Ivo Andrić – Je marche encore

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Je marche encore comme si j’allais
à la rencontre de quelque chose, je regarde, je pense,
alors que devant moi tout n’est qu’inéluctable,
sans issue, sans sursis.

Pierre qui ne peut
que couler.
Rideau qui ne s’abaisse qu’une seule fois
et plus jamais ne se lève.
Histoire d’un oiseau dont on sait seulement
qu’il s’est envolé.

Il n’y a plus de vie, la mort n’arrive pas.
Incompréhensible, long, insupportablement long
destin de l’homme.

Belgrade, mai 1968

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Ivo Andrić (1892-1975)Poèmes serbes (Plato, 2002) – Traduit du serbe par Jean-Marc Bordier.