Pour un Flirt d'Il Y a 50 ans

Publié le 24 septembre 2021 par Hunterjones
Quelle belle cuvée que la cuvée musicale de 1971.
J'étais dans le ventre de maman en 1971. 

Mais avec le recul, cette année musicale en a été une assez fabuleuse.

Une grande cuvée. Très grande cuvée. Prenez votre drink du vendredi. Ouvrez votre week-end sur ces airs qui ne prennent pas une ride.

Revisitons il y a 50 ans. Musicalement parlant.

25 x la mémorable musique.


Tupelo Honey
de Van Morrison.

Van, sans la formation Them, en est à son 5ème album en 4 ans. Il a de la structure musicale et tangue maintenant vers le gospel par moment. Il a un gros hit pour faire voyager le nom, et le style R & B qui commence à lui coller à la voix. Lumineux comme le miel, nostalgique du déjà vieux Woodstock, et capable d'hymne amoureux. 

Nursery Crime de Genesis

Si sur leur album précédent on devenait chef de file de la musique progressive, sur celui-ci, leur 3ème, on développait une signature bien personnelle. Excentrique Anglais inspirés à la fois de Lewis Caroll et de Syd Barrett, la théâtralité fait sa place dans leur paysage sonore et visuel. Indulgence sur l'instrumentalisation un peu M'as-tu-vu, mais splendeur rythmique tout de même. 


Soleil
de Jean-Pierre Ferland

JP vient de faire un malheur avec son album précédent enregistré avec des musiciens des États-Unis. Il mélange psychédélisme, académisme, utilise merveilleusement les choeurs et Paul Baillargeon dirige un orchestre de plus de 30 musiciens sur la plupart des morceaux. On loge entre Brel et Gainsbourg. Avec même quelques emprunts mélodiques, aux B    eatles, rien de moins. 


Songs of Love & Hate
de Leonard Cohen

La musique de Cohen se tient toujours en marge du texte du poète. Cet album ne fait pas exception, laissant place à beaucoup d'émotion, chose plus rare chez Leonard. Toujours spirituel, il signe ici un grand classique, une immortelle. Dylan en voudra à Cohen de lui voler son producteur. On le remercie d'y avoir pensé. 

Tapestry de Carole King

L'un des albums folk les plus vendus dans le monde est celui d'une brillante femme de Manhattan qui nous offre de l'intime et de l'expressif. Agréable piano, batterie douce, on a parfois l'impression de se trouver dans le salon avec elle, et son chat. Léger, parfois jazzé, c'est un album qui caresse les émotions et illumine les coeurs. 


Hunky Dory de David Bowie    

Ouvrant avec un hymne à la jeunesse qui fera écho, l'album sera un kaleidoscopique déploiement de plusieurs styles. Cinématique, kitch, classique, folk, rock, Rick Wakeman (de Yes) y fait même du piano de cabaret. On ne saura pas si il y a de la vie sur Mars, mais David, se pose la question. Ziggy y répondra très bientôt. 


Meddle
de Pink Floyd    

Composé intelligemment de plusieurs longs morceaux presque totalement instrumentaux, Pink Floyd fait le pont entre le très orchestral Atom Heart Mother, et le conceptuel et historique Dark Side of The Moon qui suivra. Les textures sont riches et on sent un groupe, pas des individus. Délicieuse exploration sonore qui tient encore la route, 50 ans plus tard. 


Electric Warrior
de T.Rex

Blues, électrique, glam, l'album de Marc Bolan serait une grande influence sur les années à venir. Baveux sonorement, strident par moments, délicieusement psychédélique. Funk et rock'n roll. Sensuel et rythmique. Presque R & B et soul. Cet album inspirera encore longtemps.  


There's a Riot Goin' On
de Sly & The Family Stone

Commentaire social engagé et début d'une lente descente aux enfers pour le principal compositeur Sly Stone. Peu empreint de l'effervescence de leur album Stand! mais injecté d'un idéalisme désormais cynique, amer, sceptique, inquiet, le sexe devient pornographie, les excitants prennent maintenant la forme de barbituriques ou de narcotique. Mais toujours groovy, soul, funky et accompagné de piano électrique.  


Blue
de Joni Mitchell

Le 4ème album de cette fierté canadienne est triste, dépouillé, agréable et doux. Il s'agit presque d'une confession. Joni, je la consomme souvent le matin, encore aujourd'hui. Sa poésie oscille entre les relations humaines, l'absence de ces relations humaines, l'espoir d'un monde meilleur, la solitude et l'espace qu'on s'accorde pour ranger ses peines. James Taylor lui aurait écrit la pièce titre, refusant d'en être crédité. Un bel album qui survit pleinement au passage du temps. Intime. Folk. 


