La nouvelle saga de l'été de la mort qui tue: dernier épisode

Par Pandora

Pour ceux qui auraient raté les 3 premiers épisodes, la version complète est ici

Je restais ainsi prostré pendant un long moment, recroquevillé sur le sol, les bras autour de mes genoux et le dos secoué par les sanglots. A pleurer toutes les larmes de mon corps. A pleurer toute l’eau (et un peu de bière) de mon corps.

Je m’arrêtai brutalement quand je réalisais que je n’avais rien à boire… sinon l’eau du lac que je préférais toutefois éviter autant que possible. Je levais les yeux au ciel espérant y trouver les prémices d’une averse ou d’un orage mais le ciel était désespérément bleu et dégagé. Et il était hors de question que je me remette à pleurer, je ne tenais pas à finir lyophilisé comme une figue séchée. Savez-vous qu’on résiste beaucoup mieux à la faim qu’à la soif ? Il n’est pas possible de survivre plus de quelques jours sans boire et moi je venais de gâcher toute une eau qui m’aurait été tellement utile en vaines larmes de crocodiles !

Je faisais un bien piètre Robinson Crusoé, je m’en rendais bien compte désormais.

Mon psy avait raison, il valait mieux que je m’évade dans mes rêves, la réalité était bien trop dangereuse pour quelqu’un comme moi. Je tentais quelques « Zen-soleil- lumière- paradis- bonheur » mais le cœur n’y était pas, n’y était plus.

Et Mère qui devait commencer à s’inquiéter, il était vraiment temps de rentrer.

J’apercevais des gens à l’autre bout du rivage et je ne tenais pas à rentrer dans l’eau nu comme un ver, avec peut-être des poissons carnivores prêts à découper mon appendice d’un coup de leurs dents pointues. Non, je décidais d’essayer d’attirer leur attention en criant et en leur faisant de grands signes.

Je m’égosillais pendant un bon bout de temps, y laissant encore quelques litres de ma précieuse salive quand j’entendis enfin le bruit d’un moteur. J’essayais de localiser l’origine du bruit et je vis alors la vedette qui s’approchait. Mes sauveurs ! En bleu avec un uniforme de la police.

Je m’approchais vers la vedette mais un de mes sauveurs sortit un porte voix en me mettant en joue avec, mon Dieu, un pistolet ! C'est moi la victime, le naufragé !

-   Levez vos mains en l’air et restez sur le rivage 

-   Mais messieurs, je ne fais rien de mal

-   Tu peux peut-être nous dire ce que tu fais complètement nu sur cet ilot alors ? Heureusement qu’on nous a prévenu avec tous les enfants qui jouent dans le parc

-   Mais messieurs, c’est une horrible méprise. Et pourquoi me tutoyez-vous ?

-   Tu nous prends pour des imbéciles, tu vas peut-être nous dire que tu t’es fait agresser par une bande de voyous qui t'ont pris tous tes vêtements! 

-   Mais parfaitement messieurs, vous les avez arrêtés ?

Les deux policiers à bord du bateau se regardent et se sourient, en se moquant de moi. "On est encore tombé sur un comique ! " L’un se penche pour sauter à terre pendant que l’autre me tient en joue

-   Mais oui messieurs, je voulais jouer les Robinson Crusoé pendant les vacances de mon psy et...

-   Tu ne baisses pas les bras et tu les gardes sur ta tête. Compris ?

En fait, vous comprendrez, je pense, que je cherchais à cacher mon… hum, c’est très gênant … sexe, avec mes mains. Eux ne l’ont pas compris. Je commençais à devenir très anxieux aussi je commençais à réciter les mots qui me rassurent « Zen- soleil- lumière- paradis- bonheur ». Les deux policiers se sont regardés et l’un d’eux a tapé de son index sur sa tempe en me regardant

-   Non, attendez messieurs, je ne suis pas fou, je ne suis que dépressif chron…

-   Calme-toi d'accord !

-   Mais je suis très calme...  Zen- soleil- lumière- paradis. Hummmpfff

Je m’interromps, plaqué brutalement au sol et maintenu ainsi par un genou enfoncé dans le creux de mes reins. Je sens qu’on me tire brutalement les bras en arrière et me passe quelque chose de froid autour des poignets

-   Mais arrêtez, je ne suis pas un crimi…

-   Ta gueule maintenant. Appelle le PC, dis-leur qu’on a un cinglé et qu’on a besoin d’une ambulance

-   Mais…

-   Tu vas te la fermer espèce de pervers.

Pervers ! Moi ? J’espère que vous, vous comprendrez qu’à ce stade ça commençait à faire beaucoup pour moi, Tanguy Chartier de la Bonbonnière, cinquième du nom, et que n’importe qui d’autre aurait craqué. Je me suis mis à hurler et à essayer de me débattre, ce flic dans mon dos jusqu’à ce qu’une autre vedette arrive avec des malabars  en tenue blanche…

  
  
  
  
Et maintenant je suis dans cet hôpital assis en face d’un médecin qui me regarde et m'écoute en poussant des "Hummm, Hummm...". Deux grands costauds sont debout dans son dos, comme si j'étais dangereux ! On m’a passé une chemise blanche de l’hôpital avec des manches qu'on noue dans le dos et fait une piqure de quelque chose. Pour tout dire, je me sens un peu vaseux et j'ai du mal à préciser mes pensées, j'espère donc que ce que je dis n'est pas trop confus.

Il m’écoute en secouant la tête tandis que je lui explique que je ne suis pas fou du tout, et que ce qui arrive est une regrettable méprise. Que je voulais être Robinson Crusoé pendant que mon psy était en vacances pour vaincre ma phobie de la mer. Montagne-neige-montagne. Désolé
Mais ce psy me regarde d’un drôle d’air.

Et là, je commence vraiment à m’inquiéter. Vous savez, à cause de tout ce qu'on raconte sur la santé mentale des psys... 
Parce que ce psy ne m’a pas l’air net du tout…