Tricky - Juxtapose (1999)

Publié le 28 juillet 2008 par Oreilles

Tricky à la croisée des chemins ? C'est ce que l'on peut penser lorsque sort ce 5ème disque (en comptant le projet Nearly God si cher à Beauf) : c'est la fin de sa collaboration avec sa muse Martina Topley-Bird et Island - il ne le sait pas encore - est sur le point de lui rendre son contrat. Ce sera d'ailleurs le début d'une période de vaches maigres pour celui qui avec Neneh Cherry, Archive, Massive Attack et quelques autres aura quelque peu fait reposer son fonds de commerce sur le trip-hop, genre musical destitué entre tous après la période de gloire.
Or, de tout cela, Tricky a choisi à bon escient de faire table rase avec Juxtapose. C'est sur les bases d'un album concis et avec les renforts du Cypress Hill DJ Muggset du producteur Grease que Tricky choisit de remettre les pendules à l'heure. Nouveautés ? Elles sont au nombre de deux ; car outre l'éclectisme avoué du disque, l'aspect grunge de "For Real", ce sont les guitares, des guitares parfois métal qui se taillent la part du lion ici et qui confèrent au disque un tour mélodique assez inédit chez Tricky; d'ailleurs la très nerveuse "Hot Like A Sauna" a droit à ladite version métal en fin d'album. On retrouve aussi parfois ce souffle rauque et tendu des premiers albums sur "Bom Bom Diggy", mais dès l'intro de "Contradictive" jalonnée de guitares espagnoles, l'album respire à nouveau. Avant de repartir de plus belle sur un rythme échevelé sur l'haletant "She Said".
Le flow infernal de DJ Muggs est omniprésent sur "I Like The Girls" et la première version de "Hot Like A Sauna" . Les claviers prennent le relais sur deux morceaux angoissés magnifiques "Wash My Soul" et le piano hanté de "Scrappy Love", obsédant et martelant. Entre temps, la fameuse version "métal" de "Hot Like A Sauna" aura tout balayé sur son passage.
A une époque extrêmement bavarde où beaucoup d'artistes se croient obligés de charger jusqu'à la gueule leurs CD's pour mieux faire avaler la pilule du prix exorbitant aux acheteurs potentiels, Tricky rappelle à point nommé qu'il est le seul de la vague trip-hop, à avoir quelque chose à dire sur une durée concise et à pouvoir se délester du poids encombrant de son passé. Ce magnifique disque ne sera pas confirmé lors des deux essais suivants, le très décevant Blowback (2001) qui n'aura de soufflant que le nom, et le "en pilotage automatique" Vulnerable (2003) pas désagréable mais pas essentiel non plus.
Tricky a semble-t-il retenu la leçon, puisqu'il mettra 5 ans à refaire parler de lui ; c'est ces jours-ci, et on en reparle bien entendu prochainement.
En bref : Du bon, du très bon Tricky, efficace, mélodique, varié. Son meilleur disque ? Poser la question, c'est déjà y répondre.
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le clip de "For Real" :