186°. A la rencontre du baron Pierre de Coubertin.

Publié le 31 juillet 2008 par Jacques De Brethmas

Photo © AFP, Mark Ralston (Le Point)
En 2001 à Lausanne, les dirigeants chinois ont formellement promis de rendre complètement libre la communication des journalistes en échange de l'attribution des jeux olympiques, qui leur était contestée depuis les mésaventures de la presse lors des jeux de 1980 à Moscou.
Que cette promesse n'ait pas été tenue n'est pas une surprise. La promesse non tenue, ce n'est pas une spécialité chinoise, loin de là.
Ce qui l'est davantage, c'est que le Comité International Olympique s'affale devant cet oukaze et avalise cet outrage aux droits fondamentaux avec mollesse, allant jusqu'à laisser entendre qu'ils l'avaient entendu ainsi depuis le début.
Comme disait Chirac, qui s'y connaissait: « Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent ». Penchons nous donc sur l'olympisme et leur fondateur, le baron Pierre de Coubertin. Les recherches sur internet donnent de multiples résultats, à commencer par une foison de sites à la gloire de « cet idéal des temps modernes », agrémentés de recueils de jolies citations.

http://www.evene.fr/citations/auteur.php?ida=3104



Mais si on cherche mieux, on en trouve de moins complaisants, qui ne me semblent pas subjectifs pour autant.

http://cajo.wordpress.com/category/pierre-de-coubertin/
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=394
Dans Jean-Marie Brohm, 1936 - Jeux Olympiques à Berlin, Bruxelles, Editions Complexe, 1983-, on apprend que Pierre de Coubertin avait pour livre de chevet l'ouvrage du naturaliste anglais Sir Francis Galton (l'inventeur du... sac de couchage !) qui s'efforça toute sa vie de démontrer l'inégalité des races humaines, en fondant notamment la revue bien nommée Biometrika dédiée à l'application de la science à la la sélection d'une race humaine idéale.
Toujours à la même source, ajoutons à ses lectures Joseph comte de Gobineau, auteur de l' « Essai sur l'inégalité des races humaines », inspirateur de l'idéologie eugéniste nommément cité en référence dans Mein Kampf.
Pierre et Adolf inspectant le stade de Berlin en 1936
Pierre de Coubertin se consacre au culte du sport et à la virilité, et on le retrouve à une époque de sa vie arbitre de rugby, sport où les mauvaises langues l'accusent d'exceller dans les vestiaires. (Jean Saint-Martin, «Sport, nationalismes et propagande (1918-1939», Histoire du sport en France du second Empire au régime de Vichy, Paris, Vuibert 1955) D'ailleurs, le cher baron ne déclare-t-il pas: « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est à mes yeux, l'adulte mâle individuel. Les J.O. doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs. » (discours lors des Jeux Olympiques de 1912 à Stockholm).
Dans « The review of the reviews » d'avril 1901, il écrit: « La théorie de l'égalité des droits pour toutes les races humaines conduit à une ligne politique contraire à tout progrès colonial. Sans naturellement s'abaisser à l'esclavage ou même à une forme adoucie du servage, la race supérieure a parfaitement raison de refuser à la race inférieure certains privilèges de la vie civilisée. »
Et dans «Les assises philosophiques de l‘olympisme moderne» in L’idée olympique, Stuttgart, - Carl Diem Institut - K. Hoffman verlag, 1967, p. 60.:
« La première caractéristique essentielle de l’olympisme ancien aussi bien que de l’olympisme moderne, c’est d’être une religion. En ciselant son corps par l’exercice comme le fait un sculpteur d’une statue, l’athlète antique honorait les dieux. .
En faisant de même, l’athlète moderne exalte sa patrie, son drapeau et sa race. »
Et encore:
“Les sports ont fait fleurir toutes les qualités qui servent à la guerre : insouciance, belle-humeur, accoutumance a l’imprévu, notion exacte de l’effort à faire sans dépenser des forces inutiles”
ou
encore:
“Comment voudriez-vous que je répudie la célébration de la XIº Olympiade ? (Berlin 1936) Puisque aussi bien cette glorification du régime nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu’ils ont connu.” Ceci dans: Yves-Pierre Boulongne dans « La vie et l’oeuvre pédagogique de P. de Coubertin » (1921 - Editions Lemeac, Quebec 1975)
Lors de la troisième olympiade de 1904 à St Louis (USA), les compétitions furent organisées séparément, en fonction de la "race" des compétiteurs. Les organisateurs américains considéraient en effet les noirs, Turcs, Syriens et autres Sioux comme des catégories exotiques à part, indignes d'être comparés à la fine fleur de l'athlétisme des blancs bien de chez eux.
Voici la liste des mots qui ont été imposés à Google lors de son implantation en Chine, mise à jour en février 2006.
http://www.infos-du-net.com/actualite/6321-censure-chine.html
Parce que tout de même, Télé-Népal Libre, on aurait compris. Mais censurer la sulfureuse BBC, Télé Hong Kong, Télé Taïwan, Amnesty International, etc...
Bien sûr, nos athlètes de 2008 sont loin de toutes ces préoccupations. C'est fort bien mais aussi un peu dommage, car c'est au détour de la subreptice acceptation de la tyrannie chinoise que les sources de l'olympisme moderne sont brutalement exhumées à nos regards incrédules.
Laissons donc nos insouciants sportifs conquérir leurs médailles. Certains ont travaillé toute leur vie pour se parer du hochet. Nous n'avons pas tous les mêmes plaisirs.


Mais sommes-nous obligés de regarder une compétition qui exacerbe les sentiments nationalistes et cherche ses racines dans des principes racistes et discriminatoires?
En gardant nos télévisions éteintes, nous anéantirions les audiences qui garantissent, par la manne des droits de retransmissions et des publicités qui les saucissonnent, la pérénnité de cet événement.