94 % des foyers français contaminés aux pesticides

Publié le 24 juillet 2008 par Terredefemme


Nous sommes de plus en plus conscients de la dégradation de l’environnement qui nous entoure. Pourtant, nombre de gens restent persuadés que cette pollution s’arrête aux murs de leur maison. Un présupposé contré par de récentes études d’évaluation de la qualité de l’air, lesquelles démontrent que celle-ci est « souvent plus mauvaise à l’intérieur qu’à l’extérieur ».
Fort de ce constat, l’Ineris (Institut National de l’EnviRonnement industriel et des rISques) a initié en 2006, en collaboration avec la Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de l’Université Paris V, le projet Expope. Ce programme a pour objectif d’évaluer l’exposition en milieu intérieur des enfants, marge de la population particulièrement vulnérable, à une classe spécifique de polluants : les pesticides. Ces derniers, notamment avec la propagation des produits d’entretien et d’hygiène corporelle, se sont immiscés dans l’univers quotidien et sont, par conséquent, bien plus proches de nous que nous le soupçonnons.
  L’enquête a examiné les cas de 130 enfants d’Ile-de-France fréquentant des écoles élémentaires réparties dans trois zones distinctes, respectivement situées en petite couronne de Paris, en Essonne et dans le Val d’Oise. Tous âgés de 6 à 7 ans, 73 de ces sujets vivent en pavillon contre 57 qui habitent en appartement.
Pour mener à bien cette étude, les examens réalisés ont pris diverses formes. Basés sur un questionnaire initial, ils ont consisté en des prélèvements d’air et de poussières déposées au sol des domiciles. Dans une seconde mesure, le « biomonitoring humain » (BMH), outil permettant de contrôler l’exposition humaine aux polluants environnementaux via l’analyse de tissus ou liquides organiques, a tenté d’établir des liens entre les enfants et le lieu dans lequel ils évoluent. Il s’est essentiellement intéressé à la présence de résidus cutanés sur les mains et à des recueils d’urines.


La 'protection' et les revêtements de surfaces (peintures, insecticides, vernis, colles, etc.) font partie des principales sources de pollution intérieure, sans oublier les traitements apportés sur les plantes En ce qui concerne les taux de pesticides décelés au sein des domiciles, les résultats ont été plutôt édifiants. Dans 94 % des cas, au moins un type de pesticides a été trouvé dans le domicile. Sur ce total, il s’agissait à 93 % d’un insecticide, à 32 % d’un herbicide et à 30 % d’un fongicide.
Parmi les substances les plus fréquemment dépistées dans l’air, on compte le propoxur (44 % des logements), l’alpha-HCH (1) (49 %) et le lindane (2) (88 %), ce dernier étant aujourd’hui interdit d’utilisation en France du fait de son importante toxicité pour l’organisme humain.
Afin de déterminer les facteurs favorisant la présence de ces polluants, l’Ineris a mis en avant des liens de cause à effet entre le milieu intérieur ambiant et les taux relevés. Il a ainsi été démontré que le type et l’ancienneté du logement avaient une incidence sur les concentrations aériennes en lindane et en alpha – HCH. En revanche, pour le propoxur, substance insecticide, le fait d’habiter une maison est la principale variable. Enfin, une corrélation étroite a été établie entre les niveaux constatés de résidus cutanés d’insecticides organophosphorés (3) et la saisonnalité, le type de logement et la présence plus ou moins importante de plantes à l’intérieur de la maison.

Alors qu’un français passe en moyenne 22 heures sur 24 en espace clos ou semi-clos, ce rapport est réellement préoccupant. D’autant que la situation ne devrait pas aller en s’arrangeant avec l’utilisation massive de détergents en tous genres, lesquels foisonnent de substances chimiques dont on ignore encore le degré réel de toxicité.

Cécile Cassier


 1- L’alpha-HCH ou alpha-hexachlorocyclohexane, est un isomère du lindane. Cela signifie que ces deux substances sont issues d’une composition élémentaire identique mais qu’elles ont néanmoins développé des propriétés physiques, chimiques et biologiques différentes.
2- Le lindane est un insecticide dont la commercialisation a débuté en 1938. Légalement interdit en France, il était utilisé dans le traitement des sols, des semences, la protection du bois d’œuvre, le traitement anti-parasitaire des animaux ou encore dans le traitement de la gale humaine. C’est une neurotoxine suspectée d’être cancérigène et de perturber le système endocrinien.
3- Un composé organophosphoré (OPs) est un composé chimique organique qui contient du phosphore.
Source: Univers Nature