Emmanuel Macron : 43 ans en quarantaine

Publié le 18 décembre 2020 par Sylvainrakotoarison

" Le Président de la République a été diagnostiqué positif à la covid-19 ce jour. Ce diagnostic a été établi suite à un test RTPCR réalisé dès l'apparition de premiers symptômes. Conformément aux consignes sanitaires en vigueur applicables à tous, le Président de la République s'isolera pendant sept jours. Il continuera de travailler et d'assurer ses activités à distance. " (Communiqué de l'Élysée le jeudi 17 décembre 2020 peu avant 11 heures du matin).

L'information principale de la journée de ce jeudi 17 décembre 2020 a été l'annonce de la maladie du Président Emmanuel Macron. Il est contaminé, il a le covid-19 et par conséquent, il doit s'isoler. J'espère bien évidemment son prompt rétablissement et je souhaite que sa santé retrouve sa solidité d'avant. Parce qu'il est jeune et parce qu'il était en bonne santé, Emmanuel Macron a toutes les chances qu'il ne développe pas la forme sévère de la maladie, tout le monde le lui souhaite. Mais même la forme "douce" est traumatisante. Elle laisse des séquelles plus ou moins durables. Le Ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire l'avait évoqué sur France Inter le 29 septembre 2020, lui-même atteint à l'époque et grand sportif, il déplorait son impossibilité de reprendre le jogging...
Pour le Président de la République, l'année 2020 était déjà pourrie : gérer une crise sanitaire d'une telle ampleur est le cauchemar de tous les dirigeants du monde. Il la finira pourrie. Son anniversaire, son 43 e anniversaire le 21 décembre prochain ? Isolé ! Le 24 décembre ? Isolé, enfin, peut-être son dernier jour d'isolement.
À court terme, on recherche tous ses cas contacts. Et ils sont nombreux. Des déjeuners, des dîners... On apprend ainsi que Jean-Luc Mélenchon a dîné allègrement avec Emmanuel Macron cette semaine, dans la salle des fêtes du Palais de l'Élysée. Avec une cuillère suffisamment longue pour ne pas être considéré comme un cas contact. Mais beaucoup le sont néanmoins : le Premier Ministre Jean Castex, le Président de l'Assemblée Nationale Richard Ferrand, ce dernier comme un retour de manivelle après avoir voulu stupidement culpabiliser ceux qui ont été contaminés par manque de sens des responsabilités, François Bayrou aussi, etc.
Et comme les sept derniers jours d'Emmanuel Macron ont été très européens, le Premier Ministre espagnol s'est mis en isolement, le Premier Ministre du Portugal aussi, le Président du Conseil Européen, etc. La Présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen n'est pas considérée comme cas contact car elle a rencontré Emmanuel Macron il y a trop longtemps pour qu'il soit contagieux à l'époque.

Emmanuel Macron supercontaminateur européen ? Mais qui dit que ce ne sont pas justement un homologue européen qui lui aurait refilé le virus ?
Concrètement, le pouvoir n'est pas aux abois et les moyens technologiques actuels permettent la continuité de l'action présidentielle et plus généralement, de la politique nationale de la France. Après tout, quatre ministres au moins ont déjà été contaminés, Franck Riester (à l'époque à la Culture), Brune Poirson, Emmanuelle Wargon et Bruno Le Maire.
On en est venu à parler de responsabilité et d'imprudence présidentielle. S'il y a bien un chef d'État à avoir été prudent avec les gestes barrières, avec le masque, avec les mains lavées au gel hydroalcoolique à la moindre occasion, c'est bien Emmanuel Macron. Au contraire de ses homologues Donald Trump, Jair Bolsonaro et même Boris Johnson, lui a toujours considéré avec sérieux la pandémie de covid-19 qui fait actuellement au moins 12 000 décès dans la seule journée du 17 décembre 2020, dont au moins 300 en France (plutôt 450 si l'on tient compte des décès en EHPAD).
Manque de prudence ? C'est ne rien comprendre au virus. Respecter les gestes barrières, c'est réduire les risques de contamination, pas les supprimer totalement, et d'ailleurs, rappelons inlassablement : mettre un masque, ce n'est pas se protéger soi-même, c'est protéger les autres. Il suffit qu'une personne qui l'a approché soit un peu "négligente" pour faciliter la contamination. Cela signifie surtout que le virus circule avec forte amplitude. Plus de 18 000 nouveaux cas dans la journée, il y a hélas une remontée incontestable de l'épidémie qui va se retrouver dans les services de réanimation dans quelques semaines.
La seule chose qu'on peut dire à ce stade de l'information, c'est qu'Emmanuel Macron est comme les autres, il retrouve le sort de millions de Français qui ont été contaminés avec cette inquiétude, probablement pas pour lui, mais pour son entourage, en particulier son épouse Brigitte Macron dont il s'est séparé pour sa période d'isolement. Celle-ci en effet peut faire partie des personnes vulnérables.
Cela montre aussi que le meilleur moyen de freiner la circulation, c'est de réduire ses contacts sociaux : moins on rencontre de personnes différentes dans la journée, plus faible est le risque de se faire contaminer. Évidemment, et là est la différence avec les citoyens ordinaires, il est normal qu'un Président de la République rencontre de nombreuses personnes dans son action. Personne n'accepterait qu'il reste cloîtrer dans un bunker en attendant que l'épidémie passe. C'est aussi cela le service des autres, prendre soi-même des risques pour assurer la continuité de l'État.
Les résultats probants du confinement vont dans le même sens : c'est la rencontre avec les personnes qui renforce la propagation du virus, ce qui est très logique d'ailleurs. Cela démontre aussi l'importance d'une solution vaccinale qui permettrait d'atteindre, en automne 2021, l'immunité collective si impossible d'atteindre actuellement (le taux de reproduction R0 est en train d'exploser après une forte baisse, probablement depuis la réouverture de magasins pour les achats de Noël).
Sur les plateaux de télévision, les journalistes et éditorialistes ne semblent toujours pas avoir compris les mécanismes de la contamination après onze mois de sévère pandémie et deux vagues. Quand Jean Castex explique qu'il vient de se faire tester négatif mais comme cas contact, il reste isolé et se refera tester dans une semaine, c'est effectivement sage, mais le premier test ne sert à rien. Aux premiers jours d'une contamination, on n'a pas de charge virale et donc, on ne peut pas détecter le virus. Ce qui est important, et c'est là la difficulté de ce virus sournois, qui a surpris en mars 2020, c'est que la charge virale ne croît qu'à partir du cinquième au dixième jour après la contamination. Il faut encore quelques jours pour ressentir les premiers symptômes de la maladie. Pendant deux ou trois jours, on peut donc contaminer son entourage sans savoir qu'on est contagieux parce qu'on se croit (encore) en parfaite santé.

