Embattled : en vidéo le 7 juillet 2021

Par Vance @Great_Wenceslas

Au moment où s'annoncent enfin les superproductions estivales susceptibles d'attirer massivement les spectateurs à nouveau dans les salles, voici que s'annonce subrepticement un petit film aussi discret que bourré de qualités. Celles-ci ne résident pas dans l'histoire et son traitement qui n'ont rien d'extraordinaire ou surtout d'original, on navigue ici dans un terrain déjà défriché de nombreuses fois entre le troublant de David O. Russell et l'excellent Warrior de Gavin O'Connor : la lutte sur le ring se double d'un affrontement dans la vie, d'une quête de reconnaissance parallèle à la recherche d'une rédemption qui fuit les protagonistes. Enfances brisées, parents absents et un avenir sombre que, peut-être, un ultime combat pourrait venir éclairer.

Un lycéen prodige du judo fait son entrée dans une cage du MMA pour affronter son rival ultime dans un combat pour la reconnaissance. Ce dernier n'est autre que son propre père...

Les résumés disponibles sur les sites spécialisés tout comme la bande-annonce un peu trop orientée violence physique pointent évidemment l'un des intérêts majeurs du scénario : le fils finira par affronter le père dans une conclusion aussi épique que nécessairement dramatique. C'est pourtant ce qui est peut-être l'une des rares faiblesses du métrage, une facilité liée à une structure bien établie dans la culture populaire : le film s'achèvera sur ce duel qui en sera le point d'orgue, tant physique qu'émotionnel ( en étant le porte-étendard). Là où, dans le déjà cité Warrior, le frère affrontait le frère sous les yeux d'un père tiraillé entre des sentiments antagonistes, ici le fils fait face à son père sous les yeux d'une mère écrasée par une douleur morale encore plus forte que ce que ressentira la chair de sa chair à chaque coup qu'il recevra.

Toutefois, par exemple) : grossier, vulgaire, ultra-macho, il traite son fils de tapette parce qu'il fait du judo et n'aime rien tant que l'asticoter. Il lui a quand même trouvé un entraîneur, bien décidé à faire de Jett un véritable lutteur, puis il lui déniche l'occasion de combattre sur le ring, dans la fameuse cage octogonale que les amateurs connaissent bien : Jett s'avère finalement un très bon adversaire et pourrait faire carrière dans ce sport élitiste, plébiscité par des millions de fans et enrichissant des producteurs peu scrupuleux au détriment d'athlètes souvent laissés pour compte. Le problème est qu'il plafonne en Maths et rate ses évaluations, commençant à désespérer malgré le soutien de quelques amis et la compréhension de sa prof qui parvient à lui trouver un précepteur susceptible de lui faire rattraper son retard. L'autre problème est que l'argent manque à la maison, entre ses futures études et les soins constants requis par son petit frère Embattled ne se résume pas qu'à ce conflit de générations : ses tenants et aboutissants permettent d'aborder avec élégance et tact de nombreux problèmes propres à notre société. L'histoire débute avec Brian, atteint d'un syndrome nécessitant des traitements et une scolarisation spécifiques. Leur mère (campée par la toujours impeccable Elizabeth Reaser) doit d'ailleurs cumuler deux jobs pour joindre les deux bouts, refusant de quémander quoi que ce soit à son ex-mari nageant dans le luxe. Jett : il a 18 ans et prépare son diplôme afin de pouvoir s'inscrire à l'université. Récemment, il a repris contact avec son père, Cash Boykins, champion du monde incontesté de MMA ( Mixed Martial Arts, c'est-à-dire que ça se tape dessus de toutes les manières possibles) dans plusieurs catégories : Cash a refait sa vie, vit dans un luxe clinquant entouré d'une brochette de stars et de groupies et cultive son image de combattant quasi-invincible, provocateur et brutal ; ses boutades graveleuses, ses sentences percutantes sont filmées en permanence et font la joie des consommateurs de vidéos Youtube. En parallèle à ses études, Jett s'est également lancé dans les arts martiaux, et semble doué pour le judo (sans qu'il ait remporté quoi que ce soit). Il est, à son âge, à un tournant de sa vie et sa mère, qui a coupé les ponts avec Cash, accepte placidement qu'il tente de renouer avec son père. Très vite, on fait le tour du personnage de Cash, parfaitement interprété par un Stephen Dorff en état de grâce (bien plus dans son élément que dans

, même s'il s'appuie sur le milieu du MMA, n'est cependant pas vraiment un film d'arts martiaux : c'est l'histoire d'une famille désunie qui devra une fois pour toutes régler des problèmes graves nés dans un passé caché, soigner des traumatismes pour tenter d'aller de l'avant et se débarrasser du poids des culpabilités qui ont pourri les dix précédentes années. Évidemment, la mise en scène du duel final jouit d'une montée en tension, d'un crescendo savamment orchestrés, la chorégraphie du combat est plutôt bien étudiée et malgré un montage un peu trop sec (avec une utilisation discutable du fondu au noir) et des prises de vues trop serrées, le spectateur y trouvera son compte et savourera les coups bas, les astuces, les déplacements et les projections tout comme les clefs de bras et les étranglements qui concourent de ce sport extrême. Beaucoup moins présente que dans les films cités plus haut, la musique s'avère néanmoins efficace et sait emplir l'atmosphère de quelques séquences muettes particulièrement bien pensées.