Habitat indigne !

Publié le 28 juillet 2008 par Dagrouik

Christine Boutin annonce qu'elle va lutter contre l'habitat indigne... c'est son coté grenouille de bénitier qui ressort, mais nous allons voir que tout ce que ce gouvernement fait, va dans un sens contraire.

Tout d'abord on retire 500 millions d'euros au budget du ministère du Logement, et elle nous parle d'une France de propriétaires.

Non madame Boutin, tous les français ne veulent pas devenir propriétaires, c'est un mythe entretenu par ce gouvernement. De plus ce serait contre productif d'un point de vue économique, les propriétaires sont moins mobiles : Comment dans ce cas faciliter les déplacement suite à changement de travail par exemple ? Sans doute en créant de nouvelles niches fiscales ? C'est déjà le cas je vous rassure.

Cela prouve que ce mot d'ordre "france de propriétaire" est incompatible avec le discours qui explique que les salariés doivent être mobiles, s'adapter aux changements. Et Boutin, grenouille de bénitier, va presque nous faire pleurer quand elle se met à parler de l'habitat indigne. Inutile de sortir vos mouchoirs, c'est encore une fois un effet d'annonce.

L'AFP nous explique que le gouvernement met le paquet pour lutter contre l'habitat indigne :

"On estime entre 400.000 et 600.000 le nombre de logements en France qui relèvent de cette législation. Ca représente un million de personnes", a-t-elle souligné. Dans le projet de loi qui sera présenté lundi en Conseil des ministres, "il y aura une définition juridique qui ne permettra plus l'interprétation, le flou", sur l'habitat indigne, a assuré Christine Boutin.

"Aujourd'hui, je suis venue pour acter cette décision qui est opérationnelle", a expliqué la ministre, en affirmant vouloir "bien faire comprendre aux marchands de sommeil que la traque commence et qu'elle ne s'arrêtera pas". "Il y a 47 départements dans lesquels les préfets ont annoncé l'obligation de réaliser des travaux d'office", a-t-elle relevé, en précisant que l'Etat allait consacrer 30 millions d'euros à la rénovation de ces logements par l'intermédiaire de l'Agence nationale de l'habitat (Anah)

La traque commence? J'aimerai bien voir ça, si ça fait comme les maisons a 100 000 de Borloo, les plans "grues partout" du même imbécile, et dont on ne voit que du standing SOFRO-COGEDIM comme résultat... non merci.
Fouillons un peu pour trouver le budget de cette agence publique, c'est facile ils ont un site Web avec de belles images de beaux logements tout neuf, avec des gens qui sourient. Si j'avais un conseil à leur donner, je ferai plutôt un site avec Taudis-Avant - Bel Appartement après, ils sont là pour aider et soutenir les gens, pas pour communiquer vers des investisseurs sans âme.
On trouve rapidement un PDF qui décrit les moyens de l'efficience de l'ANAH.

Le voilà découpé par mes soins avec délices et envie.

Prenons notre calculette, 550 millions d'euros sont consacrés par l'Anah (Etat) pour la rénovation de logements dans un stock de 400 à 600 000 logements. Coupons la poire en deux, 500 000 logements indignes , ça fait 1000 euros , oui 1000 euros par logement indigne. De qui se moque t'on ? Et on vient de retirer 500 Millions d'euros au budget du ministère du Logement. On se demande où cela va être pris.
Non l'état ne fait RIEN contre l'habitant indigne, il préfère subventionner avec l'argent public des déductions fiscales avec des niches pour CSP++ qui se vautrent dans des appartements de luxe pendant que d'autres crèvent à petit feu dans des taudis avec 100% d'humidité et des planchers qui s'effondrent. La voilà la vérité.

Dans un mouvement inouï de solidarité, ce gouvernement nous parle de plafonner les niches fiscales sans doute à quelques milliers d'Euros comme cela avait déjà été envisagé. On va donc faire des cadeaux de quelques milliers d'euros à des citoyens qui vivent dans des habitats aux normes, sans risques pour leur santé et de l'autre coté ne rien faire d'aussi massif pour éradiquer les taudis ? De plus on découvre sur le site de l'ANAH que celle-ci n'a pu réhabiliter que 7200 habitats indignes en 2007. Elle a donc du dépenser de l'argent dans d'autres projets, moins urgents. En effet selon le PDF ( capture ci-dessus) ce sont 75000 propriétaires bailleurs ou non qui ont été subventionnés. Sans doute étaient-ils plus dignes et plus salubres.

On y découvre aussi qu' en 2008, l’intervention de l’Anah dans le cadre de la loi DALO sera amplifiée par un effort accru de prévention sur l’habitat indécent et insalubre, et grâce au déploiement du dispositif de sous-location aux associations. Il va falloir que cette agence produise un effort accru avec un budget réduit. Sortons encore notre calculatrice, si le nombre de taudis ne progresse pas ( voeu pieux), nos 500 000 taudis seront éradiqués dans 70 ans. Bien sûr, ils expliquent être intervenus sur 25 000 logements,mais là ce n'est plus de la réhabilitation. Dans ce cas, il faudra 20 ans pour corriger le stock de logements insalubres, et toujours avec un budget ridiculement bas.

On le voit ce gouvernement ne fait rien contre l'habitat insalubre et indigne. Il le démontre en réduisant le budget de l'ANAH et en optant pour une politique fiscale qui favorise la rente et la concentration du patrimoine. Pourtant des solutions légales existent pour contraindre par la loi les propriétaires à faire des travaux. Mais celles-ci sont rarement mise en oeuvre par l'état ou les mairies: arrêté d'insalubrité et de péril.

De plus, qui dit habitat indigne, dit exploitation de la misère par des marchands de sommeil, des propriétaires qui se font parfois payer en espèces et profitent de la précarité dans la quelle vivent des centaines de milliers de nos concitoyens. Cette économie de la précarité forme un tout et il faudra bien s'y attaquer de front un jour !

Et l'éradication de ces logements indignes rassurera les propriétaires des environs, donnera du travail aux entrepreneurs et permettra sans aucun doute de faire des économies en terme de santé publique. Simple question de courage, ce n'est pas de l'idéologie. Tout le contraire de ce gouvernement obsédé par sa France de propriétaires endettés et sponsorisés par l'argent public.