Youssef Chahine : L'esprit d'Alexandrie...

Publié le 27 juillet 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Lundi, 28 Juillet 2008 01:23

Par Juliette Prétière

« La pensée a des ailes.

Nul ne peut arrêter son envol ».

L'auteur du « DESTIN », Youssef Chahine, s'est éteint à 82 ans après un long coma, dans un hôpital du Caire.

Celui qu'on a surnommé le «phare d'Alexandrie», «l'enfant terrible du cinéma arabe», «l'apôtre de la tolérance», le « vieux lion », nous laisse une quarantaine de films qui sont autant de raisons de se battre et d'espérer pour que l'humanité triomphe de l'inhumanité. Et apporte un démenti au titre de sa dernière œuvre : « le Chaos » ! « Pour pouvoir dialoguer, il faut plus que tolérer, il faut aimer l'autre ! C'est-à-dire aimer sa différence »  

Il avait quitté l'Egypte en 1947, mais jamais Alexandrie, sa ville natale, ne l'a quitté.  Ce port de légendes, ce havre de cultures, ce pont entre l'Europe et l'Afrique, ce phare des cultures méditerranéennes  habite tout son être..

Mémoire et  Esprit. Racines et Ciel. Mer et Terre. Cœur et Raison. Idées et engagements. Profondeur des idées et légèreté du ton. Sérieux  des connaissances, de l'érudition et humour. « Un des moyens d'extirper la frustration est sans doute la dérision »

Nostalgie aussi...Parfum  de cet « esprit d'Alexandrie ». De son enfance à Alexandrie, où et quand Youssef Chahine a connu l'Egypte tolérante, multiethnique, pluriconfessionnelle où les chrétiens, comme lui, et  les juifs vivaient en harmonie avec les musulmans. «J'essaie de faire comprendre des choses, j'essaie de témoigner d'une Egypte que j'ai connue, où, non la tolérance - quel mot péteux! - mais la liberté absolue régnait.»

Il était allé aux Etats-Unis pour étudier le cinéma, un rêve de comédien dans la tête et une vocation de réalisateur vite révélée. « J'ai joué à travers les autres »... Mais il fut  surtout célébré en Europe : Cannes, Berlin...

Et  s'il se disait « Hyper-Egyptien en Egypte », il s'affirmait, avec un large sourire et une oeillade vers Colette, son épouse, « Français en France ». « Les Français nous ressemblent beaucoup, à nous, Alexandrins. Ils sont aussi menteurs que nous, ils gesticulent autant que nous, ils sont très proches de nous. J'espère  être un trait d'union entre les deux rives de la Méditerranée ».

Raisons du cœur. Et culte de la Raison. Contre les intégrismes,  les fondamentalismes, les fanatismes,  l'intolérance, les censures, les pressions liberticides, les pulsions déshumanisantes. Un cinéma intimiste (un réalisateur qui ose dire « je » !), mais humaniste, surtout. « Ce qui compte, c'est de s'ouvrir vers l'autre. Sans lui, on n'existe pas.»

Derrière les images, à travers des sagas politico-sociales (avec Omar Chariff, souvent), par  des oeuvres où Shakespeare fait bon ménage avec des danses du ventre : : des combats. Indépendance, liberté, justice, respect, dignité,  Humanité... « Le cinéma est subversif ou n'est pas ». Mais...« Il ne faut pas haïr, Pas même ses ennemis. Cà gâte la tête »

Juliette  PRETIERE

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REPERES :Biographie en résumé Fils d'un avocat syrien, Youssef Chahine fut élevé dans la foi chrétienne et reçut son éducation en anglais au prestigieux Victoria College d'Alexandrie. Après une année à l'Université d'Alexandrie, il s'installe à Pasadena, en Californie, où il étudie le cinéma et l'interprétation. De retour en Égypte en 1948, il commence à réaliser ses propres films. Le premier sort en 1950, c'est Papa Amine. Depuis, 40 films ont été réalisés, dont notamment: Gare Centrale (1958), Le Moineau (1973), Le retour de l'enfant prodigue (1976), Alexandrie pourquoi? (1978), La Mémoire (1982), Adieu Bonaparte (1984), Le Sixième jour (1986), Alexandrie, encore et toujours (1989), Le Caire... raconté par Chahine, documentaire (1991), L'Émigré (1994), Le Destin (1997).

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