Les douze apôtres qui ont tué Dieu

Publié le 25 juillet 2008 par M.


Le premier c’était mon père. Mais je n’ai pas envie d’en parler. De toutes façons, il n’y a rien à en dire, je ne le connais pas. Je sais qu’il s’appelle Luc Dumont, qu’il vit à Paris et travaille dans l’informatique. Enfin, aux dernières nouvelles, il y deux ans. Il ne m’a pas élevée, il ne m’a pas aimée mais je ne lui en veut pas, à sa place je ne me serais pas aimée non plus.


Le second s’appelait Jean-Pierre, c’était notre voisin lorsque maman et moi vivions à la campagne. Il avait une ferme avec des poules et des lapins, et une très gentille femme en fauteuil roulant. Maman me déposait chez eux le mercredi après-midi, parce qu’elle travaillait. Je donnais à manger aux animaux, j’aimais beaucoup ça, surtout les lapins, ils étaient doux et si mignons. Mais je n’aimais pas beaucoup Jean-Pierre. Il était gentil mais souvent il m’obligeait à le suivre dans la grange, et à… faire des choses que l’on ne fait pas faire à une petite fille de 10 ans.

A 12, j’ai tout raconté à maman. Nous avons déménagé.


Le troisième avait 18 ans et moi 14, il devait m’emmener voir un film mais du cinéma je n’ai vu que le parking.


Le quatrième, le Docteur Bertrand, m’a aidée à avorter quelques semaines après.


Le cinquième, encore un Docteur, Henri Laval, mon psy. Mes thérapeutes suivant furent des femmes.


Le sixième… Je l’aimais, le sixième. Il s’appelait Sébastien, il était beau et très drôle, mais aussi très malheureux. Il buvait un peu trop parfois, ça le rendait violent. La première fois qu’il a levé la main sur moi, je n’ai pas vraiment compris. Et puis il s’est mis à pleurer tellement fort, il semblait tant regretter son geste… Notre histoire de coups, euh, de coeur, a duré deux ans.


Le septième m’a juste brisé le coeur. J’aurais préféré le nez.


Le huitième s’appelait Clément, mais il ne l’était pas vraiment. Il m’a appris des trucs déments, au lit je veux dire, puis il a voulu que je m’entraîne avec ses amis alors je me suis sauvée.


Le neuvième, c’était mon boss, quand je travaillais comme caissière au supermarché. Il m’a promis une promotion si je le suçais, il n’était pas moche alors j’ai accepté. Je n’ai pas eu de promotion, mais j’ai été virée. Mes amis m’ont dit que je n’aurais pas dû le laisser s’en tirer. Peut-être, mais je l’avais sucé, il ne m’avait pas forcée. Bref. C’est fait, c’est fait. Et des douze, c’est sans doute à lui que j’en veux le moins.


Le dixième c’est mon petit frère qui s’est foutu en l’air dans un accident de voiture, il venait de fêter ses 18 ans.


Le onzième m’a refilée une hépatite. Il me trompait sans prendre ses précautions, le con, et moi je lui faisais confiance, la conne. Mais maintenant ça va, c’est soigné, ne vous inquiétez pas.


Le douzième… Il était marié. Et d’autres choses encore. Il était surtout mon grand amour, le seul dont je n’ai jamais pu guérir. Aujourd’hui encore, je l’aime autant que je lui en veux.


L’homme est une sale race.

Et si Dieu est un homme, qu’il aille aux Diable et qu’il emporte ses apôtres.