Cameroun – Péril : Le Grand Mall va-t-il fermé ?

Publié le 28 avril 2021 par Tonton @supprimez

Un administrateur provisoire vient d’être désigné alors que les deux camerounais partenaires au projet s’affrontent en justice.

Présenté comme un projet exemplaire et inauguré le 17 décembre 2020 à Douala, par le Premier Ministre Joseph Dion Ngute, le centre d’affaires « Douala Grand Mall » a déjà du plomb dans l’aile. L’on vient d’apprendre que la société civile immobilière Craft development, de Mathurin Jidjouc Kamdem, promoteur du Douala Grand Mall est attaqué en justice par son partenaire Valère Tchoumtchoua qui l’accuse d’avoir maquillé ses comptes pour simuler une faillite. C’est une annonce légale publiée dans les colonnes du quotidien Cameroon Tribune qui a mis la lumière sur cette affaire. « Le public est informé que par jugement civil N° 200/CIV rendu le 20 mars 2021 par le tribunal de grande instance du Wouri à Douala, statuant en chambre civile, en premier ressort, en formation collégiale et à l’unanimité, la société civile immobilière Craft development ayant pour gérant Jidjouc Kamdem Mathurin a été mise sous administration provisoire et Ngoua-Elembe Hiob, expert judiciaire agrée a été désigné administrateur provisoire », peut-on lire dans le document signé le 20 avril dernier.

80 milliards de FCFA d’investissements

A l’évidence, avec cette administration provisoire décidée par la justice, c’est l’entreprise qui est menacée dans son essence du fait des positions jugées « irréconciliables », entre deux entrepreneurs issus de deux villages voisins de la Région de l’Ouest Cameroun. Selon de sources crédibles, tout l’art de l’administrateur provisoire est actuellement de tenter un rapprochement entre les deux parties en conflit pour éviter un procès qui serait autant ruineux pour les protagonistes que pour l’économie nationale. « On a affaire à une guerre d’égos et personne ne veut faire des concessions, or l’on est bien conscient qu’un mauvais arrangement est toujours préférable à un bon procès », indique une source proche de l’administration provisoire.

Douala Grand Mall est le plus important espace commercial de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac). Il est le fruit d’un investissement de plus de 80 milliards de FCFA, (environ 149 millions de dollars) dont plus de 50 milliards pour la première phase construit sur près de 38.000 m2 pour 18 500 m2 de surface commerciales. Avec déjà près de 80% de taux d’occupation, dont plusieurs entreprises locales et des filiales de multinationales, Douala Grand Mall se positionne comme un catalyseur pour les milieux d’affaires dans la sous-région.

Péril sur l’économie nationale

Au demeurant, un autre péril plane sur l’économie nationale du fait de l’implication dans ce projet commercial d’Actis, le fonds d’investissement britannique qui pourrait mal apprécier cette brouille entre fils du terroir susceptible de compromettre ses placements. Via leur financement, d’un montant total de 30 millions d’euros (près de 19,6 milliards de FCFA), Proparco et Société Générale Cameroun accompagnent le capital-investisseur Actis qui s’est engagé à hauteur de 92% dans le financement du Douala Grand Mall . Actis est un investisseur de premier plan sur les marchés émergents et détient 51% d’Eneo l’entreprise en charge de la distribution d’énergie électrique au Cameroun. Une mésaventure d’Actis sur le projet Douala Grand Mall pourrait forcer le départ du Fonds d’Investissements qui avait déjà clairement envisagé un désengagement d’Eneo il y a deux ans. Les enjeux de cette affaire dépassent donc le simple cadre d’une entente qui a mal tourné entre deux hommes d’affaires camerounais.

Hiondi Nkam IV