Le-Saviez-Vous ? Les vieux ne sont pas "rentables"

Par Lebibliomane

Vous vous êtes peut-être rendus récemment chez votre médecin. Dans la salle d'attente, il est possible que, parmi les différents magazines exposés sur la table basse, vous soyez tombés sur un exemplaire du Point en date du 3 Juillet dernier. Votre attention aura peut-être été attirée par cet article de la rubrique "Société", intitulé "Très chers médicaments".
On y revient, bien évidemment, sur la santé publique, la jugeant comme toujours de plus en plus dispendieuse, discours que l'on nous martèle depuis de nombreuses années afin de préparer l'opinion publique au démantèlement progressif - et que l'on voudrait nous faire croire nécessaire - d'un système exemplaire basé sur la solidarité.
Bref, rien de nouveau sous le soleil, Le Point joue encore ici la carte d'un gouvernement fermement décidé à dépouiller les français de tous les acquis sociaux chèrement gagnés au siècle dernier, acquis sociaux qui faisaient de la société française une exception et un exemple pour toutes les nations.
Mais là où l'article devient intéressant, c'est lorsque Le Point nous gratifie d'un entretien avec Pierre Le Coz, agrégé de philosophie, docteur en sciences de la vie et de la santé et, surtout, vice-président du Comité consultatif national d'éthique. Voici donc le point de vue de cet éminent penseur. Si vous êtes retraîtés vous allez apprécier !
« Pendant longtemps, la France a considéré que la santé d'un individu n'avait pas de prix et que le médecin ne devait pas agir en comptable. Notre société était individualiste, c'est-à-dire qu'elle était au service de l'individu : ce dernier ne devait pas être sacrifié à l'intérêt collectif. On pouvait se payer le luxe d'opérer tout le monde, y compris quand ce n'était pas indispensable. Cette philosophie a prédominé jusque dans les années 80. Puis on a commencé à s'interroger sur les sommes englouties au nom de la santé de chacun. La position utilitariste, déjà en vigueur dans les pays anglo-saxons, a commencé à émerger chez nous, suscitant beaucoup de réticences de la part des médecins. Mais ils ont dû admettre que notre système allait "dans le mur", et qu'il fallait donner la priorité à l'intérêt de la collectivité.
L'individualisme a vécu. Nous assistons à la fin d'une période glorieuse de notre histoire. Avec le vieillissement de la population-que l'on n'a pas correctement anticipé-et la multiplication des pathologies associées à l'allongement de la vie, on s'inquiète des dépenses à venir. Nos ressources n'étant pas illimitées, il faut essayer de les répartir de façon plus rationnelle. Aujourd'hui, on est bien obligé d'admettre que, si la santé n'a pas de prix, elle a un coût. Et les médecins doivent désormais tenir compte du prix des médicaments dans leurs décisions. Notre vision va devenir "sacrificielle" : il vaut mieux correctement prendre en charge un père de famille de 40 ans, qui est rentable pour la société, qu'une personne de 80 ans qui n'a plus toute sa tête. C'est évidemment un constat tragique. Mais nous n'avons pas le choix. Reste à trouver le meilleur équilibre entre les intérêts de l'individu et l'intérêt collectif. »


Voilà un discours qui laisse rêveur de la part d'un docteur en sciences de la vie et de la santé mais surtout du N° 2 du Comité consultatif national d'éthique.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour ma part je me faisais une autre idée de l'éthique. N'ai-je rien compris ? Suis-je trop naïf ? Ou bien est-ce monsieur Pierre Le Coz qui n'a pas saisi toutes les conséquences de son argumentation ?
Je ne peux que souhaiter à Monsieur Le Coz de vivre longtemps et en bonne santé et de ne pas avoir à s'occuper de parents âgés et devenus dépendants. Je ne peux pas m'empêcher non plus de penser qu'il y a vraiment des coups de pied au cul qui se perdent !