Rothko poète de l abstraction

Publié le 30 juillet 2008 par Carlitablog666

Notre Carlitablog Art Tour se pose cette fois chez nos amis Allemands pour cette rétrospective de Mark Rothko à Hambourg jusqu'au 14 Août.

www.hambourg-kunsthalle.de

Une rétrospective mise en écho avec Caspar David Friedrich.

"Je ne suis pas visuel. Je ne regarde pas les choses. Je n'ai qu'à utiliser ma vision intérieure." Il faut écouter Mark Rothko quand on approche ses toiles et, plutôt qu'exiger de ses propres yeux qu'ils décryptent ce mystère, laisser son âme se faire doucement irradier. Nébuleuses, comme prêtes déjà à s'évaporer, ses couleurs en flottaison proposent un voyage en pays d'incertitude magnifié par cette rétrospective hambourgeoise. Cette ville portuaire a l'immense honneur d'abriter quelques chefs-d'oeuvres d'un autre vagabond du sublime : Caspar David Friedrich. Le va-et-vient d'un siècle à l'autre est d'autant plus aisé que la Kunsthalle a eu l'excellente idée de confronter dans une salle les deux maîtres. Ensemble, ils dessinent une même ligne d'horizon : de celles qui se heurtent au désespoir de la matière, de celles qui tentent de la transcender.

Le voyageur au-dessus de la mer de nuages de Friedrich se voit aussi prolongé par les toiles pleines du désespoir tardif de Rothko, qui confrontent un gris monocorde à un ciel des plus noirs. Rétention du même néant, une autre répond au monochrome gris, nuance orage, auquel s'affronte le moine peint par le romantique allemand en "prévision" d'une abstraction plus décisive. Troisième rencontre : noir et gris en deux plans versus plage en claire de lune (ancres dessinées comme un filigrane incompris). Dans cette lumière incertaine, se décèlent déjà les failles de Rothko le suicidé et sa quête de cette aube dont nul n'est sûre qu'elle continue à se renouveler chaque matin.

Vite un train direction Hambourg.

Il doit y avoir un peu de Rothko en moi c'est certain.

Et une fois de plus Google est votre ami c'est une certitude nécessaire là.

Il vous embrasse.