La Laideur Chronique

Publié le 20 septembre 2021 par Hunterjones

"Je pense à cette fille que j'ai vue à Macao, tellement moche et sans talent, à chaque fois qu'elle aimait, son amour se serrait dedans elle comme un ulcère d'estomac qui lui tenaillait l'intérieur. L'intérieur. "

-J.L. 

La laideur chronique* la plus pénible qui soit, c'est le dimanche soir qu'il faut la syntoniser, à la triste télé, au Québec.


Il y a peut-être un an maintenant, oui, facilement un an, mon fils de 21 ans (alors) recevait un message Instagram l'invitant à participer à une nouvelle émission qui se préparait inspirée du concept de
Love Island. Ils avaient surfé sur son compte Instagram et avait été charmé par ce qu'ils avaient vu. Mon fils n'a pas pris au sérieux du tout jusqu'à ce qu'ils réitèrent plus clairement leur invitation à une audition. Cette fois en précisant le nom de la recherchiste et le # de téléphone pour la rejoindre. Mon fils a poliment refusé, étant en couple depuis longtemps, mais aurait refusé de toute manière. Si peu à gagner et tellement trop à perdre, me disait-il. Ouf! oui, merci, fiston.
L'idée derrière ce type d'émission est de présenter de la porn adulescente de manière suffisamment décente pour cadrer dans la grille nationale. La décence restant toujours un peu relative. Pour celui ou celle qui vient de se taper un grand reportage sur Bob Woodward, d'ensuite passer au OMG! de deux blondes semies-nues semblant vouloir devenir les prochaines Anne-Marie Losique, ça reste un légère bascule. Et comme Montréal et Laval sont toutes deux des îles, les candidat(e)s semblent en être issu(e)s à 88%. Ouch! 
Les gens qui y plongent sont davantage intéressés par l'exposition de ce qu'ils sont, pour y naitre un peu, que par quoi que ce soit d'autres. L'émission Végétation Douche, Dégénération Louche, Occupation Trouble, Occupation Double verse dans le même genre, toujours au Québec. On suggère des rencontres amoureuses entre jeunes égarés de la vie en grand manque d'attention, mais on recrute davantage des gens qui veulent se lancer dans l'existence par la reconnaissance télévisuelle ou voyager. Ce qu'on expose, très souvent, malgré tout, c'est la laideur chronique. Malhonnêteté, jalousie, manque de profondeur, ignorance volontaire et involontaire, irresponsabilité, superficialité et narcissisme, au menu. Sans retenue. Sans compter la manipulation du montage par la production et les manipulations sentimentales à l'écran. Deux manipulations malsaines. Déculpabilisation généralisée en disant "Bah! c'est du divertissement!". Mais on gomme tout de même une quantité de défauts assez majeurs.
Je n'avais pas fini de penser que les émissions de la semaine passée, où on  faisait de l'agace pissette nous montrait "les coulisses de l'émission à venir", relevaient du grand narcissisme que je voyais l'animateur...s'interviewer lui-même! Comment confirmer par 1000 le feeling du moment. 
Nous l'écoutons par la bande parce que nos enfants ont leur âge et ont croisé plusieurs de ce gens dans leurs soirées ici et là. Ils s'amusent beaucoup du vide de l'émission, mais avec forcément une certaine complaisance. C'est vrai qu'une seule écoute est largement rassurante sur sa propre intelligence. On ne peut que se dire, qu'il y aura toujours pire. Mais pourquoi toujours se comparer, à pire? Pourquoi aussi, l'exposer avec autant d'entrain? Souligner la laideur chronique. Malhonnêteté, jalousie, manque de profondeur, ignorance volontaire, irresponsabilité, superficialité et narcissisme. Sans retenue. 


Sans compter la manipulation du montage par la production et les manipulations sentimentales à l'écran. Deux manipulations malsaines.
 

L'avais déjà souligné? Oh désolé, c'est parce que ça sort de l'écran et rampe pernicieusement jusque dans nos salons pour tenter de se rendre à nos tempes, puis à nos cerveaux.  


Devrions nous être fiers d'en faire des phares? Le monde de la télé au Québec n'est pas un océan, mais quand même un assez grand lac. Tout de sortes d'embarcations y flottent et c'est très bien ainsi.  Personne n'est forcé d'y plonger, d'y nager, ni de l'investir. Ce lac est pour tous. La plupart regarde ce lac de leur grande fenêtre en saillie. Les lacs dans nos salons sont des privilèges. 
Une embarcation fera de la musique très forte, de la vitesse et aura son lot de jeunes femmes en bikini qui veulent se faire désirer, je ne porterais que le regard furtif nécessaire à ma propre conduite d'embarcation. Je n'accorderai pas au vide sa part de profondeur à remplir d'un coup d'oeil insistant. Ou pire, envieux.  Je n'ai plus 12 ans. La télé/le ciné nous veut enfant longtemps. 
Essayer de me rentrer à peu près ça dans la gorge plusieurs fois par semaine: irritant. Comme dans la pub, quand ce n'est pas le bon film avec les bons acteurs, faut cesser d'insister. Chaque jour, vers 15h45, la première chose que je fais est de fermer cette télé que personne n'écoute alors chez moi. Mais on la rallumera vers 18h00 pour les nouvelles du jour.  Passant par la gang de pas plein de la tête. La télé restera ouverte pour pas mal toute la soirée jusqu'au bloc de nouvelles de 22h00. Vous comprenez qu'on est peu tolérant au silence dans ma maisonnée. Si je vivais seul, elle sera plus souvent fermée qu'ouverte. 

 Vous comprenez aussi que l'émission Occupation Double y passera aussi, forcément.


À force de fréquenter le fil Twitter, je reste fameusement surpris de lire l'extraordinaire égarement mental de si nombreux Québécois. Donc remplir des émissions comme celles dont je vous parle. Chez nous, c'est peut-être pas si compliqué. 

Les gens participants à ces émissions-suicides/naissances-sociales sont souvent, presque toujours, marqués par des manques criants de discernement couplé surtout à un besoin maladif d'attention. 

Un peu comme les motivations de covidiots. 

D'apprendre, qu'autour de 20 000 travailleurs de la santé pourraient, d'ici le 15 octobre, être suspendus sans solde parce que trop cloches pour se faire vacciner, reste formidablement troublant.

Et d'une laideur... 


Oui, c'est un ménage, en quelque part, une sorte de purge, de ces gens qui ne devaient probablement pas, dès le départ être là où ils étaient.  De bien meilleurs** gens les remplaceront probablement un jour. Mais maintenant... la capacité du Centre Bell qui disparait d'un système de santé d'un coup, système qui, avant même la pandémie, était déjà surchargé par la mauvaise gestion des horaires, maintenant en parfaite déroute, avec tous ces covidiots qui viennent y crier à l'aide, y a pas à dire.

Notre embarcation menace de couler.  

Comme le disait Johnny il y a déjà 25 ans, le monde est à pleurer. 

*Je ne parle pas de l'emballage, je ne suis pas fait en bois, je suis sensible à la beauté du coup d'oeil, mais suis-je si dans la marge d'exiger davantage de ce qu'on me propose?

**ou plus endurant.