C'est ce mécanisme que le docteur Rémi Salomon, qui a reconnu avoir un peu exagéré en recommandant, il y a quelques jours, d'installer les grands-parents à la cuisine lors du repas de Noël et de couper la bûche en deux. C'était trop simpliste et trop infantilisant, mais pourtant, c'est bien là le problème.
Hélas, dans les hôpitaux, beaucoup de médecins ont pu constater un grand nombre de décès de personnes âgées à la suite d'un repas familial. Cette fête de Noël, c'est là l'enjeu sanitaire du pays, il est énorme, c'est que ce repas de Noël ne soit pas la dernière occasion de revoir ses grands-parents. Pour cela, il faut être d'une extrême vigilance.
Si l'on se fait faire un test de dépistage plus de 24 heures avant une rencontre familiale, cela n'empêchera pas forcément de contaminer sa famille car la charge virale peut exploser au bout de quelques jours. Pour être sûr de ne pas être contagieux, il faut faire un test moins de 24 heures avant le repas, ce qui signifie qu'il est techniquement impossible de le faire, de tester 67 millions de personnes en quelques heures. Cette idée du test qui veut rassurer donne une fausse idée de la réalité virale. Cela rassure faussement.
Quant à la maladie d'Emmanuel Macron, il n'a pas fallu quelques heures pour que les complotistes, lâchement derrière leur écran sous un faux anonymat, émettent des doutes stupides sur sa réalité et affirment que c'est pour mieux convaincre de se faire vacciner. Le vaccin, ou plutôt, les vaccins seront de plus en plus acceptés au fur et à mesure que la campagne de vaccination se déroulera. Là n'est pas le problème et le gouvernement, en restant très prudent et vigilant, a d'ailleurs fait preuve d'une communication très efficace. Comme ses partenaires européens, la France devrait commencer sa campagne de vaccination le 27 décembre 2020, après une approbation des autorités de santé le 21 décembre 2020.
Ce qu'il faut bien comprendre, et Emmanuel Macron n'y est pour rien, malade ou pas malade, c'est que l'hécatombe va hélas continuer. Le seuil de 60 000 décès va hélas probablement être dépassé dès ce vendredi 18 décembre 2020. Des milliers voire dizaines de milliers de personnes encore vont perdre leur vie à cause de ce virus si agressif. Pas un seul jour de retard ne peut être toléré pour commencer une campagne de vaccination. Ce sera comme la sécurité routière, ceux qui resteront en vie ne sauront pas qu'ils ont été sauvés par ces mesures sanitaires et salutaires. Déjà plus d'un million de personnes sont touchées en France par la perte d'un être cher mort du covid-19. Il est temps que cela s'arrête.
Mille vœux de guérison à Emmanuel Macron, en guise d'anniversaire !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (17 décembre 2020)
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Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron : 43 ans en quarantaine.
Écologie : un référendum, pourquoi pas ?

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