Le Jeu de la Dame (Mini-series, 7 épisodes) : les échecs de la victoire

Publié le 28 octobre 2020 par Delromainzika @cabreakingnews

Les jeux d’échecs ont toujours été quelque chose de passionnant mais en faire toute une série sur le sujet je dois avouer que j’avais des doutes. Et pourtant, jamais des parties d’échecs n’ont été aussi passionnantes à mes yeux. Le monde des compétitions d’échecs n’est pas le terrain de jeu parfait pour faire une série passionnante et pourtant, Le Jeu de la Dame est constamment une série qui captive le téléspectateur et m’a même fait suer devant mon écran. Les parties d’échecs sont fascinantes avec de nombreuses séquences soignées à la mise en scène qui rendent le tout d’autant plus intéressant. Sans parler des casting ou d’Anya Taylor-Joy qui fait beaucoup dans la réussite de cette série. Il y a une approche assez méticuleuse qui est faite sur le monde des séries d’époque ici (les décors, les couleurs des années 60, les costumes, etc.). On sent que Netflix a les moyens de ses ambitions pour faire des produits de qualité. Le Jeu de la Dame est adapté du roman de Walter Tevis du même nom (The Queen’s Gambit) et l’on sent que le rythme de la mini série vient aussi du monde du sport en général avec une tension palpable à chaque mouvement que Beth Harmon fait sur l’échiquier.

En pleine Guerre froide, le parcours de huit à vingt-deux ans d'une jeune orpheline prodige des échecs, Beth Harmon. Tout en luttant contre une addiction, elle va tout mettre en place pour devenir la plus grande joueuse d’échecs du monde.

Scott Frank (Minority Report, Logan), Scott Allan (habitué des documentaires) et Allan Scott (Les sorcières, Vengeance secrète) s’associent donc ici dans une adaptation millimétrée où chaque scène a un intérêt pour le développement de l’histoire. Que cela soit durant la jeunesse de Beth ou son arrivée dans l’âge adulte, Le Jeu de la Dame n’a pas peur d’écorcher vive son héroïne pour nous offrir un spectacle intelligent et soigné sans temps morts. L’amour, les addictions (drogue, alcool) permettent d’apporter quelques rebondissements au fil des épisodes jusqu’à cette finale de compétition d’échecs particulièrement fascinante. Scott Frank qui a réalisé une bonne partie des épisodes nous fait passer de l’adolescence de Beth à son âge adulte avec une vraie volonté de nous attacher au personnage tout en gardant une forme de sensibilité qui fait là aussi tout l’intérêt de Le Jeu de la Dame. De l’orphelinat à la maison de sa mère adoptive Alma, on n’est jamais ménagés. On avance directement et la série prend alors le temps de nous plonger dans le destin de la jeune femme.

Le Jeu de la Dame se permet aussi de parler des normes sociales (notamment par rapport à la place de la femme) et c’est un élément que la série réussi haut la main. La série a aussi réussi à faire en sorte que le jeu d’échecs en lui-même soit un personnage à part entière en nous partageant notamment l’imagination de Beth lorsqu’elle joue aux échecs dans sa chambre en regardant le plafond. Tout cela permet de créer une tension et de nous engager toujours plus loin dans le jeu lui-même. Certains personnages sortent du lot et j’ai même l’impression par moment que l’on n’en profite pas suffisamment. Je pense à Jolene qui incarne là aussi un pan de l’Histoire de l’époque. Il s’agit du seul personnage noir de la série et elle représente une envie d’être représenter et vue qui là aussi permet d’ajouter au contexte social de la série (tout en restant finalement assez actuelle sur le sujet).

Au final, Le Jeu de la Dame est une agréable surprise à laquelle je ne m’attendais pas du tout. En grande partie car je ne sais pas trop ce que l’on est sensé attendre au départ d’un personnage qui joue aux échecs mais cela m’a donné envie de me remettre aux échecs. Comme quoi…

Note : 7/10. En bref, une agréable mini-série palpitante autour d’un sport cérébral qui est finalement plus fascinant que je n’aurais pu l’imaginer.

Disponible sur Netflix