La lumière au bout du chemin

Publié le 29 septembre 2020 par Réverbères
 FMG@2007
 En temps normal, le soleil nous éclaire. Ses rayons nous réchauffent et nous guident. On aime se retrouver pour profiter de sa chaleur et se préparer à le retrouver le lendemain matin, en toute certitude. Ça, c’est en temps normal. Il suffit qu’une toute petite bête s’immisce quelque part pour que tout parte à vau-l’eau et qu’au soleil, on n’ose plus trop y croire. On se doute bien qu’il est toujours là, mais la pente est si dure, les cloisons si épaisses, qu’on peine à entrevoir la moindre lueur.
Cette expérience, beaucoup la vivent actuellement. Collectivement ou individuellement. Dans les deux cas, l’expérience est insupportable.
Qui, aujourd’hui, ne rêve pas que cette mauvaise histoire de coronavirus ne soit plus qu’un souvenir dont on se passerait bien de toute façon ? Qui ne voudrait enlacer ceux qu’on aime sans aucune arrière-pensée, juste pour le plaisir de se sentir de près ? Qui n’aimerait ne voir des masques chirurgicaux que dans les séries télé à fleur de rose qui trouvent dans les milieux hospitaliers ce monde clos si propice aux romances et autres belles aventures ? Qui ne souhaiterait se retrouver entre amis, au resto, en discothèque, en réunion, au spectacle… question de vivre tout simplement ? Les mesures qui continuent à être prises sont insupportables bien sûr. Elles sont aussi sans doute indispensables. Ne fut-ce que pour pouvoir continuer à croire qu’on pourra encore se dorer au soleil sans devoir se masquer. Les contraintes auxquelles nous nous soumettons aujourd’hui – et c’est difficile pour tout le monde – sont cette porte qu’on entrouvre plus ou moins, selon les lieux et les circonstances, pour continuer à bénéficier de notre liberté, aujourd’hui comme demain.
La petite bête, elle, elle se fout bien de toutes ces contraintes. On a beau respecter les distances, on a beau se masquer, on a beau tout faire, ça ne l’empêche pas – parfois – de s’inviter à la fête. Quand on est atteint, avec un peu de chance, on ne le remarque même pas. Certains – ce peut-être n’importe qui – se retrouvent hospitalisés, voire aux soins intensifs. Avec très peu de chance, il arrive qu’on y reste. Plus d’un million de morts dans le monde à ce jour ! Puis, avec plus ou moins de (mal)chance, la covid s’installe et marque sa présence de ses effets divers. Quand ça vous tombe dessus, je peux vous dire qu’on n’en mène pas large. Après une dizaine de journées passées à chercher ma respiration, à ne plus trop savoir où se trouve ma tête, à sentir la fatigue au moindre geste, à tousser sans cesse et sans expectoration, à ne plus croire que la lumière puisse encore exister quelque part, je vis aujourd’hui une petite accalmie. Bien frêle encore, mais au moins elle me permet d’écrire ces quelques mots. Je suis encore dans la pente, sans savoir si je suis plus proche du sommet que du point de départ, mais j’avance, avec enfin un peu de calme, en domestiquant mon souffle. Et il me semble entrevoir au loin une faible lueur. J’essaie d’y croire.
Je partage cette maladie avec des millions d’autres personnes. Ça ne console pas. Ça relativise seulement un peu. Comme chacune d’entre elles sans doute, je souhaite vraiment que cela n’arrive à personne d’autre. Parce que, vraiment, c’est une m… ! J’ai tout fait pour ne pas gagner à sa loterie, mais voilà… C’est la vie.
Il n’y a malheureusement pas de solution-miracle. Bien sûr, on pourrait s’isoler complètement et attendre que ce soit fini. Ce n’est pas réaliste. Nous devons continuer à vivre, en continuant à croire à la lumière au bout du chemin. Mais en acceptant ce qu’il faut pour pouvoir y arriver, tous ensemble et chacun sur sa route.