De là, de la paume de cette main

Par Vertuchou

De là, de la paume de cette main appuyée contre la paume de la sienne, de leurs doigts entrelacés et du poignet qui touchait le sien, quelque chose émanait, de cette main, de ces doigts et de ce poignet, vers les siens, quelque chose d'aussi frais que le premier souffle qui vient à vous sur la mer en ridant à peine sa surface miroitante, d'aussi léger qu'une plume qui frôle votre lèvre ou qu'une feuille qui tombe dans l'air immobile; une impression légère née du seul contact de leurs doigts, mais qui s'exaltait, s'intensifiait tellement et devenait si insistant, si aigu et si fort par la pression de leurs doigts, de leurs paumes et de leurs poignets serrés l'un contre l'autre que le jeune homme croyait sentir un courant lui monter le long du bras et lui pénétrer le corps d'un poignant désir.

Ernest Hemingway,  Pour qui sonne le glas

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