Album- Animal Triste – Animal Triste

Publié le 13 décembre 2020 par Concerts-Review

Album- Animal Triste - Animal Triste

Par NoPo

Label- m/2L

Un titre éponyme (tiré d'un film au sujet de l'adultère) comme pour insister sur une dénomination lourde d'évocations de l'ambiance actuelle.
Une référence me vient à l'esprit : le naïf 'Animal on est mal' de Gérard Manset en 1968 avec des paroles légères et saugrenues pouvant pourtant sous-tendre le racisme.
4 pattes, la tête et la queue, ils s'y sont mis à 6 pour dessiner l'animal (c qui la papatte et la têtêt?) :
2 anciens tauliers de 'la Maison Tellier', Yannick Marais (Helmut le chanteur) et Sebastien Miel (Raoul la guitare) ;
La Maison Tellier découpe, avec classe et brio, des lambeaux d'images de Cosette et des Misérables...
2 anciens 'Radiosofa' au rock tendu antisofa Mathieu Pigné (batteur), Fabien Senay (Guitare) ;
2 anciens 'Darko' Mathieu Pigné (batteur), David Faisques (clavier guitare) (découvrant qu'ils avaient accompagné Julien Doré, je me suis demandé s'ils avaient vu le même lapin que Donnie Darko dans le film) ;
Enfin Cedrick Kerbache (Basse) a joué dans 'Dallas' (un univers impitoyable!) .
Ah merde, ça fait 7, y'en a un (Mathieu) qu'est hyperactif, il compte pour 2!
Tout commence par un froid lunaire, en contemplation de la montagne éclairée par la voie lactée. La monochromie du cliché sur la pochette accentue un contraste acéré d'une beauté saisissante.
La calligraphie, à la fois artistique et sobre, étage, comme la base d'une fusée, les 2 mots l'un au dessus de l'autre et plante des sapins blancs formés par les lettres A et T superposées, la lettre I n'apparaissant qu'une fois pour solidifier la jointure.
Chapeau au concepteur Léonard Titus!
'Darkette' introduit la quête du ... dark. L'entrée se fait dans l'obscurité déchirée par la lumière d'un magma rampant. Le clavier chevauche quelques éclaboussures bouillonnantes.
La voix cavalière retient les rênes jusqu'au crachat des cymbales. A partir de ce moment, la voix plaintive se traîne, au pas.
Aveuglant comme un laser, le riff de guitare dirige, parfois doublé et lové dans les claviers.
Belle entrée dans la matière!
Next one. Posées sur une frappe répétitive, des cordes de guitares brossées à rebrousse poil annoncent 'Shake shake shake'. Une ritournelle au clavier vient jouer en apesanteur.
Lorsqu'une voix, à la Jim Kerr, se fait entendre, la guitare et la basse baissent d'un ton et grondent.
Le refrain bouscule dans une montée tremblante. Un pont suspendu à quelques notes de guitare et une batterie caressée subtilement ramène à la ritournelle puis au refrain plein d'émotions.
La vérité, on est secoués!
Plage suivante. Une intro électro, à légères vibrations, cache un hommage à Bruce Springsteen. Quand la guitare arrive discrètement, on sait, de suite, à quoi, à qui, on a à faire.
La voix n'en rajoute pas, l'instrumentation se suffit sobrement à elle même.
La boite à rythmes obsède tout au long du morceau mais les guitares mènent la danse dans une humanité sensible en phase avec les paroles.
'Dancing in the dark' sur ce sommet sidéral, ça a de la gueule!
Au suivant. Une nappe de clavier poussée par un roulement de batterie, ouvre pour des guitares curiennes presqu'épicuriennes. 'Wild at heart' nous transporte dans une histoire d'amour à la David Lynch.
La mélodie vole à la pointe d'une épée et à la fin de l'envoi, elle touche. Gracieuse et légère, elle explose dans une poussière d'étoiles.
'Sky is something new' enchaîne sur un rythme martial, allégé par un clavier aérien. La mélopée berce dans un trip progressif à réverbération. Le refrain emphase et libère le cœur pour un voyage astral.
Au passage, la voix lit un journal sur un rythme contrebraqué avant de se laisser aller à la découverte.
Ciel! De nouvelles étoiles!
'Amor Bay' surprend par la chaleur de son balancement serein ('don't worry'). Le clavier gonfle un lit de nuages sur lesquels jouent une basse sautillante et une batterie dansante.
La voix glisse doucement comme sur la laine. Des chœurs angéliques s'envolent et laissent monter le rythme, irréprochable, dans des plaisirs chorégraphiques.
Au détour du 7è titre 'Vapoline', une note de moniteur cardiaque alerte un rythme syncopé, décalé par des éclairs de guitares.
L'urgence du morceau tendu et le cynisme dégagé ('Let's try this brand new car' aux allures de 'You really like my limousine' feat. Kiss dans 'Do you love me') me font penser aux Craftmen Club (chauvinisme; quand tu nous tiens!)
Est-ce l'intonation de la langue anglaise? On ne reconnait pas la voix de la Maison Tellier mais on se souvient de celle des Simple Minds.
'Out of luck' Pas de pot! Au fond d'un marasme ambiant, la batterie joue comme un tam-tam et appelle au secours un clavier lointain qui répond en écho.
La voix triste comme un animal cherche la sienne sur un ton monocorde 'looking for freedom and peace of mind' puis s'écorche en 'twist and shout' (peu beatlelien) à la criée.
La tension, à son comble, envoie des coups malsains et répétés et tire des sanglots.
Un passage en chœurs donne l'espoir de la rédemption mais c'est pour mieux plonger... au fond du trou... où tout s'arrête!
TRACKLISTING
Darkette
Shake Shake Shake
Dancing in the Dark
Wild At Heart
Sky Is Something New
Amor Bay
Vapoline
Out Of Luck