(Notes sur la création), Pierre Vinclair, Vie du poème

Par Florence Trocmé


« Quant à la poésie, on ne comprend pas je crois ce que c’est si l’on a en tête une seule chose. Car c’en est deux : deux formes de disponibilité. La première, au réel, implique déjà un luxe (car il ne faut avoir ni faim, ni froid (...)) pour s’intéresser aux images que déclenchent en nous les mots de la dictée (...), mais sa difficulté est nulle : la pensée c’est tout-à-l’égout, suffit de collecter les eaux usées des mots. La seconde, aux possibilités de langue, distingue un poème de la prose du monde. Toutes les postures et toutes les querelles de postures, les mythes (l’inspiration ou le génie) et les forfanteries, les expérimentations vides et la poésie du dimanche, naissent de l’oubli de l’une de ces deux composantes : la poésie est disponibilité au dehors, et à la langue. »
Pierre Vinclair, Vie du poème, Labor & Fides, 2021, 192 p., 17€, p. 13
En racontant la vie du poème, Pierre Vinclair offre à lire, comme par la bande, celle d’un écrivain occupé depuis plus de vingt ans par la composition poétique, à Paris, puis au Japon, en Chine, à Singapour, en Angleterre et aujourd’hui à Genève. À mi-chemin d’une autobiographie (pudique, amusée, mais résolument engagée) et d’une « lettre à un jeune poète », Vie du poème propose une extraordinaire visite de son atelier. (Quatrième de couverture)
Une note de lecture de ce livre sera prochainement publiée sur le site, et on pourra aussi lire plusieurs commentaires dans une toute prochaine parution du Flotoir