Différence entre intégration et assimilation

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

Je me propose dans cet article succinct de vous présenter la différence entre intégration et assimilation. Toutefois, je ne saurais que vous présenter les grandes lignes de cette différence. Chaque point peut constituer, par lui-même, un sujet à part.

Avec les flux migratoires se pose le problème du mélange de personnes de cultures différentes. Aussi, dans les médias de certains pays d’accueil on parle tantôt d’intégration, tantôt d’assimilation. Pourtant, ces deux notions sont strictement différentes, tant dans leur signification, que dans la portée de leurs conséquences humaines. Parfois, ces deux termes sont confondus, c’est là, me semble-t-il, un fait très grave.

L’INTÉGRATION.

Par intégration on entend l’effort auquel doit consentir une population qui arrive dans un pays d’accueil. Il s’agit de respecter les normes, les coutumes, les traditions de la nation où elle s’installe.

Certaines règles ne sont spécifiques à un pays particulier, mais relèvent du respect universel. Par exemple, il est bien connu dans toutes les contrées qu’il ne faut pas déranger les gens de nuit. On ne fera donc pas de travaux à partir d’un certain horaire. De même, il existe des règles de politesse dans les files d’attente, dans la conduite automobile…

Cependant, des règles sont spécifiques à un pays. Cela peut être des règles religieuses particulières, des règles vestimentaires, un code de politesse et de courtoisie…

L’intégration obéit à au moins trois considérations :

– On ne demande pas aux gens de se soumettre à un modèle spécifique. On ne demandera pas donc aux arrivants de ressembler en tous points aux hôtes, par la langue, la religion, l’habillement. Pour le dire de façon plus simple, on ne demandera à la population immigrée d’être le clone de la population réceptrice.

– L’intégration n’est pas régulée par la législation. Elle est laissée au bon sens, au jugement raisonnable, tant de la population invitée et que du pays d’accueil.

– L’intégration suppose des compromis, des concessions sur son propre modèle culturel à chaque fois que l’intérêt du pays le demande. La notion d’intérêt du pays est laissée à l’entendement des habitants. Les immigrés doivent trouver une solution de compromis dictée par la seule raison, le seul bon sens. Ainsi, le pays d’accueil permet aux personnes nouvellement arrivantes de conserver quand c’est possible leur langue ; dans une certaine mesure leur façon de s’habiller ; leurs coutumes. Un mariage sera célébré dans des salles spécialisées avec les coutumes, les traditions que l’on voudra. Cependant, on demandera à ces personnes d’arrêter les festivités aux heures légales. De même, ces fêtes ne doivent pas comporter un caractère, des coutumes en contradiction avec le pays d’accueil. On admettra donc un rituel de mariage avec des marabouts, mais on ne peut tolérer l’excision du clitoris. Ce sujet est beaucoup plus complexe qu’il ne parait.

Les gens peuvent avoir dans le cadre de l’intégration des lieux de culte et ainsi de suite. Cependant on ne saurait organiser des prières dans les rues même en l’absence d’établissements religieux spécifiques.

Des femmes peuvent légitimement, pour des raisons de traditions, de culture, de pudeur ou religieuses, demander des horaires de piscine sans présence masculine. Cela ne devrait choquer personne, à la limite il s’agit là d’un processus d’intégration. Cependant, lorsque ce type de demandes devient trop fréquents, lorsqu’il émane d’une même catégorie de personnes, nous sortons du cadre de l’intégration raisonnable, pour entrer dans une sorte de dictature où une minorité veut imposer à tout prix sa façon de se comporter.

La population émigrée doit montrer une certaine volonté de participation à la vie active du pays ; elle se doit de participer aux efforts de civisme, faire preuve d’une certaine solidarité envers la nation d’accueil.

Finalement, l’intégration est affaire de bon sens, de compromis et d’entente. Elle n’est jamais une affaire de loi.

L’ASSIMILATION

L’assimilation est un autre phénomène qui suppose au moins deux éléments :

– Un modèle auquel tous les autres doivent se conformer et ressembler.

– La nécessité de renoncer à soi-même, pour devenir le clone des habitants du pays hôte.

L’assimilation, contrairement à l’intégration, n’est plus une affaire de bon sens, elle devient une obligation. On demande à des personnes de culture, de traditions, de religions différentes de réfléchir de façon identique à d’autres personnes qui sont fondamentalement différentes.

Dans l’assimilation on présente un modèle socioculturel type qui devient le canon de tous les comportements d’un pays donné.

En général, ceux qui décident de ce modèle comportemental sont les intellectuels et les politiciens. Cette vision d’un modèle socioculturel exemplaire n’est pas forcément celle de la population générale. Toutefois, par le biais des médias, de la communication, cette élite finit par imposer son point de vue. Le problème est que ceux qui n’arrivent pas à s’identifier à ce prototype socioculturel seront marginalisés, montrés du doigt, à l’extrême considérés comme des parias. Sous son apparence de convention censée et raisonnable, l’assimilation, en réalité, est quelque chose de grave et de dangereux.

Son premier danger est de demander à des personnes de renoncer à ce qu’elles sont. Exemple classique : un pays européen et chrétien a besoin d’une main-d’œuvre. Il fait appel à des ouvriers non chrétiens en provenance d’Afrique. Le pays d’accueil demande à ces ouvriers de réfléchir comme des chrétiens, de se comporter comme eux. Cela est strictement impossible.

Un autre danger vient du prototype socioculturel de référence, c’est-à-dire du modèle auquel les autres doivent se conformer et pourquoi pas se soumettre. On a vu par le passé, un passé qui n’est pas aussi lointain que cela, l’Allemagne nazie faire l’éloge du modèle Aryen. Le roman la 25e heure est, en ce sens, éloquent. Les conséquences historiques désastreuses sont connues de tous.

Un exemple contemporain, celui des cadavres d’enfants autochtones découverts au Canada. Il s’agit d’enfants arrachés à leurs familles pour les forcer à être les clones du modèle catholique. Ce qui est navrant dans cette affaire est que ceux qui ont commis ces crimes ne sont pas a priori des nazis, ou des barbares, mais de respectables prêtres responsables de pensionnats. Les pensionnats de l’assimilation par la mort !

En réalité, l’assimilation ne cherche en aucun cas l’intégration de populations différentes. Elle cherche au contraire à les désintégrer, à les rejeter, à les stigmatiser. Le modèle à suivre auquel on doit s’assimiler n’est au demeurant qu’un moyen de discrimination qui se cache derrière la logique froide de la respectabilité.

On peut donc dire que l’assimilation est une grande perversion, qui sous couvert d’une fausse intégration, ne cherche, en fait, que le rejet. De l’assimilation dérivent les grands maux tels que le racisme, voire à l’extrême, les exterminations raciales.

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