Les 75 ans du 17 octobre se préparent [Coutumes]

Publié le 15 octobre 2020 par Jyj9icx6

Dans l'arc de cercle bleu et blanc : "C'est l'anniversaire de Perón"
En bas, sous la photo historique de Plaza de Mayo :
"Un jour péroniste"


Après-demain samedi, il y aura soixante-quinze ans que les Portègnes ont envahi Plaza de Mayo pour exiger le retour au gouvernement de Juan Domingo Perón, qui s’était rendu très populaire comme secrétaire d’État au Travail et venait d’être écarté du pouvoir (1) par une petite camarilla d’officiers de droite au sein d’un groupe de militaires qui s’étaient installés par la force à la tête de l’Argentine en 1943 pour éviter à celle-ci d’entrer dans la seconde guerre mondiale et résister à la pression des États-Unis. C’était le printemps et il faisait déjà sérieusement chaud. Certains manifestants décidèrent de faire trempette dans le bassin qui embellissait la place et cette image des gens assis sur le bord de la fontaine et les pieds nus dans l’eau (patas en la fuente) est restée comme un symbole de ce mouvement de loyauté envers Perón (d’où le nom de ce 17 octobre : Día de la Lealtad). Une grande fête pour tous ceux qui se réclament de Perón, ce qui est le cas des actuels gouvernants. Ce 17 octobre 1945 est considéré comme le jour où le péronisme est né. Ce jour-là, Perón comprit qu’il pourrait se présenter à l’élection présidentielle et pour se préparer, il épousa quelques jours plus tard celle qui n’était jusque là que sa maîtresse, Evita Duarte (2)

Épidémie oblige, cette année, les célébrations se tiendront en ligne. Un site Internet a donc été créé pour l’occasion et il a déjà reçu un nombre record de visites anticipées. De nombreux sympathisants et militants dotés du sens de l’humour ont organisé ou vont le faire la scène des pieds dans l’eau chez eux devant leur webcam…

Humour péroniste "façon maison"

En réaction aux manifestations très agressives de la droite qui ont eu lieu un peu partout dans le pays le 12 octobre, un leader syndical appelle aussi à une manifestation en voiture pour ne pas abandonner la voie publique aux seuls militants de droite des banderazos (les grands rassemblements où l’on agite le drapeau, bandera, national). Ils ne semblent pas nombreux à vouloir le suivre. On verra donc ce qu’il en est samedi.

Toujours est-il que de façon un peu surprenante, tous les journaux, y compris les trois titres phares de toutes les droites argentines, parlent déjà aujourd’hui de cette fête très particulière de la Loyauté, particulière à cause de la contagion et à cause du récent retour des péronistes au pouvoir.

Página/12 en fait la une de son supplément hebdomadaire sur le monde universitaire.

© Denise Anne Clavilierwww.barrio-de-tango.blogspot.com Pour aller plus loin :lire l’article de Página/12lire l’article de Página/12 au sujet du site Internet de la fêtelire l’article de La Prensalire l’article de Clarínlire l’article de La Nación (1) Perón avait été arrêté dans la matinée et envoyé manu militari au bagne militaire dans l’île Martín García, située à la hauteur de Buenos Aires, comme un petit confetti argentin au milieu des eaux territoriales uruguayennes. Devant la foule qui s’agglutinait devant Plaza de Mayo, la junte du Mouvement des Officiers Unis dut envoyer un aéronef le chercher et peu après minuit, libre, il apparut au balcon de la Casa Rosada, autre photo symbolique d’un tournant historique pour le pays. N’importe qui qui, aujourd’hui, se montre à ce balcon s’inscrit dans cette histoire. La foule ne se dispersa qu’après avoir longuement acclamé son champion.(2) A cette époque-là, la Constitution argentine, qui n’allait pas tarder à être rétablie, exigeait que le président soit catholique. Il était donc dans l’obligation de régulariser sa situation, sans quoi l’épiscopat aurait pu peser de tout leur poids (et il était considérable) contre sa candidature. Il se maria donc dans la cathédrale de La Plata, la capitale de la province de Buenos Aires.