Il y avait pourtant le nouvel album des Tindersticks cette semaine-là. Mais c'est cette chanteuse inconnue qui a emporté la modeste mise de mon disque de la semaine. Lael Neale est originaire de Virginie, elle y a grandi dans une ferme, loin de la ville et de ses lumières. "Acquainted With Night" est son deuxième album, six ans après le précédent. Comme son nom l'indique, c'est un album à écouter le soir, dans le calme, juste avant de s'endormir, juste avant d'éteindre. Les chansons de Neale sont de jolies comptines, sobrement arrangées avec un omnichord, ce drôle d'instrument japonais des années 80, l'équivalent électronique et kitsch de l'autoharpe. Elle a pour cela été aidée par Guy Blakeslee, fidèle compagnon d'armes, qui officiait autrefois sous le pseudo de Entrance mais qui vient de sortir, il y a quelques semaines, un disque sous son vrai nom. Les deux partagent les 4 clés Télérama (ici et là) et surtout la même capacité à composer des douces mélodies pop au charme ensorcelant. Pour Lael Neale, on pense à Mazzy Star, à Beach House, à ces artistes qui savent toucher avec des petits riens, avec délicatesse. C'est ce qu'on appelle le talent à l'état brut. Un beau diamant qui valait en tout cas, pour moi, bien la nouvelle production (un brin décevante) des Tindersticks.