COVID-19 : Non le variant britannique n'est pas plus virulent

Publié le 14 avril 2021 par Santelog @santelog

2 études, publiées dans le Lancet Infectious Diseases et dans le Lancet Public Health, n'identifient aucune preuve que les personnes infectées par la variante « britannique » du B.1.1.7. développent une forme ou des symptômes plus sévères de la maladie, ou encore un COVID long. Une étude observationnelle de patients traités dans les hôpitaux de Londres, publiée dans le Lancet Infectious Disease, conclut que la variante « britannique » B.1.1.7. est bien plus transmissible mais n’entraîne pas une maladie COVID-19 plus sévère ou un risque de décès plus élevé. Cependant, les chercheurs anglais constatent avec la variante, une charge virale plus élevée, ce qui contribue à rendre la lignée plus transmissible que la souche COVID-19 originale. Dans le Lancet Public Health, l’analyse des données enregistrées par 37.000 utilisateurs britanniques, sur une application permettant d’autodéclarer ses symptômes COVID-19, révèle que l’infection par B.1.1.7. ne semble pas modifier pas significativement les symptômes, les complications ou la durée de la maladie.

Les auteurs reconnaissent que ces résultats diffèrent de ceux d’autres études et suggèrent de poursuivre les recherches et une surveillance continue des variantes du COVID-19. Les 2 études concluent cependant à une charge virale plus élevée avec l’infection par «B.1.1.7. » qui explique un taux de reproduction R plus élevé. Alors que l'émergence des différentes variantes a fait craindre une propagation et une mortalité accrues et une moindre efficacité des vaccins, ces données préliminaires sur B.1.1.7. peuvent rassurer.

Enfin, les 2 études menées sur une période comprise entre septembre et décembre 2020, lorsque B.1.1.7. émergeait et se diffusait en Angleterre, mais que le virus d'origine était toujours en circulation, apportent des informations clés qui peuvent permettre d’optimiser les stratégies de santé publique.

Une augmentation de la charge virale mais pas de la sévérité

La première recherche, publiée dans le Lancet Infectious Diseases est une étude de cohorte et de séquençage du génome entier impliquant des patients COVID-19 admis à l'University College London (UCL) Hospital et au North Middlesex University Hospital entre le 9 novembre et le 20 décembre 2020, alors que la souche originelle et l'original et B.1.1.7. des variantes circulaient à Londres et que la vaccination ne faisait que commencer. Les chercheurs ont comparé la sévérité de la maladie chez les personnes avec et sans B.1.1.7 et calculé la charge virale. 341 patients ont passé des tests COVID PCR séquencés,

  • 58% (198/341) avaient la variante B.1.1.7
  • 42% (143/341) une autre souche non-B.1.1.7.
  • L’analyse n’identifie aucune preuve d’association entre le variant B.1.1.7 et une sévérité accrue de la maladie ;
  • 36% des 198 participants avec B.1.1.7. ont développé une forme sévère ou sont décédés vs 38% (53/141) des participants « non B.1.1.7. » ;
  • Si plus de patients avec B.1.1.7 (44%) ont reçu une oxygénothérapie vs 30% des partiocipants avec autre varian,
  • 16% des participants avec B.1.1.7. sont décédés dans les 28 jours vs 17% des participants infectés par une autre souche ;
  • les patients avec la variante B.1.1.7. ont tendance à être plus jeunes et à appartenir à des minorités.

Et sur la transmissibilité de B.1.1.7. ? Les auteurs ont analysé les données générées par test PCR pour évaluer la charge virale ou quantité de virus dans le nez et la gorge de chaque participant. L’analyse confirme que les échantillons avec B.1.1.7 contiennent de plus grandes quantités de virus que les échantillons non B.1.1.7..

Ainsi, les chercheurs concluent que les infections à B. 1.1.7 sont associées à une augmentation de la charge virale et confirment une hypothèse mécaniste selon laquelle l'augmentation de la transmissibilité est liée à l’augmentation de l'excrétion respiratoire. La gravité de la maladie et les résultats cliniques entre les patients B.1.1.7 et non B. 1.1.7 ne semblent pas différer.

La deuxième étude publiée dans le Lancet Public Health a analysé les données autodéclarées de 36.920 utilisateurs de l'application COVID Symptom Study, des utilisateurs testés positifs au COVID-19 entre le 28 septembre et le 27 décembre 2020. Les résultats des tests et les rapports de symptômes soumis via l'application ont été combinés avec les données de surveillance du COVID-19 UK Genetics Consortium et du Public Health England, pour examiner les associations entre la proportion de B.1.1.7. le nombre d’infections et les symptômes, la durée de la maladie, le taux de réinfection et la transmissibilité. L’analyse confirme à nouveau l'augmentation de la transmissibilité et montre que :

  • la circulation de B.1.1.7. est bien freinée par la distanciation et le confinement, et ne semble pas échapper à l'immunité acquise par l'exposition au virus d'origine.
  • L’analyse ne révèle aucune association statistiquement significative entre la proportion de B.1.1.7. en circulation et la sévérité, le nombre ou la durée des symptômes. Ainsi,
  • la proportion de personnes ayant subi un COVID long ne semble pas modifiée par B.1.1.7. ;
  • le taux de réinfection reste faible, de l’ordre de 0,7% et n’est pas modifié par la circulation de B.1.1.7. ;
  • à nouveau, le nombre de reproduction global, ou « R » apparaît augmenté, de 35% environ. Une estimation similaire à celles d'autres études ayant examiné la transmissibilité de la variante.

Les résultats de cette deuxième étude suggèrent que, bien qu’elle se propage plus facilement, la variante ne modifie pas le type ou la durée des symptômes ressentis. B.1.1.7 semble donc avoir augmenté la transmissibilité, ce qui a contribué en grande partie à la forte augmentation des cas au Royaume-Uni au cours de la période d'étude mais ne semble pas avoir accru la sévérité de la maladie.

Sources:

Plus sur le Variant britannique B.1.1.7

Équipe de rédaction SantélogAvr 14, 2021Rédaction Santé log