Davantage de pauvres et encore davantage de plans pauvreté

Publié le 07 octobre 2020 par H16

Certes, la France est passée par une petite phase délicate de confinement. Certes, vigoureusement mise en sommeil pendant plusieurs mois par une équipe gouvernementale au taquet, l’économie a subi quelques revers mais, comme cette équipe gouvernementale était justement au taquet, tout est maintenant rentré dans l’ordre. Ou à peu près : il y a encore quelques pauvres en République du Bisounoursland…

Pourtant, les élites qui nous dirigent n’ont pas lésiné sur les moyens de fusiller d’aider les citoyens avec leur propre argent : par l’utilisation habile et totalement inattendue d’un endettement hors norme, l’équipe au pouvoir a largement ouvert tous les sprinklers à pognon de la République.

Emmanuel Macron, le Grand Titimonier parisien, l’avait fait savoir dès le début des exactions décisions de confinement prises en mars : « l’étapéra » avait-il lancé comme nouvelle incantation censée marabouter l’économie, évaporer les problèmes de chômage et faire revenir la croissance aimée.

Malheureusement, ces incantations, tout comme les fines potions économétriques du druide Bruno Le Maire et les totems qu’on fit porter, de force au besoin, à tous les Français, ne suffirent pas à compenser les pertes d’activités et d’emplois que le confinement aura entraînés. Le constat est sans appel : malgré tous les efforts pour saboter sauver le pays, la pauvreté progresse comme jamais.

Ainsi, on découvre, consterné, qu’un Français sur dix est obligé de sauter des repas pour s’en sortir (et 38% chez les plus précaires). Apparemment, l’étapéra, sauf certains repas.

Et si les repas ne manquent pas pour tous, une part croissante des Français a bel et bien subi une perte de revenus suite à cette crise qui est maintenant nettement plus économique que sanitaire : dans son récent rapport, le Secours populaire décrit une France où plus de la moitié des Français n’a pas pu partir en vacances cette année (dont 26% pour des raisons strictement financières) mais, surtout, où plus de 30% d’entre eux ont vu leurs revenus baisser.

Toute la France est touchée et même sa capitale doit se résoudre à compter plus de nécessiteux qu’avant la crise, au point que sa frétillante maire soit forcée à annoncer une hausse de plus de 20% du chômage constaté : de façon assez stupéfiante, il semble qu’obliger les commerces à fermer, leur imposer de lourdes contraintes administratives et sanitaires et mettre des bâtons dans les rues de leur clientèle provoque des effets de bords indésirables sur le chiffre d’affaires et sur le revenu des boutiques, commerces et artisans de la ville ! Sapristi !

Bien évidemment, la maire n’en a pas moins expliqué avoir débloqué vite fait 200 millions d’euros de fonds pour aider cette masse supplémentaire de chômeurs et de nouveaux bénéficiaires du RSA. C’est d’autant plus facile que la dette de la Ville de Paris n’est connue qu’à un gros milliard d’euros près, ce qui donne une bonne latitude pour arroser les chômeurs et arranger les nouvelles coronapistes végétalisées bioconscientes.

Du reste, reconnaissons en outre que le constat économique n’est pas limité à la France : l’économie de l’Europe tout entière doit en effet composer avec une remontée du chômage démontrant surtout que les décisions baroques de certains gouvernements n’ont fait qu’amplifier une tendance qu’on sentait de toute façon poindre dès janvier dernier.

Cependant, Françaises et Français, citoyennes et toyens, lectricezélecteurs, rassurez-vous : bien que dramatique et probablement totalement hors de conceptualisation des endives molles qui nous gouvernent, la situation n’en est pourtant pas désespérée puisque nos légumes ministériels ont réponse à tout.

Mais si, rappelez-vous ! Il y a deux ans, le chef de l’État s’était en effet clairement prononcé pour un grand plan contre la pauvreté, au milieu de ses plans pour des vélos, des chaudières, des petits-déjeuners,
des cabines de douche et des permis de conduire et après deux ans d’application, le bilan permettra de tirer les excellentes conclusions qui s’imposent pour piloter le pays vers les vallées de lait et de miel d’où les pauvres ont disparu.

Certes, après la première année du plan, en 2019, le bilan n’était pas fameux-fameux : le revenu universel d’activité n’était pas encore lancé, les APL avait baissé et certaines mesures étaient contradictoires avec d’autres pour un bilan global franchement mitigé pour ne pas dire médiocre voire nul.

Mais une année de plus a permis de redresser la barre : le revenu universel d’activité est globalement enterré, les APL n’ont pas remonté, le nombre de chômeurs explose, la pauvreté aussi, et les acteurs de terrain en viennent à la conclusion que le bilan global est franchement mitigé pour ne pas dire médiocre voire nul ahem bon bref.

Devant cette réussite, il est donc temps d’en remettre une couche : dans un acte d’une bravoure et d’une continuité inouïe, le gouvernement entend donc lancer un second plan, encore plus ambigutieux que le précédent et qui va forcément résoudre les problèmes qui ne l’ont pas déjà été.

On se doute que l’ensemble des dispositifs proposés reposera essentiellement sur l’utilisation des finances publiques, qui, pour rappel, proviennent soit de la dette (déjà obésifiée par la petite période de sprinklers festifs des mois passés) soit des ponctions contribuables.

En somme, concernant ces pauvres, là encore, l’étapéra mais pour cela, on s’assurera que l’étaprendra avant. Et comme il y a de plus en plus de pauvres, il prendra même de plus en plus : au prétexte de soulager ces individus auxquels il promet monts et merveilles, il prend à tous, et surtout à ceux qui produisent de l’activité. Arrive malheureusement un moment où l’activité, grevée par les ponctions ininterrompues de l’État, n’est plus assez rentable et doit cesser, ce qui provoque appauvrissement et chômage. Oh, zut.

Le chômage augmente alors, engendrant de nouveaux pauvres auxquels (rappelez-vous) l’État s’est promis de venir en aide. Ce qui le pousse naturellement à augmenter encore ses ponctions, … qui alourdissent à nouveau les charges pesant sur les entreprises et les salariés, les rendant moins rentables… Entretenant le cercle vicieux.

Lorsque le président s’écrie, entre deux savonnages musclés de ses petites mains fluettes, que l’étapéra, ce qu’il signifie en réalité n’est que l’accélération de ce cercle vicieux.

Socialistes de tous pays, réjouissez-vous : l’État fait plein de nouveaux pauvres !

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