Bref, pour éviter cela, et que toute la famille puisse profiter du mariage autrement que l’oeil vissé à la lorgnette du caméscope, nous avons choisi de faire faire album et vidéo par une équipe de professionnels dont c’est le métier. (Et un peu aussi parce que c’est la chose qui m’effrayait le plus, moi qui suis phobique des caméras ou flashes paparazziques).
Nous avons reçu, après moultes semaines d’attente, les trésors tant convoités. L’album : très beau, fait main, couverture à volutes cousues sur papier de riz, pages crème intercalées de papier de soie, 110 photos. Beau, imposant (il pèse son poids!) bien sous tous rapports, c’est notre album.
Déjà, il faut le montrer aux parents ébahis et impressionnés, qui vont, sur fond de “oh!” et de “ah!”, feuilleter religieusement l’album ventripotent sous l’oeil sévère du mari maniaque (comme il est blanc et crème, mon mari traque la trace de doigt criminelle, et au bout de deux consutations a réglé le problème en décrétant que c’était à lui de tourner les pages, après tout). Et puis quand on a fini les parents, il reste les proches : témoins, parrains et marraines, et les amis qui veulent voir l’album mais qui au final sont toujours secrètement déçus de ne pas trop y figurer et de l’absence de photos “fun”.
Quant au film, c’est également tout un cérémonial. Visionnage avec les parents tout émus (il faut parfois veiller à avoir un stock de mouchoirs sous la main, si si, ça leur fait un effet rétroactif imparable), puis de même avec les amis et la famille proche. On a bien essayé de zapper quelques longueurs et quelques scènes idylliques (nous deux roucoulant sous le soleil couchant, c’est beau, certes, mais ça va cinq minutes), mais foin : sachez que le spectateur consciencieux veut tout voir. Sachez aussi que le spectateur est narcissique et très déçu quand il ne figure pas souvent sur la vidéo (voire pas du tout). Bon, ça ne dépend absolument pas de nous (le cameraman fait ses prises de vue et son montage tout seul), mais il n’en a cure : pourquoi n’est-il pas sur le film, lui, alors que la tante Huguette y est, d’abord, hein ? (Je ne sais pas, peut-être que le cameraman a flashé sur la tenue chatoyante de la tante Huguette ?).
Pour rester dans les attentes inévitables du mariage, on a aussi décidé de ne faire des copies qu’en nombre restreint. Les parents ont eu la leur. Restent : les témoins, les parrains et marraines des mariés, et les proches amis qui nous ont eux aussi gratifiés de leur propre film de noces. Basta. Pour les autres, un trafic de DVD de dessous les fagots s’impose (non mais puis quoi encore).
Bon, parlons quand même aussi de l’inconvénient majeur : il nous a fallu quand même feuilleter l’album moultes fois, le visionner plus encore et répondre aux mêmes questions indiscrètes ou revendicatrices (oui, le choix des musiques c’est bien nous, non maman Nirvana ce n’est pas une “musique de cow-boy” enfin, et nous ne sommes pour rien dans le choix des séquences et des gens filmés).
Voilà. Ainsi parés, nous possédons à présent, tout fiers, l’un des attributs essentiels des couples mariés : le souvenir du Grand Jour, bien rangé en vue sur une étagère cirée, éclaboussant de sa blancheur immaculée les rayonnages alentour (oui, je me sens un peu lyrique, pourquoi ?).
Et vous ?