votre Vérité, moi votre petite créature? Nul autre que vous-même, O Feu d'amour! L'Amour, toujours, l'Amour seul, vous a poussé et vous pousse encore à créer à votre image et ressemblance vos créatures raisonnables, et à leur faire miséricorde, en les comblant de grâces infinies et de dons sans mesure. O Bonté au-dessus de toute bonté, vous seul êtes souverainement bon! Et, cependant, vous nous avez donné le Verbe, votre Fils unique, pour qu'il vécût avec nous (Mt 19,17), en contact avec notre être de corruption et nos ténèbres! De ce don quelle fut la cause? L'amour car vous nous avez aimés avant que nous ne fussions (Jr 31,3). O Grandeur éternelle! O! grandeur de Bonté. Vous vous êtes abaissée, vous vous êtes faite petite, pour faire l'homme grand. De quelque côté que je me tourne, je ne trouve qu'abîme et feu de votre Charité.
   Est-ce moi, pauvre misérable, qui pourrai reconnaître ces grâces et cette ardente Chanté que vous m'avez témoignée et que vous me témoignez encore, avec tant d'amour, à moi en particulier, en dehors de la charité générale et de l'amour que vous avez pour vos créatures? Non, certes: Vous seul, très doux et tendre Père, serez reconnaissant pour moi. C'est le sentiment de votre Charité elle-même, qui vous rendra grâce à ma place (Rm 8,26): car moi, je suis celle qui ne suis pas. Si je disais que je suis quelque chose par moi-même, je mentirais sur ma tête; menteuse, je serais fille du démon qui est le père du mensonge (Jn 8,44). Vous seul, êtes Celui qui est. L'existence et toutes les grâces que vous avez ajoutées à mon être, c'est de vous que je les tiens, c'est vous qui me les avez données et me les continuez, par amour, sans que j'y aie aucun droit.
   O Père très doux, quand la race humaine était là gisante et blessée par le péché d'Adam, vous lui avez envoyé le médecin (Mt 9,12 ; Lc 5,31), votre cher Fils, le Verbe d'amour. Et quand j'étais abattue moi-même, languissante dans la négligence et une épaisse ignorance, vous le très doux et très suave médecin, le Dieu éternel, vous m'avez donné une suave et douce et amère médecine, pour me guérir et me tirer de mon infirmité. Elle était suave, parce que c'est, avec votre charité, avec votre suavité que vous vous êtes manifesté à moi, vous la douceur au-dessus de toute douceur. Vous avez éclairé l'oeil de mon intelligence par la lumière de la très sainte foi, et dans cette lumière, suivant qu'il vous plut de me le découvrir, j'ai connu l'excellence et la grâce que vous avez conférées à la race humaine en vous donnant à elle tout entier, vrai Dieu et vrai homme, dans le corps mystique de la sainte Église. J'ai appris ainsi la dignité de vos ministres, établis par vous, pour vous distribuer vous-même à nous.

Dialogue, chapitre 25