Stereotypical Working Class / Celestopol EP

Publié le 18 novembre 2020 par Concerts-Review

Stereotypical Working Class / Celestopol EP

Blood Blast Distribution.

Par NoPo

Le groupe SWC naît en Californie en 99 et, d'après 'Rock Sound', ils émigrent alors et obtiennent la nationalité lyonnaise (pardon française!) et prennent des prénoms qui vont avec (Memphis, Houssem, Maxwell... ou presque).
Après avoir perdu ses 'Illusions', EP, transformé en 1er album, il publie 'Sans Repères' (tu m'étonnes!) en 2006.
3 autres albums et 2 EP's suivent jusqu'à 2016 (fréquence de travail proche d'un 'working class hero', dirait John).
Fred Duquesne (Watcha, Mass Hysteria, Eths...) produit le nouvel EP qui vient de paraître.
Le line-up passe à 5 :
Benjamin - batterie (depuis 2003)
Bertrand - basse
Christophe - guitare
Mehdi - guitare (depuis 2018)
Martin - chant

Tracks-

Testify
Soon I will
Face down
Time will never change
Celestopol
Pour situer, on peut qualifier leur écriture de progressive-métal se rapprochant de Klone (dont ils ne sont pas le clone car moins diversifiés), Opeth (pas le vieux!), Soen ou Tool (sans les instruments cliniques), mais j'y perçois surtout la référence incontournable des californiens de Dredg (tiens, comme c'est étrange! Une inspiration close to the edge?).
En 2020, le voyage file en direction de la lune (plus exotique que Lyon?) puisque 'Celestopol', cité russe (ben oui exotique quoi!), s'y développe dans l'imagination de l'écrivain Emmanuel Chastellière.
Le design du support (noir et blanc tirant sur le bleu), tout aussi orienté science fiction, invente une extrémité désertique à la terre au carré, parcourue par un cortège de colons, attiré par une lune envahissante.
L'expédition musicale colle à cet imaginaire et s'élève dans des paysages chimériques.
Le décollage instantané, sans préchauffage, bluffe l'auditeur.
'Testify' ouvre avec une guitare nu-metal très vite brocardée par une rythmique pachydermique, dans un rendu à la Tool. On ressent les coups et on devient presque maso...
Le refrain nous agrippe par le col, la fièvre monte (mais sans risque de covid) et ne nous lâche plus. Rien ne nous empêche de headbanguer (surtout si nos cheveux nous y 'head')
La voix peint de sacrés contrastes : tour à tour mélodieuse, parlée, douce, puissante, claire, agressive... Un sacré témoignage de maitrise!
'Soon I will' (si j'veux!) nous impacte aussitôt, puis, juste un ton en dessous, laisse la place à une voix magnifique, limpide (dans la lignée du grand Yann... Ligner, Klone) qui porte le morceau mélodique à souhait.
Les 2 guitares se complètent par des parallèles et parfois des perpendiculaires! Elles scintillent par leurs dynamiques harmonieuses. Difficile de résister mais pourquoi le faire?
'Face down' couche d'abord une brume épaisse dans laquelle une voix quasi parlée (limite vocodée) semble chercher... sa voie, les yeux vers le sol et soudain la lumière perce... La voix s'affirme, les guitares et rythmique répondent en feux d'artifice.
La batterie n'oublie pas la double pédale. Nous sommes happés par cette énergie contagieuse.
'Time will never change' d'emblée, le riff emporte tout, avec frénésie, avant de nous lâcher au milieu d'un refrain évident. Une basse dodue creuse son trou en bousculant les guitares incisives qui ne se laissent pas faire.
Elles jouent parfois au mur du son et finissent par le passer, aériennes, instants de grâce. Elles piquent autant qu'elles brûlent, laissent des artefacts dans le ciel et marquent nos esprits.
La destination approche avec 'Celestopol', atterrissage par une composition plus sereine. La batterie fait rebondir les autres instruments très haut et que dire de la voix exceptionnelle de Martin?
Un pont proche d'une ambiance Klone nous assombrit un peu le paysage, par des notes basses, mais c'est pour mieux repartir dans la découverte de la planète claire. La dernière partie nous projette dans un bouillonnement de guitares épileptiques, de cris et de cymbales crashées.
Cette musique nous transmet une grande force.
Le jeu du groupe dépasse le cadre de la stéréo en donnant une dimension quasi spatiale à ses créations, tendance jeux vidéos 3D mouvementés.
Plus encore, il nous entraine à exploiter tous nos sens, quitte à perdre notre oreille interne et notre équilibre, mais le large spectre ne fait pas peur.
Il ouvre la porte à notre imaginaire en libérant nos neurones en pac-man dévoreur.
STEREOTYPICAL WORKING CLASS possède de sérieuses qualités surtout celle du dernier mot, la classe!