Députés et cadres

Publié le 25 juillet 2008 par Malesherbes
Leur tâche glorieuse accomplie, nos députés viennent de partir en vacances d’été. Ils ne reprendront le harnais qu’en septembre, ce qui leur assure neuf semaines de congés. Sur une année de 365 jours, déduction faite aussi de 104 samedis et dimanches, cela culmine à 365-104-45 soit 216 jours travaillés. Si l’on prend en compte les vacances dont ils bénéficient en d’autres saisons, ils se trouvent déjà très en dessous du précédent maximum de 218 jours travaillés censé protéger les cadres. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, je ne comprends pas très bien pourquoi ils ont éprouvé la nécessité de porter ce maximum à 235.

A la différence de certains de nos décideurs, je vais parler de ce que je connais. Lorsqu’une entreprise assure l’avant-vente, la vente et l’après vente de ses produits et services, elle peut être conduite à constituer des pôles de support. Lorsque les compétences requises sont diverses, il devient difficile de réaliser un maillage du territoire national. On est alors amené à implanter ces centres dans un petit nombre de métropoles régionales, voire de concentrer ces ressources en Île-de-France. Les cadres deviennent alors des nomades, par exemple le lundi à Bordeaux, le mercredi à Marseille et le vendredi à Strasbourg. Afin d’économiser les frais de déplacement, ils se trouvent embarquant des avions dès sept heures du matin pour retrouver leurs familles après vingt-et-une heures. Inutile de dire que, dans ces conditions, quarante heures hebdomadaires ont été effectuées dès le mercredi soir.
C’est pour cette raison que le temps de travail de certains cadres n’est pas décompté en heures mais fixé par un forfait-jours. Un cadre est corvéable à merci chaque jour où il est à son poste mais par contre il existe une limite au nombre de jours travaillés dans l’année. En reprenant le calcul opéré plus haut dans le cas de nos députés, les congés payés annuels étant de cinq semaines, on obtient le nombre de 365-104-25 soit 236 jours travaillés. Le 1° mai étant le seul jour férié qui soit chômé, nous voilà rendus à un maximum de 235 jours. N’en déplaise au menteur qui nous sert de Ministre du travail, une limite de 235 permet à toute entreprise, haut-lieu de la démocratie, d’interdire à ces cadres de bénéficier du moindre jour férié ou de RTT.
Ce gentil Monsieur Xavier Bertrand, au parler si doux et mielleux, nous explique savamment que cela ne changera rien. Eh bien, si cela ne change rien, pourquoi le fait-on ?