Mad money

Par Rob Gordon
Les plus beaux holdups sont souvent les plus simples. Sur le papier, celui que s’apprêtent à commettre les trois héroïnes de Mad money est juste magnifique : voler de l’argent qui ne manquera à personne (puisqu’il était destiné à être détruit), en échangeant prestement deux petits cadenas. À l’image, c’est autre chose : ni crédible, ni efficace, cette stratégie a tout du gros plan foireux. On s’en moque : Mad money est évidemment une comédie, qui ne s’encombre d’aucun réalisme. C’est simplement l’occasion pour Callie Khouri, spécialiste des films de filles et pour filles (qu’on ne s’avise pas de confondre ces deux genres), de faire l’éloge du girl power et de la mixité ethnique et sociale. L’union fait la force et donne au film ses scènes les plus sympathiques.
Le grand atout du film, c’est son trio d’actrices, dont le plaisir à jouer de façon excessive est communicatif. Souvent raillée, Katie Holmes est ici parfaite, jouant idéalement de ses gros yeux qui roulent et de son don pour les grimaces. Tout le monde s’amuse, et la préparation et l’exécution d’un vol à grande échelle sont divertissantes et rigolotes. Et Khouri de s’amuser à dépeindre les hommes comme des poltrons qui refusent absolument de porter la culotte et laissent le sale boulot à leurs femmes. C’est de bonne guerre.
Dommage que la deuxième partie, et surtout la dernière demi-heure, ne viennent un peu gâcher la fête. La fin est répétitive et beaucoup moins drôle, le scénario s’escrimant à tenter de boucler l’intrigue de façon convaincante – assez inutile compte tenu de la non-crédibilité de tout ce qui précède. On tape un peu des pieds en attendant le générique de fin, regrettant la bonne humeur du début d’un film pas révolutionnaire mais qui s’impose sans difficulté comme le meilleur d’une réalisatrice qui enchaîne les bides malgré des castings toujours foisonnants. De quoi se poser quelques questions.
5/10