Jean-Pierre Schlunegger – Je marche vers le jour…

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Je marche vers le jour
Vers la voûte où se cristallise la lumière
Des hautes glaces de la nuit,
Où les visages mal-aimés se transfigurent
Où le cri de la mort s’étire et devient chant.

Plus rien ne pèse sur la soie des jours qui s’aiment.

Je m’éveille à l’air pur, je crois à l’innocence,
L’après-midi serein, les feuilles dans les bois.
Je m’éveille à l’air pur, je crois aux mains légères
Qui déchirent la brume odorante des baies.
Je m’éveille aux regards, aux lèvres de la pluie
Je n’entends plus frapper les rames de la mort…

Mais le ciel charbonné
Mais les murs cochonnés
La lessive qui fume
Encrassant le soleil
La barbe qui sent mauvais
La cigarette éteinte
Tout ce mal qui est là
Et qui ne passe pas.
Tout de suite il faudrait aimer
Avant que l’amour ne s’oublie…

***

Jean-Pierre Schlunegger (1925-1964)