Les nouveaux racistes

Publié le 13 septembre 2020 par Juan


La seconde vague est là. Le COVID pollue la rentrée en France, mais il est heureusement moins mortel. Dans le monde, la barre des 900 000 morts est franchie. Le clan Macron démontre à nouveau son incompétence en laissant filer la pandémie. Et il est un autre virus, lui aussi sans contrôle: les nouveaux racistes sont à l'offensive, bien décidés à prendre le contrôle du débat politique.

La pandémie repart de plus belle en Europe et 85% des cas de COVID avérés concernent désormais des moins de 60 ans. Au Royaume Uni, on s'inquiète des 2000 cas quotidiens jusqu'à interdire tout rassemblement de plus de 6 personnes, même à domicile. L'Italie du Nord impose des contrôles de températures dans les bureaux. L'Allemagne interdit tous les voyages hors d'Europe.

Deux pays se distinguent par la progression fulgurante de la pandémie: l'Espagne, avec 19 cas pour 100 000 habitants (+49% en une semaine), ... et la France, avec 10 cas pour 100 000 (+33%). Tous les autres pays européens sont loin derrière dans ce triste podium: Royaume Uni (3 pour 100 000), Italie (2), Allemagne (2), Portugal (4), Pays Bas (4), ou Suède (2).

A l'exception de l'Espagne, la France est plus touchée que ses voisins. De 7000 cas, le nombre d'infectés quotidiens a monté à 10 000 en fin de semaine. Les délais d'attente pour être testé grimpent à plus de 10 jours. Le nombre de classes fermées quelques jours à peine après la rentrée des classes grossit - officiellement, plus de 500 classes et 32 établissements scolaires -sur près de 60.000 - à cause de l'épidémie de coronavirus. Un collège se met en grève pour fustiger le manque de moyens. A la fac de Lille, 95 étudiants ont été testés positifs en une semaine.

Toute la semaine, le suspense grandit à propos des nouvelles mesures de protection sanitaire que le gouvernement s'apprêterait à prendre.

Puis, vendredi, patatras. Jean Castex parle.

Il semble surjouer son accent "du terroir". Entre Macron et lui nous avons les deux versions, jeune et âgée, d'OSS117. Premier ministre du siècle d'avant, il parle presque comme Valery Giscard d'Estaing, en version Occitanie.

  • Castex annonce... la réduction du délai de quarantaine de 14 à 7 jours - le virus progresse, mais on relâche la barre...
  • Il fait classer 42 départements rouges, sans aucune mesure contraignante, car, dixit Castex, "les mesures ne doivent pas se décider depuis Paris ".
  • Il promet de réserver les tests aux publics prioritaires à certains moments de la journée.
Et rien d'autre.

On se pince pour le croire.

Rien sur les écoles, collèges et lycées où les tests ne seront pas priorisés, mais les enfants toujours encouragés à venir pour que leurs parents puissent travailler coûte que coûte. Aucun cordon sanitaire autour des EPAHDs et autres établissements accueillant des personnes âgées (85% des 30 000 morts en France avaient plus de 60 ans). Même la réorientation des tests vers les " publics prioritaires" à certains horaires de la journée semble foireuse: d'après certains épidémiologistes, il faudrait au contraire faire comme en Italie, massifier les tests , de façon proactive, dans des zones représentatives - et non pas tester uniquement les suspects et les inquiets.

L'historienne Laurence de Cock résume très bien: "Hier le premier ministre est intervenu pour dire 'la situation empire, nous avons donc décidé de lever le pied sur la vigilance'" .

On a l'impression de revivre le début de la pandémie en mars dernier: d'abord le déni qu'il y ait un danger, puis le silence pour éviter la panique, et enfin le fiasco dans la gestion. Mêmes chez les macronistes, les langues se délient: "Avec le recul, on aurait dû dire que nous n'avions pas assez de masques et que c'était la raison pour laquelle il fallait les réserver à ceux qui étaient en première ligne." explique Stanislas Guérini, le chefaillon du parti présidentiel.

Cette équipe d'incapables fait peur. Elle choisit, sans le dire, de laisser le virus circuler.

A l'Assemblée nationale, les députés macronistes se dotent d'un nouveau président de groupe, Christophe Castaner. Violant toutes les règles sanitaires édictées par le gouvernement qu'il soutient, le voici qui déambule tout sourire sans masque dans les couloirs encombré du Palais Bourbon.

En visite dans un lycée professionnel, Macron ne résiste pas à l'envie de retirer son masque, en public.

Les mêmes sous-doués avaient annoncé la mise en place d'un numéro vert "à l'écoute des propriétaires de chevaux mutilés" après la découverte de mutilations à répétition dans l'Est de la France.

Darmanin, ce ministre accusé de viol et de trafic d'influence, a décidé d'instrumentaliser le COVID pour interdire la distribution de repas par des associations humanitaires aux migrants dans la région de Calais: "Il est interdit toute distribution gratuite de boissons et denrées alimentaires [dans une vingtaine de rues, quais, places du centre-ville] pour mettre fin aux troubles à l'ordre public et limiter les risques sanitaires liés à des rassemblements non déclarés."

Mais à Calais, Gérald Darmanin décide d'associer migrants clandestins et propagation du virus.

A Paris ou Marseille, les terrasses bondées ne désemplissent pas dès le retour de quelques beaux jours. Tous les scientifiques, qu'ils soient "optimistes" ou pas, s'accordent à dire que les brassages de populations pendant les vacances, puis les retours au travail et la rentrée des classes ont favorisé l'accélération de la propagation du virus.