Histoire de Melody Nelson
de Serge Gainsbourg

Le maitre Gainsbourg fait appel à Jean-Michel Vannier pour les orchestrations de cet album concept qui aurait peut-être inspiré Alain Robbe-Grillet pour son film, La Belle Captive. Vannier trouvera que Gainsbourg lui fait de l'ombre. Vanité, sors du studio. Très inspiré, avec l'amoureuse Jane dans la peau de Melody, des formations de nos jours comme Air seront toujours inspiré de ce superbe album.  


Maggot Brain
de Funkadelic 

Album à la formidable pochette et au meilleur contenu encore. Funk spatio-rythmique, on débute avec l'enfantement de la planète terre pour la troisième fois(!?!)  La mélancolie rejoint un peu celle du récemment disparu Jimi Hendrix. Généreux album rempli de jams, on expérimente même avec la distorsion des années avant le grunge ou le shoegaze. La batterie est parfois aussi lourde que celle de Bonham. Freak music. Good music. Apocalypse sonore. George Clinton aurait joué certaines parties "comme si sa mère venait de subitement mourir" c'est dire.  


Santana III
de Santana

Généreux album, et album qui succède au sommet de leur carrière, Neal Schon, 17 ans, y brille pour la première fois à la guitare. La formation est brute, sombre, épicée, et plus rock'n roll, toujours trempée dans l'inévitable sauce latine qui compose leurs racines. On cuisine fameusement et avec abondance sur cet album.  


Every Picture Tells a Story
de Rod Stewart

Troisième album solo de The Mod. Hard rock, blues, folk. Qu'on aime ou non l'ancien chanteur des Faces, on ne peut nier qu'il possède une voix tout simplement unique. Romantique portrait d'un jeune homme plein d'ambitions, son classique des classiques s'y trouvera. Fidèle à son habitude, il alterne entre les compositions et les interprétations des morceaux des autres. Bob Dylan, le probable artiste le plus repris dans le monde, n'y échappe pas sur cet album non plus. Sa voix d'harmonica flutée échangée contre celle de papier sablé de Rod Stewart. 


Bryter Layter de Nick Drake.

Album du milieu du fragile et triste jeune homme, aidé à nouveau des membres de Fairport Convention (et de John Cale), le jeune Drake confirme que son premier album n'était pas qu'un feu de paille. Sa vie toutefois, le sera un peu, puisque si brève. Il se l'enlève (ou la perd malhabilement) dans son sommeil trois ans plus tard. Instrumental, folk, jazzy, quelques grooves presque plein de pep qu'on ne lui connaissait pas encore, l'album est agréable à bien des niveaux. Doux et allumé. On dit 1970, mais l'album est bien lancé le 5 mars 1971.


Aqualung
de Jethro Tull.

Le bond entre le son de l'album de 1970 et celui de 1971 du groupe de Blackpool, en Angleterre est prodigieux. Le son électrifié était moins assumé sur Benefit, et moins d'un an plus tard, on lance un album concept sophistiqué et complexe. Bien que le band serait progressif (ironique) deux ans plus tard, on entend déjà quelques bribes de blues sur cet album, trichant vers le prog. Reste un remarquable produit fini. Vous en connaissez beaucoup des bands rocks qui intègrent bien la flûte traversière? 


Fragile
de Yes.

Parlant de prog. Leur troisième effort les fera passer de culte à phénomène mondial. C'est aussi à partir de cet album que l'équilibre musical du groupe s'impose pour de bon. Le psychédélique fait place au futuriste. Rick Wakeman y fait une entrée remarquée dans la formation pour la première fois et il le fait sensationnellement. Chris Squire semble avoir sa base calibrée à 12 et la guitare de Steve Howe est stridente et tout aussi brillante acoustique. Bill Bruford se démarque aussi remarquablement bien. 


Tumbleweed Connection
d'Elton John

Après un album qui avait vraiment mis les noms et les sons de John et Taupin dans toutes les oreilles, le tandem choisit de proposer un album vaguement concept traitant de l'Ouest de l'Amérique du Nord. la moitié des chacun n'a pas une structure musicale conventionnelle. Taupin est fin dans ses propos et John, parfait mélodiste là-dessus. Parfois bluesy, parfois country, parfois gospel, parfois soul, Elton plait à tous. Rod Stewart, un ami pour la vie, reprendra d'ailleurs Country Comfort de cet album.  


