La Revanche de Bambi

Publié le 26 novembre 2020 par Hunterjones

Ceci est une histoire vraie. 


Prague.

Vlastimil Miliondemilsabor est chasseur. Il chasse le cerf de Virginie. Ce jour-là, avant-hier, il s'est rapporté à la police. C'était juste, pas juste. 

Après une longue journée à ne rien chasser, Vlast décharge son arme et la place en bandoulière autour de son épaule gauche. Son chien, Spagetka, pour sa part en avait eu pour son argent. Il avait couru comme un demeuré toute la journée, à l'affût d'à peu près tout. Même du rien. Il s'agitait la gueule ouverte et, comme les chiens le font souvent, se dressait les oreilles, en se fermant cette même gueule, le temps d'une pause, au moindre bruit. Le bruit du vent, en périphérie de Prague, dans les boisés où il était parmi de chasser, lui faisait se mettre au garde-à-vue presque toutes les 9 secondes. Vlast, immense fan de l'ex-hockeyeur Jaromir Jagr, dont il avait le même âge, arborait la même coupe de cheveux que celui-ci, dans les années 90, depuis les années 90. Il se passa la main dans la tignasse arrière au gré du vent qui fouettait ses joues. 


Soudain, Spagetka, qui courait principalement contre le vent et les feuilles jusqu'à maintenant et tentait de manger la neige qu'il faisait virvoleter en gambadant, courait cette fois en direction d'un véritable animal. Vlast ne l'a pas compris tout de suite sinon il aurait réagi. 


Et bien oui, ce que surprenait son chien était bien un cerf de Virginie! Le cerf, aussi surpris que cette bête à 4 pattes qui lui jappait dessus, coincé entre le chien et le chasseur, trouvant les crocs de Spagetka trop intenses, choisit le moins intimidant des deux adversaires et fonça sur le rond Vlastimil. Un cerf, ça peut choisir de charger. Ce que Vlastimil n'a jamais eu le temps de faire, charger son arme. Non seulement il n'a jamais pu le charger mais le cerf, avec son panache, a arraché toute sa manche gauche, qui contenait aussi la sangle tenant l'arme de Vlast. La sangle a fait quelques tours dans son panache et le cerf a pris ses jambes à son cou pour fuir dans les bois. Là où le chien ne se risquait plus, car le cerf était beaucoup plus haut. Spagetka ne pouvait pas le verbaliser autrement que par des jappements, mais il était intimidé, lui-même. 
Carabine en panache, le cerf déguerpi à toutes jambes, ce qui insulta Vlast, qui alla s'en plaindre à la police. "On m'a volé mon arme!, et...et c'est un cerf qui l'a fait..." Un autre chasseur l'avait aperçu au loin ne comprenant pas ce qu'il avait d'accroché au panache. Ça l'avait déconcentré et il en avait oublié de viser et d'abattre la bête. La police s'est bien moqué de Vlast et de son chien. 
Mais le cerf n'en resterait pas là. Réalisant ce qu'il avait d'accroché au panache, réalisant de plus, que la chasseur avait tout juste eu le temps de placer une balle dans le chargeur, choisit maintenant d'enfin s'émanciper pour vrai. Il quitterait pour l'Amérique. Après tout, c'est de là qu'était toute sa lignée, la Virginie. 

"ce con, avec son gun...oust!"


Mais en cargo, clandestinement, on ne choisit pas nécessairement le port qui allait nous accueillir. C'est à Montréal que la flotte fît escale. Le cerf se propulsa hors de sa cachette et fonça vers le centre-ville. Un lieu où des centaines et des centaines de triangles oranges excitait son imagination. À la hauteur de Ahuntsic, le cerf fût terrorisé par des dindons sauvages. Ça le fît bifurquer. Mais à la hauteur de Ville Saint-Laurent, ce sont des coyotes qui l'avait fait fuir vers le sud. Traversant le pont au galop, à la grande stupeur des automobilistes qui croyaient halluciner "Avait-il vraiment une carabine accroché au panache?". 

Longueuil. Aujourd'hui. 


Le cerf se retrouva au parc Michel-Chartrand,  où 14 cerfs pleuraient le deuil d'un des leurs, frappé par une voiture, le matin même. Mais il y avait plus. On lui raconta, les cerfs femelles, faisant même les yeux doux au bel étranger, que la ville, en consultation avec les responsables de la faune animale, avait pris la décision éclairée d'euthanasier les cerfs. Pour de multiples raisons, c'était la chose à faire. Mais une horde de citoyens, malgré les oeufs du matin, le jambon du midi, le steak du soir et le cuir tout simplement partout, avait choisi de se battre pour leur survie. 

Ça insultait en double le nouvel arrivant. 

 Non mais, non mais, non mais. 

"Don't shoot, deer!"


On voulait leur mort? Et on avait besoin de ses humains grisonnants pour se défendre? 

Non, merci. Ça se passerait autrement. Le cerf de République Tchèque, qui s'était vite adapté à ses contemporains d'Amérique du Nord, prit l'arme dans son panache et mis dans sa mire la silhouette bovine devant lui. 

"NON! NON! elle est de notre côté! il s'agit d'Anne-France Goldwater, une avocate en besoin de publicité. Elle milite pour notre survie! Elle ne sait pas ce qu'elle dit, ça nous aidera à survivre, un peu."

"s'tu...un gun?"


Le cerf de République Tchèque, qui reconnaissait plusieurs citoyens arborant la même coupe de cheveux que celle de Jaromir Jagr dans les années 90, cru reconnaître de multiples versions du chasseur à qui il avait dérobé l'arme en Europe. 

"À qui je fais sauter la tête en premier...?" dit-il assez fort pour que tout le monde l'entende. Personne ne savait qu'il n'y avait qu'une seule balle dans son arme. Mais pire encore, personne n'avait jamais su qu'un cerf pouvait s'exprimer dans en français. C'étair déjà un meilleur effort que bien des gens dans Ville Saint-Laurent. Si ils avaient su que le cerf était d'origine Tchèque, la stupeur aurait été triple,  Mais pour le moment, les mongols de Longueuil avait une arme qui pointait sur eux. Et tout le monde a pris ses jambes à son cou. En criant, parce que c'est connu, un cri, c'est une arme offensive aussi. Parlez-en à Maria Sharapova.  


Les cerfs ont tous éclaté de rire lorsque finalement laissée seuls entre eux.

"Mais vous savez qu'on va tous mourir ailleurs quand même, n'est-ce pas?"

"Ouais, mais probablement de manière plus lente..."


"...et plus souffrante"

"Stressé(e)s, c'est certain"

Quelques 8 cerfs femelles avait jacké leurs brassières et enligné de leurs yeux de flirts le bel étranger. Anne-France Goldwater roucoulait. 


C'était le début d'une belle aventure. Fallait bien en tirer le mieux qu'on pourrait en tirer.

Un porc tout près posa la question à son ami porc:

"Où sont ces cons pour nous? Nous sommes 7 millions promis à l'abattoir, ça fait presque un porc par citoyen, ici, où sont ceux qui nous défendraient?"

"La madame, là-bas, en toge, peut-être" a dit l'autre.