Wanted

Par Franck Aniere

Pour les fiches de lecture, je sépare en deux parties : un petit résumé de ce que je pense du livre, sans aucune révélation. Pour l’article plus détaillé, donc susceptible de contenir des révélations sur l’épisode, il faudra cliquer sur le lien en bas de ce résumé.

Intrigué par ce volume Delcourt qui trône en bonne place chez tout bon vendeur de BD (vu qu’une adaptation au cinéma vient de sortir), je me suis un peu renseigné sur son contenu (et je l’ai même brièvement feuilleté). Intéressé par son histoire et motivé par les avis enthousiastes de lecteurs sur le forum de Marvel France, je me suis décidé à le prendre. Il faut dire aussi que c’est une histoire de Mark Millar, et comme j’aime beaucoup son travail, c’était tentant.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que cet album décoiffe. L’histoire n’est que le prétexte à un véritable défouloir de l’auteur et un moyen de caser un nombre très élevé de grossièretés. C’est indiscutablement une lecture pour adultes, même si ça n’est pas aussi gore que Preacher.

J’ai bien aimé cet album, qui se lit très bien et dont l’histoire est très bien servie par un bon dessin.A ce qu’on m’a dit, l’histoire est très différente du film (en mieux !), donc si vous recherchez une version papier du film vous pouvez passer votre chemin

Une bonne lecture donc, mais je vous conseillerais quand même d’y jeter un oeil avant l’achat pour être sûr que ce style un peu à part vous plaira.

Wesley Gibson mène une existence minable semblable à des millions d’autres jusqu’à ce qu’il découvre que son père. Le Tueur est à la tête d’une société de super-vilains et dirige secrètement le monde depuis 1986. Intégré à cette nouvelle famille de “sang” après le meurtre de son père, Wesley découvre le monde tel qu’il ne l’avait jamais vu et tel qu’il est appelé à diriger, en digne héritier du Tueur.

A la lecture de ce résumé (qui m’a tenté tout de suite), puis en lisant cet album, j’ai eu la curieuse impression d’avoir affaire à un “Invincible” à l’envers. En effet, dans cette autre série le personnage principal devient un super-héros et apprend comment ces derniers (et surtout son père) protègent la planète. Ici le personnage principal devient un super-vilain et apprend comment ces derniers (surtout son père) dominent la planète. Le parallèle inversé est donc évident, y compris au niveau du traitement : tandis qu’Invincible est une sorte d’hommage aux comics super-héroïque, Wanted se moque ouvertement du genre (surtout sur le final, le plus audacieux qu’il m’ait été donné de lire).

Wanted peut aussi être comparé à Hood (dont je parlais récemment), vu qu’il met en scène un jeune homme devenant un vilain et étant très heureux de l’être. Mais si Hood est quand même sympathique, Wesley Gibson est complètement antipathique. Wanted va beaucoup plus loin que Hood, qui reste classique dans son traitement.

Après ces comparaisons, passons à Wanted en lui-même. Ce récit est un véritable défouloir de Mark Millar, où il s’amuse à faire l’apologie des super-vilains et à piétiner les existences “normales”. Wesley a une vie qu’on pourrait qualifier de classique : un travail médiocre, une relation frustrante avec sa petite amie et un tempérament d’hypocondriaque. Mais une fois qu’il apprend qui était son père, il apprend à envoyer totalement valser cette existence pour en embrasser une totalement différente. Si on prenait ce récit au premier degré, on pourrait y voir une simple apologie du crime et de la vie facile, mais l’histoire n’est qu’un simple prétexte pour introduire des situations complètement décalées (et un maximum de gros mots) et des parodies de personnages de comics.

L’idée de super vilains ayant fait totalement disparaitre les super héros et régnant secrètement sur la Terre est intéressante et bien traitée. Les clins d’oeils aux super héros en questions sont d’ailleurs amusants et suffisamment clairs pour être saisis du premier coup.

Le coup de théâtre final est en tout cas bien surprenant (je ne vais pas gâcher la surprise), quant au final de l’album il est d’une audace extrème. C’est bien la première fois que je vois un auteur qui se moque ouvertement du lecteur par le biais de son personnage principal.

Cet album m’a plu par son côté défouloir. On a tous dans notre quotidien des choses qui nous déplaisent (sur le plan personel ou professionnel) mais on doit les encaisser parce que notre société n’est pas tendre avec les pétages de plombs. Lire les aventures d’un personnage banal qui finalement remet sa vie en question et en change totalement, ça défoule D’autant que le ton employé est très drôle, pour peu qu’on soit réceptif à l’humour noir et au cynisme de Millar.

Quant au dessin, il colle parfaitement au récit : pas académique du tout mais efficace.