COVID-19 : Le cas le plus long était asymptomatique

Publié le 07 novembre 2020 par Santelog @santelog

La grande majorité des personnes infectées par le SRAS-CoV-2 semble excréter activement le virus infectieux pendant environ 8 jours, cependant les études révèlent un spectre très large de réponses d’un patient à l’autre. Cette étude de cas, publiée dans la revue Cell, documente le cas d'une patiente de 71 ans par ailleurs atteinte de leucémie et immunodéprimée, qui porteuse du coronavirus pendant au moins 105 jours et infectieuse pendant au moins 70 jours, est restée asymptomatique tout le temps.

 

 Ce cas, certes extrême, permet de cerner la durée possible de contagiosité et de mieux informer les décisions de santé publique, mais aussi de comprendre le comportement du virus chez les patients immunodéprimés. « Au moment où nous avons commencé cette étude, nous ne savions vraiment pas grand-chose sur la durée de l'excrétion du virus », explique l'auteur principal Vincent Munster, virologue au National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID/NIH). «Au fur et à mesure que le virus continue de se propager, de plus en plus de personnes atteintes d'une gamme de troubles immunosuppresseurs sont infectées, et il est important de comprendre comment le SRAS-CoV-2 se comporte dans ces groupes de population.

100 jours d’infection sans symptômes

Le Dr Munster, expert des maladies infectieuses émergentes, a commencé à publier sur le SRAS-CoV-2 en janvier. Il a été contacté en avril par un spécialiste des maladies infectieuses, le Dr Francis Riedo, co-auteur de l'étude, au sujet de cette patiente, infectée au début de la pandémie de COVID-19. Les nombreux tests PCR effectués pour cette patiente sont restés positifs pour le virus sur une période de plusieurs semaines. Immunodéprimée en raison d'une leucémie lymphoïde chronique et d'une hypogammaglobulinémie acquise,

  • la patiente, âgée de 71 ans, porteuse du virus durant plus de 100 jours, est toujours restée asymptomatique.
  • C’est une anémie sévère qui a conduit à son hospitalisation et des examens qui a permis la détection de l’infection à SARS-CoV-2. La patiente est restée « infectieuse » (ou contagieuse) pendant au moins 70 jours après le premier test positif et n'a complètement éliminé le virus qu'après 105 jours.
  • La patiente est restée infectieuse pendant si longtemps parce que son système immunitaire affaibli ne lui a jamais permis de réagir. Les tests sanguins ont montré que son corps n'était pas capable de fabriquer des anticorps.
  • Traitée par plasma de convalescence, le traitement semble n’avoir eu aucun effet chez elle, sans doute en raison de ses faibles niveaux d'anticorps. Cependant en dépit de son incapacité à développer une réponse anticorps, la patiente n'a jamais développé la maladie COVID-19.
  • Un séquençage en profondeur de tous les échantillons de virus obtenus chez la patiente révèle différents variants de gènes dominants, mais ces mutations ne semblent pas avoir impacté la durée de persistance du virus.

L’étude documente ainsi le cas le plus long de personne infectée activement par le SRAS-CoV-2 tout en restant asymptomatique : « Nous avons vu des cas similaires avec la grippe et le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), nous nous attendons à voir plus de rapports de cas comme le nôtre à l'avenir ».

Source: Cell November 04, 2020 DOI: 10.1016/j.cell.2020.10.049 PCase Study: Prolonged infectious SARS-CoV-2 shedding from an asymptomatic immunocompromised cancer patient

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Équipe de rédaction SantélogNov 7, 2020Rédaction Santé log