le chantier inépuisable de la mer

Publié le 17 juillet 2021 par Pjjp44
 
"Mon chemin je l'ai trouvé: l'égarement." Alireza Rôshan 
 "Le langage, seconde écorce terrestre, se plisse, se creuse, s’élève selon les divisions, les dérives, les soubresauts du monde. Le poème prend appui dans ses fissures. Verticale souvent tordue, il grandit à flanc d’abîme. Aucune logique ne le tient là.
Il coordonne le vide au paysage habité.
La vie est-elle venue d’ailleurs ? Tombée sur terre avec une pluie d’étoiles filantes ? Ou s’est-elle formée lentement, peut-être au fond des mers, peut-être au creux des vagues, peut-être sur les argiles aux rayons du soleil ?
Le poème puise à plein sol aussi bien que dans les détritus qui jonchent la surface, en voie de devenir humus.
Humus, déjà si près de l’humain.
Et la soif ? Très en dessous, la nappe phréatique, est-ce le silence ? La parole est-elle parodie du monde ou sa vérité exsudée ?
Le paysage humain, un jour, disparaîtra. Le vide n’en aura pas de convulsions. Leurs destins ne sont pas parallèles. Falaises et montagnes, océans et rivages ne porteront plus de nom, la terre n’en tremblera pas.
Le temps battra sans doute en d’autres vies. L’éternité ne recueillera pas le poème. Il n’en réclame aucune part."

Françoise Hàn

 "Un nom comme un autre puisqu'il marche, bande, dévore, regarde, parle, hurle, angoisse, rit, dort, rêve, admire et existe, fantasme, flâne, craint, panique, imagine, caresse, devine, divague, croit, médite, fabule, respire, écrit, déborde, pleure, boit, passe, trépasse et revit, poursuit, lit, souligne, griffonne, marmonne, ballade, ment, répond, fait des vagues, dit la vérité et met ses lunettes noires." Khun San


Visage qui ne dit qui ne rit / qui ne dit ni oui ni non. / Monstre. / Ombre. / Visage qui tend, / qui va, / qui passe, / qui lentement vers nous bourgeonne… / Visage perdu. _ Henri Michaux
 
 "   Nous écoutons monter en nous le chantier inépuisable de la mer, qui dans nos têtes afflue puis se retire,
   comme revient puis s'éloigne
   le curieux désir que nous avons du ciel, de l'amour,
   et tout ce que nous ne pourrons jamais toucher des mains. "
Jean-Michel Maulpoix