Le confinement bureaucratique et l’asservissement des masses

Publié le 22 mars 2021 par H16

En France, on dit que nul n’est censé ignorer la loi. Mais pour l’exécutif et en toute franchise, une bonne louche de confusion ne nuit pas et l’actuelle gestion de la pandémie l’illustre assez bien.

Progressivement, ce qui était une crise épidémique s’est transformé en crise sanitaire puis, par l’enchaînement de décisions brouillonnes et contradictoires, en crise sociale mettant essentiellement en exergue la désorganisation complète du système public de soins français, noyé ces dernières années dans une bureaucratie véritablement kafkaïenne et hors de tout contrôle que l’urgence et la situation exceptionnelle auront complètement mis à bout de souffle.

La dernière salve de restrictions montre assez bien l’ampleur du phénomène.

Tout comme en novembre où le chef de l’État évoquait des centaines de milliers de morts en décembre – qui ne furent pas au rendez-vous – puis comme en février où les épidémiologistes de plateau télé nous expliquaient qu’une absence de confinement signifierait une explosion de décès pendant tout le mois de mars, là encore non suivi d’effets, on nous explique à présent que, ça y est, c’est garanti sur facture, on va tous mourir plus tôt que prévu, là, dans les jours qui viennent. Il faut donc absolument reconfiner.

Mais attention ! Avec une population de plus en plus fébrile, une économie de moins en moins apte à encaisser un nouveau choc, les autorités – pas trop compétentes mais aiguillonnées par le désir sinon de rester en place au moins de ne pas terminer en haut d’un lampadaire – doivent ménager une chèvre de plus en plus bourrique et un choux de plus en plus maigre.

Confinement il y aura donc, mais avec des petits aménagements.

Limitation du nombre de départements concernés, extension des horaires de couvre-feu, accroissement du rayon de promenade autorisée et des heures de visites au parloir, modifications substantielles des petits cerfas d’auto-humiliation, les règles du Koh-Lanta national changent à nouveau.

Les choses auraient pu être claires et simples mais rassurez-vous, nous sommes en France et la tradition des usines à gaz bureaucratiques ayant permis les magnifiques succès que nous avons rencontrés jusqu’à présent, il aurait été impossible d’imaginer une nouvelle salve de cerfas sans en passer par les mêmes procédés, quitte à renommer ce nouvel épisode de vexations nationales « Troisième Voie » pour en camoufler tout le côté ubuesque (en espérant que la prochaine tentative ne sera pas renommée « Longue Marche » ou « Grand Bond En Avant » ce qui n’étonnerait pas tant que ça au train où vont les choses).

Les annonces faites, les rédactions de la presse se sont immédiatement mobilisées pour décrypter le sabir gouvernemental. Comme d’habitude, il y a eu du travail et le résultat est à la hauteur du magistral bordel qui nous fut livré.

Passant d’un confinement pas trop strict à, finalement, un confinement plutôt strict mais aménagé par le truchement du vocable pudique « mesures de freinage », il a fallu détailler une nouvelle bordée de contraintes, les départements concernés, les limites en espace et en temps qui changent encore, à nouveau lister les commerces estampillés essentiels et ceux qui ne le sont pas – cette fois-ci, les coiffeurs sont épargnés, parce que, parce que bon voilà quoi, comme les chocolateries (après tout…) – détailler la nouvelle auto-flagellation numérique indispensable pour éviter l’indigestion de fruits de saison (prune et amendes) avant d’en annuler l’obligation, et le tout pour reconnaître, du bout des lèvres, que tout ceci ne rime pas à grand-chose de scientifiquement étayé notamment concernant les confinements (dont il a été largement montré depuis qu’ils ne servent à rien).

En somme, tout montre à présent que la gestion d’une maladie, qui relève avant tout et exclusivement du domaine médical et devrait se cantonner aux relations entre des patients et des médecins, est maintenant entièrement dans les mains de l’administration, devenue folle. Et pour faire bonne mesure, c’est apparemment l’administration fiscale et le code du même tonneau qui ont servi de schéma directeur à la gestion sanitaire.

Les Français encore lucides comprennent évidemment que la souplesse fiscale appliquée à la gestion de la santé va forcément faire des étincelles : plus personne n’est capable de comprendre ce qui est autorisé ou non, ce qui est possible ou pas. C’est devenu une telle usine à gaz, avec un nombre si invraisemblable de tubulures chromées gigotant dans tous les sens qu’une vache n’y retrouverait plus ses chatons pendant que les hirondelles volent bas.

La lecture du décret du deuxième confinement, qui ne manquera pas d’être actualisé à la grosse truelle législative dans les prochaines heures, est parfaitement édifiante : grâce à des douzaines d’articles (57 en tout !), on met en place un véritable régime d’autorisation, listant avec cette minutie et cette précision que certains Teutons expéditifs n’auraient pas renié, tout le reste étant interdit (allez lire l’article 37 par exemple, c’est croquignolet).

En définitive, tout est maintenant à la solde du pire dévoiement de l’administration bureaucratique hiérarchisée, tatillonne et procédurière et son « modèle » est transposé partout. Les énarques français, sans freins ni lois, ivres du pouvoir exceptionnel conféré par une situation exceptionnelle, ont appliqué sans vergogne les pratiques (calamiteuses) de l’administration fiscale, pourtant tellement complexes et raffinées que plus personne ne sait exactement comment elle fonctionne réellement, et qui ne peut être compris – coïncidence habile – que par des bureaucrates spécialistes qui s’expriment sur le sujet comme des oracles ou des grands prêtres.

Certains, naïfs, croient encore qu’il y a un but à ces complexifications, ces bricolages et ces empilements législatifs, à ces grand-messes médiatiques où les Oracles Sanitaires nous distribuent leurs vérités.

Quelques autres, plus réalistes, ont compris que tout ceci ne servait qu’à entretenir une situation qui leur est directement profitable et qu’ils n’entendent donc absolument pas arrêter. Ces réalistes, peu nombreux et peu écoutés, se rendent bien compte que cette transformation de la politique sanitaire en machin bureaucratique sans queue ni tête n’est pas un accident, mais bien un dessein, un but en soi par lequel une petite caste tente d’asservir toute la société.

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