C'est un cliché raciste infondé de plus.

Ce même Darmanin a prévenu qu'il publierait chaque mois les chiffres de la délinquance. Rappelons que Macron a supprimé la publication mensuelle des chiffres du chômage. Cette "politique du chiffre" est au service d'une campagne politique pour faire réélire Emmanuel Macron - se focaliser sur l'immigration et la déliquence plutptot que sur les inégalités, qui se sont creusées, et le chômage, qui a explosé, est une ficelle aussi grosse que l'indignité de cette Présidence vieillissante.

Il y a une certaine impatience à voir comment les ex-socialistes et sympathisants hollandistes reconvertis en supporteurs blasés ou ultras de la Macronie joueront cette partition sécuritaire et raciste digne des grandes heures du sarkozysme quand le temps de la campagne présidentielle de 2022 sera arrivé.

A l'incompétence des gouvernants, s'ajoutent les outrances des nouveaux racistes.

La polémique déclenchée par la publication d'une fiction raciste de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles sur la députée Daniele Obono traine encore: la station Europe 1, malgré la résistance d'une grosse partie de sa rédaction, a embauché l'ancien rédacteur en chef du torchon d'extrême droite pour son service politique. L'ancienne radio des cadres sup est à son tour infiltrée - pardon - infectée par la zémourisation ambiante.

Dans les colonnes du supplément magazine Le Monde, on apprend que les nouveaux racistes bobo - Geoffroy Lejeune et sans bande - ont choisi Daniele Obono " par défaut". Et qu'ils avaient demandé à l'illustrateur de s'inspirer des "négresses à plateaux" pour ses dessins.

" Invité de l'émission d'"infotainement" Quotidien sur TMC, présentée par Yann Barthès, Nicolas Sarkozy associe singe" et " nègre" sans qu'aucun des journalistes et amuseurs présents n'ose réagir ou dire un mot. La séquence dure 3 longues minutes, odieuses et stupéfiantes. Quelques heures plus tard, l'ancien monarque tente de cacher son racisme inconscient en tweetant et retweetant des hommages à Aimé Césaire.

"Cette volonté des élites qui se pincent le nez qui sont comme les singes qui écoutent personne... euh... On a le droit de dire 'singes'? Parce que... On n'a plus le droit de dire... On dit quoi 'Les 10 petits soldats' maintenant? Elle progresse la société". " Nicolas Sarkozy, 10 septembre 2020

Qui a oublié son discours de Dakar, en juillet 2007, où il expliquait combien "l'homme africain" n'était "femme africaine analpha-bète aux 7 enfants". "pas assez entré dans l'Histoire". " Jamais il ne s'élance vers l'avenir. Jamais il ne lui vient à l'idée de sortir de la répétition pour s'inventer un destin. Le problème de l'Afrique est là." Sarkozy a le racisme discret, un racisme du lapsus, un racisme qui reconnait les méfaits de la colonisation (qui en débat encore si ce ne sont les plus racistes ?) mais affirme une supériorité blanche, un racisme qui loue la "différence" pour avoir le droit de traiter les noirs de singe au nom de la "liberté" . Macron a emprunté le même chemin tortuex, dénonçant un jour la colonisation comme crime contre l'humanité tout en assénant le cliché de la
Ces clichés, ces lapsus et ces déclarations sont racistes.

Dans une vidéo anodine publiée par BFM, une jeune femme souriante, les cheveux recouverts d'un voile, explique ses recettes pour "cuisiner sans four et pour un budget de 60 euros par mois". Une journaliste du Figaro réagit à cette publication d'un simple commentaire: "11 septembre". Associer cette musulmane au souvenir des attentats du 11 septembre est uns autre anecdote de ce racisme ordinaire, qui "sort du bois".

D'après les enquêtes d'opinion, les Français ne sont pas plus racistes qu'avant, bien au contraire. Mais nombre d'éditocrates, de journalistes, d'hommes politiques de tous bords à droite, entretiennent la fiction qu'il s'agit d'une préoccupation majeure.

Le débat politico-médiatique tourne en vrille autour du duo délinquance/immigration, alimenté par des chaînes d'informations privées elles-mêmes en vrille sur le sujet, CNEWS en tête. Fort heureusement, ces chaînes d'information n'intéressent qu'un public restreint, et ultra-majoritairement âgé. Les gros scores sont de quelques centaines de milliers de personnes. Mais leurs " talkshows" font la part belle aux racistes en tous genres, aux mensonges en tous genres, au nom de la " liberté d'expression". Et ces émissions alimentent la conversation politique.

"Autre sujet du jour, avec la violence à Paris. Mais d'abord, cette violence, parce que cet ensauvagement que chacun a pu remarquer... Je sais pas si c'est une réalité ou pas. Je sais pas s'il existe des statistiques." Pascal Praud, 26 août 2020, CNEWS

Macron ironise auprès des journalistes qui l'interrogent sur les propos de son ministre, il y a trois semaines: " Avec les commentaires, vous avez fait le Kamasutra de l'ensauvagement, depuis 15 jours, tous ensemble. Donc je vous laisse à votre Kamasutra. Ce qui m'importe, c'est le réel ! Demandez aux gens ! Les gens, ils n'en ont rien à faire. Ils veulent qu'on règle leurs problèmes. Et nous, on est là pour régler leurs problèmes".

Il s'agissait d'occuper la galerie.

Nommé par Macron, après une discussion "d'homme à homme" sur les accusations de viol qui le concernent, Darmanin a lancé le terme d'ensauvagement dans le débat public.

Cynique, Macron se moque de la presse qui a si bien mordu à l'hameçon.