Le monde en musée

Publié le 12 novembre 2021 par Detoursdesmondes

Beaucoup d'entre vous doivent connaître la base de données, MuseoArtPremier lancée entre 2005 et 2006 en ligne (collections extra-européennes conservées par les musées français, database Afrique Amérique Asie Océanie).
Il existe également l’annuaire Kimuntu (annuaire des collections extra-européennes françaises et des professionnels associés) développé entre 2008 et 2014 par Emilie Salaberry-Duhoux, directrice du MAAM (Musées, Archives et Artothèque d'Angoulême).
Citons encore l’annuaire des collections océaniennes en France mené à partir de 2004 par Roger Boulay pour le ministère de la Culture qui avait établi un historique précis et une estimation des collections dans 116 musées. Il faisait suite à des premiers travaux qu'il avait engagés à l’initiative de Jean-Marie Tjibaou dès 1979, et qui ont été repris ensuite dans le cadre de l’Inventaire du Patrimoine Kanak Dispersé (IPKD) entre 2011 et 2015 sous la double direction de Roger Boulay et d’Emmanuel Kasarherou.
Un nouveau site, pensé comme une cartographie a vu le jour: Le monde en musée.
Celui-ci a été mis en œuvre à l’INHA dans le cadre du projet "Vestiges, indices, paradigmes : lieux et temps des objets d’Afrique (XIVe-XIXe siècle)" et mis en place par Claire Bosc-Tiessé en 2017.

Cette nouvelle cartographie s'est naturellement aidée des bases de données existantes, mais a regroupé, de plus, des informations bibliographiques multiples, et analysé les inventaires quand cela a été possible. Elle s'est aussi appuyée sur des initiatives antérieures, celle d'Étienne Féau sur les collections du sud-ouest de la France, celle menée sous la direction de Laurick Zerbini dans la région Rhônes-Alpes, celle de Josette Rivallain, sur le catalogage des collections ethnographiques d'un certain nombre de muséums d’histoire naturelle.
Pour encore compléter toutes ces études, Hélène Guiot a participé à la relecture et l’abondement des fiches sur les collections océaniennes en juin-juillet 2021.
Un superbe projet et outil pour qui s'intéresse à l'histoire des collections !
"UNE CARTOGRAPHIE DES COLLECTIONS D'OBJETS D'AFRIQUE ET D'OCÉANIE: QU'EST-CE QUE CELA VEUT DIRE ?
Cette cartographie s’ouvre sur une carte, redessinée, car une carte est toujours une projection déformée. Ici, nous avons fait tourner le globe terrestre et ce n’est plus l’Europe qui apparaît au centre mais un espace reformulé entre l’Afrique et l’Océanie. C’est aussi l’entre-deux de la collection qui recrée un monde bien à elle et c’est ce monde que cette cartographie balise. Elle se veut un outil pour faire mieux connaître les collections d'objets d'Afrique et d'Océanie en France et favoriser le développement des recherches sur ces objets et les sociétés dont ils sont issus comme sur les collections et les modes d’acquisition dans les relations entre la France, l’Afrique et l’Océanie. A cette fin, elle rassemble les informations préliminaires, résume les recherches quand elles ont déjà été menées et présente celles qui ont été développées à cette occasion par le groupe de recherche de l'INHA à partir, notamment, des inventaires envoyés par les musées quand cela a été possible.
Cette cartographie présente des fonds d’objets et non pas des objets à la pièce : elle décrit rapidement le musée et la place qu’y occupent les collections d’objets africains ou océaniens. Elle détaille – autant que possible – l’histoire de la collection depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, mentionne ses objets phares ou particulièrement méconnus, et évoque ses spécificités. Elle cite aussi les archives directement afférentes aux collections quand elles sont connues, tout particulièrement les inventaires anciens et les carnets de voyage des acquéreurs. Au-delà des rubriques sur la provenance et la bibliographie, cette cartographie permet une recherche plein texte pour rassembler les informations sur les origines géographiques des objets, les typologies d'objets présents dans les collections, les noms des collectionneurs et des marchands, etc. Il faut noter qu’il est souvent délicat de donner un nombre précis de pièces, d’autant que les inventaires les regroupent parfois par lot.
Cette cartographie vous permettra de repérer des lieux à visiter, des collections à découvrir et à investiguer. Ce n’est toutefois pas un guide de visite. Il faut effectivement noter que ces objets ne sont pas toujours exposés, et en tout cas, pas tous. Les sites web des musées vous offriront alors les renseignements nécessaires et vous permettront de les contacter pour plus d’informations. Nous avons considéré les institutions propriétaires mais certains musées bénéficient de dépôts de longue durée. Le musée de la Compagnie des Indes à Port-Louis, par exemple, ne possède pas d'objets africains mais en expose dans son parcours permanent et il nous a semblé intéressant de l'inclure au titre de musée où voir des objets africains dans le Morbihan.
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En septembre 2021, cette cartographie comprend 246 musées : 108 institutions comptent des collections provenant de ces deux continents, 116 des objets africains uniquement et 21 des objets océaniens seulement. Pour le dire autrement, 224 musées possèdent des objets africains, 218 en réalité si on soustrait de ce nombre les musées disparus, et 129 des objets océaniens. Cette liste a vocation à s’allonger avec la poursuite des recherches et votre aide. Effectivement, la consultation des musées continue et beaucoup d’autres musées comprennent sans doute ne serait-ce que quelques objets d’Afrique, d’Océanie peut-être plus rarement. La mise au jour de nouveaux fonds est donc tout-à-fait probable comme en témoignent l’exposition du musée Saint-Remi de Reims à l'été 2021, avec notamment la rédécouverte d'une salière africaine en ivoire du 16e siècle, conservée dans les musées de la ville depuis le 18e siècle. D'autres collections sont aussi apparues qui étaient à tout le moins méconnues : celle du musée des Ursulines de Mâcon ou celle du département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France. L’histoire des musées se poursuit aussi : la collection privée des époux Cligman, comprenant quelques objets d’Afrique et d’Océanie, a fourni le fonds du musée d’Art moderne qui a ouvert très récemment dans l’abbaye de Fontevraud, pour ne donner que cet exemple".