Le début de la vieillesse

Publié le 31 octobre 2020 par Morduedetheatre @_MDT_

Allez, je le fais.

Je me suis rendue compte ce matin que j’avais oublié mon anniversaire. Les 10 ans de Mordue de Théâtre, c’était hier, et c’est la première fois en dix ans que j’oublie cette date particulière. Il faut dire que le temps n’est pas à la fête. Jamais je n’aurais imaginé célébrer ainsi les 10 ans de ce blog. Jamais je n’aurais pensé être chez moi sans pouvoir sortir, jamais je n’aurais pu concevoir que les théâtres seraient fermés, que je ne pourrais aller ni au cinéma ni dans les librairies, que la culture en serait à ce niveau de délaissement en France. Jamais je n’aurais envisagé un anniversaire aussi triste, trop inquiète pour l’avenir du spectacle vivant pour souffler ma première dizaine avec le sourire. De toute façon, souffler des bougies, aujourd’hui, c’est un acte dangereux.

Mais je n’aurais pas non plus imaginé que dix ans plus tard j’aurais, en quelque sorte, atteint mon but. Je n’aurais pas pensé travailler avec des comédiens que je suis depuis des années, je n’aurais pas osé envisager que le théâtre serait réellement mon quotidien. Je suis tout à fait consciente de la part de chance qui m’a permis d’avancer et d’être là où j’en suis aujourd’hui dans mon parcours ; consciente aussi du travail, des connaissances, des sacrifices qu’il a nécessités. Je suis heureuse de pouvoir me retourner et me dire que je suis là où j’aurais espéré être il y a dix ans. Je ne sais pas même si j’osais vraiment le rêver alors. La chose qui me rend sans doute la plus heureuse, c’est de voir qu’au bout de dix ans, le désir, le plaisir et l’enthousiasme sont toujours là. Cela me conforte dans ce que je fais, dans ce que je suis.

Je n’avais pas trop envie d’écrire cet article et je ne m’attarderai pas davantage. Dix ans, c’est évidemment un passage, mais j’ai l’impression d’avoir dit l’essentiel lors de mon précédent anniversaire. Mon amour pour les artistes, mes excuses auprès de ceux que j’avais pu blesser, mes doutes sur ma place. Ces doutes sont toujours là. Je suis toujours à la recherche de nouvelles choses que je pourrai vous apporter maintenant que j’ai la chance d’avoir un nouveau point de vue sur ce domaine, mais je ne trouve rien qui me convienne. Pas grave, en attendant, je continuerai d’écrire sur les spectacles que je vois. Ah, et comme la période est vraiment difficile pour le spectacle vivant, ne m’en voulez pas si je n’écris pas avec la liberté que vous me connaissez sur les spectacles qui ne me convainquent pas. Même moi, je n’ai pas envie d’enfoncer le couteau dans la plaie aujourd’hui. Mais ce temps reviendra.

MERCI À TOUS
ET VIVE LE THÉÂTRE