En Chine, la guerre météorologique est en marche durant les JO

Publié le 29 juillet 2008 par Nathalie Jouat

A l’approche des jeux olympiques, la sécurité est renforcée sur le sol chinois aux alentours de Pékin. 7000 canons anti-aériens, 5000 lances roquettes, une trentaine d’avions et 30 000 personnes sont mobilisées pour assurer la sécurité des spectateurs contre le terrible terrorisme pluvial.

Car il ne faudrait pas qu’une goute de pluie vienne entacher l’on ne peut plus importante cérémonie d’ouverture des jeux !

Gare au nuage qui formera le bout de son nez … Un ordinateur radar particulièrement puissant va ratisser en continu les 44 000 km² autour de Pékin pour détecter la moindre formation nuageuse suspecte. Des avions seront de patrouille avec à leur bord des munitions d’iode argenté et de neige carbonique à saupoudrer au dessus des odieux cumulonimbus.
La stratégie appliquée est simple : l’élimination systématique des masses blanches moutonneuses. En fonction de leur taille des éléments chimiques leurs seront injectés pour les disperser et si les nuages sont déjà formés, on déclenchera alors la pluie à distance respectable du stade à l’aide, entre autres, de nitrogène (azote) liquide.

Solution anti-pollution ou démonstration de force ? Cela fait des années que la Chine et d’autres pays rêvent de faire la pluie et le beau temps (sans jeu de mot !). L’an dernier au Tibet, des précipitations artificielles de neige auraient permis de pallier (très relativement) aux sécheresses extrêmes des plaines du Nord, un ingénieur à l’office météorologique du Tibet a même ajouté que «Cette expérience prouve qu’il est possible aux humains de modifier la température».

Est-ce bien raisonnable ? Ces opérations de contrôle météorologiques ne sont pas des plus fiables. En moyenne on constate 12% d’augmentation des précipitations dans la zone « traitée », bien que l’on soit incapable de prouver si ce sont effectivement les canons à l’iode argenté ou la nature qui a fait son office. Le coût de fonctionnement est quand à lui rédhibitoire : voyez les ressources matérielles et humaines mobilisées en Chine pour les JO !

Et que dire de l’impact sur la nature de l’ensemencement des nuages ? Qui sommes-nous pour décider de l’endroit où la pluie va tomber ? L’humanité est déjà aux porte des guerres de l’eau au sol, qu’adviendra-t-il si certains se permettent de « pousser » les nuages à leur gré ou d’influencer le cycle de l’eau ?

L’iode argenté n’est pas sans danger, c’est un produit extrêmement nocif pour les systèmes aquatiques et on ne connait pas bien son effet sur la faune et la flore. Injecté dans le nuage, il composera les gouttelettes de pluie qui s’infiltreront dans les nappes phréatiques coulant directement vers l’océan, mettant l’écosystème marin en danger.

Ces pluies artificielles viendront alimenter les cultures nourricières et qui peut prédire l’effet à long terme sur l’homme et la terre ?

Bien entendu de telles technologies (utilisées à bonne escient), pourraient faire des miracles dans les pays subsaharien, en Asie et partout ou la pluie vient à manquer pour les cultures ou la survie des peuples, mais à quel prix ? Il faut des avions qui tournent pendant de longues heures pour répandre leurs produits (bonjour les émissions de C02 et les besoins en carburant) et il faut une dépense considérable d’énergie pour alimenter les équipements réfrigérants pour le nitrogène liquide.

Beaucoup de contraintes et de dépenses pour des résultats assez médiocres, c’est ce qui a poussé les Etats-Unis à ne pas réalimenter leur budget de recherche en la matière (ils gardent leurs crédits pour la Défense ? ). Après tout, la météo fait bien ce qu’elle veut et il serait peut être plus intelligent de commencer à répartir correctement nos ressources plutôt que de jouer aux apprentis sorciers (en Chine on détourne des fleuves irrigant les cultures pour satisfaire les besoins des infrastructures des JO à Pekin)…