Une dent contre l'insomnie

Par Sheily

Réveil extrêmement difficile, après une nuit particulièrement courte. Une de ces nuits où je maudis les oreillers, la qualité de la couette, puis le silence de m’empêcher de dormir. Une de ces nuits où je remue en vain pour que l’homme sorte de son sommeil et me tienne compagnie en bavardant (voire plus si affinités). Une nuit qui précède une visite chez Jean-Michel, mon dentiste bien-aimé.

Ma crainte du dentiste relève purement de la conscience collective: les dentistes font peur, donc je redoute chaque rencontre, ce malgré une parfaite dentition. En réalité, j’appréhende le jour où Jean-Michel m’annoncera une mauvaise nouvelle.

La pression retombe en chemin car je ressasse les qualités de Jean-Michel, indispensables chez un dentiste : grand, beau et drôle, il n’utilise que du matériel high-tech. Je suis entre de bonnes mains et j’affiche mon plus beau sourire en entrant dans le cabinet.

Jean-Michel me reçoit avec 10 minutes de retard. Un record de ponctualité pour ce praticien qui accuse généralement 20 à 30 minutes plus tard que prévu.

D’un clic de souris, mon dossier s’affiche sur écran plasma. Je constate que notre aventure dure depuis un certain temps ce qui implique une ardoise assez conséquente. Pour m’amuser, je convertie mentalement en nombre paires de chaussures les sommes dépensées chez mon dentiste. Pas assez pour m’inquiéter. Je me tourne alors vers Jean-Mi, qui me demande d’ouvrir la bouche et commence à m’ausculter.

Lui : « Vos dents de sagesse sont toutes sorties. Pas besoin de les enlever »

Moi : « Cool »

Lui : « En revanche, celles du bas présentent des aspérités qui pourraient devenir un terrain favorable aux caries »

Moi : « Ah oui ? »

Lui : « Mais vous semblez bien vous brosser les dents donc il ne devrait pas y avoir de problème »

Moi : « Je m’en doutais »

Et Jean-Mi de faire une beauté à mes canines, molaires et incisives. Je manque de m’endormir à plusieurs reprises, bercée par le son des instruments et la douce voix de Jean-Mi : « Tournez la tête », « Rincez-vous »…

Une fois l’opération terminée, je contemple avec satisfaction le sourire ultra-brite que je pourrai afficher sur les photos de mariage de mon frère.

Jean-Mi me raccompagne à la porte et me salue par un « A l’année prochaine » sonore.

Pour me récompenser de tant de courage, je m’offre deux jupes Sonia Rykiel bien méritées. Je fais même un crochet par la rue et la villa Santos Dumont histoire de rapporter d’autres images de villages parisiens. Comme d’habitude les photos sont , dans l’album Village.