Imagine
de John  Lennon

Après le poignant album précédent, cet album apparait plus calme et plus dépouillé. Quelques cordes orchestrales ici, quelques notes de piano là, du picking guitar, de l'idéalisme, du règlement de compte, de l'espoir naïf, de l'anti-guerre, des témoignages d'amour, un certain hypnotisme opère à l'écoute de cet album. John ne sera jamais meilleur aussi longtemps sur un album après celui-là. Le Beatle assassiné ne cessera jamais d'être manqué. 


L.A. Woman
de The Doors.

Dernier et plus blues album incluant Jim Morrison, son ardeur au travail est immanquable et s'entend sur tous les morceaux. Sur la pièce titre, il était isolé dans une salle de bain où il y préférait le son de sa voix. Jazzy pour un morceau mythique, agressif mais aussi mélodique, ça n'annonçait que du bien avant qu'on ne retrouve Morrsion sans vie, dans le bain. Bien ampoulé pour éclairer avant la grande noirceur du dernier effort de l'original quatuor . 


Who's Next
de The Who

Après un burnout occasionné par le travail autour de Tommy, Pete Townshend tricote un album assez éclectique et dont la qualité des morceaux aura été si durable que les séries télés et les films de nos jours s'arrachent toujours une chanson ou deux de cet album. Non il n'y a pas de chanson appelée Teenage Wasteland, c'est Baba O'Riley. Non, ce n'est pas prononcé une seule fois dans la chanson. C'est fort, c'est rock, c'est tendre, salé comme de l'urine sur un madrier. C'est punk dans son esprit. C'est bon. 


Tea For The Tillerman de Cat Stevens

L'album parle de vivre dans un monde moderne, rejetant peu à peu ses codes et la quête spirituelle est déjà évidente. Deux chansons, Sad Lisa et Wild World font référence à Patti D'Arbanville, dont la liaison avec Stevens s'est terminé. On traite de tensions entre générations, mais aussi beaucoup, de religion comme possible option. On parle très certainement de vents du temps et de directions. 


Led Zeppelin IV
de Led Zeppelin

Marian heavy metal, folk, pur rock'n roll et blues, le 4ème album en deux ans, 4ème et dernier non baptisé, l'album est aussi musclé, mythologique, mystique et brutal. Il triche vers l'occulte, merci Jimmy, merci Bobby. Sandy Denny y fait de la voix sur deux morceaux dont un, épique. La construction musicale de Stairway to Heaven fera école et reste encore largement copiée. Led Zep étaient eux-mêmes, larges "emprunteurs de sons", ils n'allaient pas s'en plaindre. Apocalyptique tranche de blues urbain, le son de Led Zep ne viellit pas tant que ça. Ça s'écoute encore très très bien. Une des premières cassettes que je me suis achetée dans ma vie. 


Sticky Fingers
des Rolling Stones

Collage de morceaux rejetés et nouvel effort ajouté (le premier morceau), l'album est le premier comprenant Mick Taylor comme membre à part entière à la guitare. Les Rolling Stones ne seront jamais meilleur band qu'avec Mick Taylor et Keef aux guitares. (rien à dire contre Woody par exemple). La drogue enveloppe cet album. Que soit la morphine ou Marianne Faithfull se réveillant d'un coma, il ne fait aucun doute que l'enregistrement était bien dosé en toxicité. On y va de quelques soupcons country non ironique. Et l'unité musicale, incluant Bobby Keys au saxophone, se soude. Bluesy, rock, country, hard.  


What's Goin' On
de Marvin Gaye.

La maison de disque ne savait pas quoi faire de ce que lui apportait Marvin. Pas même de coupures entre les chansons! de la mélasse ambiante, qui voudra s'y gommer les oreilles? le pari sera pris et le public aura le dernier mot. Un des plus formidables album de tous les temps, avec un message social toujours largement d'actualité. Inspiré d'un homme noir, battu injustement par plusieurs policiers blancs. Une maladie toujours mal soignée dans le monde d'aujourd'hui. Y a même une parenthèse écologique. Tout aussi actuelle alors que plusieurs CEGEP GretaThunbergisent leur vendredi afin de conscientiser la causes des dérèglements climatiques. Fabuleuses voix et guitares. 


Il y a 50 ans, Michel Delpech faisait mouche avec la chanson de l'année en France, Pour un Flirt Avec Toi. 

Zavez le droit de flirter encore, 50 ans plus tard.

Ìl y avait tant à aimer il y a 50 ans,

Il y a surement plus encore maintenant. Un peu de bonne musique dans les tympans.