Homo erectus

Par Belzaran

Titre : Homo erectus
Scénariste : Ralf König
Dessinateur : Ralf König
Parution : Janvier 2021


Je suis un grand amateur de Ralf König. Mais depuis quelques années, il a développé toute une série d’ouvrages à thèse où il perd sa légèreté. Voulant démontrer ses propos, il se fait lourd pour des idées pas forcément si intéressantes que cela. Ainsi, sa trilogie Prototype-Archétype-Antitype m’avait déçu. Avec « Homo erectus », il en remet pourtant une couche en écrivant une fable sur l’évolution de l’Homme. Le tout est publié chez Glénat pour près de 200 pages.

Une nouvelle déception

Dans « Homo erectus », Ralf König s’intéresse aux étapes de l’évolution de l’homme : silex, station debout, chasse, perte de pilosité, sexualité, maîtrise du feu… Pour des raisons techniques, il condense le tout dans une seule génération. Bien évidemment, le personnage principal est homosexuel et, curieusement, sera le plus réfractaire au progrès.

Le livre est construit de façon pompeuse. Ainsi, est organisé une pièce de théâtre où toutes les familles de singes sont invitées. Un couple d’homo sapiens – un couple de beaufs – se retrouve un peu là par hasard, détesté bien évidemment par les autres. La pièce de théâtre s’intéresse à l’évolution de l’homme. Si cette mise en scène aurait pu être pertinente, ce n’est pas vraiment le cas, car elle n’est pas exploitée. On aurait imaginé les sapiens choqué de voir leur histoire revisitée, mais il n’en est rien. Trop bêtes, ils restent complètement passifs et perdus.

Au niveau de l’histoire en elle-même, tout démarre comme du König. Il y présente une société régie par le principe du mâle alpha. Son personnage se plaît alors de ne pas pouvoir baiser les femelles et de pouvoir tripoter les mâles. Mais quand la tribu décide de descendre des arbres et de se mettre debout, tout va changer, y compris le mâle dominant. Ce dernier va pousser ses congénères vers plus de progrès : quitter l’arbre, devenir chasseurs… Cela ne se fait pas sans mal car cela crée des évolutions de société. Par exemple, sans mâle alpha, si tous les hommes peuvent coucher avec n’importe quelle femme, comment savoir si cette dernière est consentante ?

Ralf König n’apporte hélas pas de nouvelles idées. Ce qu’il écrit, je l’ai déjà lu ailleurs. Sa particularité d’intégrer l’homosexualité partout ne sert pas à grand-chose ici. Ainsi, les remarques sur le fait que l’on voit mieux les couilles quand on se tient debout arracheront difficilement un sourire. L’auteur se fait verbeux et le livre s’allonge plus que de raison. Et l’humour, le point fort de l’auteur, sur lequel il a construit sa carrière, manque de peps. On sourit à peine.

Au niveau du dessin, c’est également assez décevant. Ralf König a son style, cela fonctionne parfaitement sur la plupart de ses ouvrages. Ici, il peine à donner un souffle supplémentaire. Ce côté limité pêche, comparé aux ambitions de l’auteur. De plus, en multipliant les personnages, on a du mal à savoir qui est qui parfois tant certains sont peu identifiés.

« Homo erectus » est un ouvrage trop long qui veut parler de trop de choses. En alourdissant son livre d’analyse pas si intéressantes que ça et en laissant l’humour en arrière-plan, Ralf König ne parvient pas à donner le souffle nécessaire à son ouvrage. Une nouvelle déception. Depuis qu’il a intellectualisé son discours, le dessinateur allemand a beaucoup perdu de sa force.