Qui sont les riches ou pourquoi Marx et Piketty se sont plantés

Publié le 11 décembre 2021 par Magazinenagg

 par Nicolas Lecaussin

La très grande majorité des riches aujourd’hui sont des entrepreneurs qui créent des centaines de milliers d’emplois et rendent notre vie plus facile. Dans le classement Forbes, entre 2001 et 2021, le nombre d’entrepreneurs a été multiplié par 7.2 et leur fortune par 10.5. Les monter en épingle serait certainement bien plus incitatif, dynamique et productif, que les décrier.

Le riche est le bouc émissaire parfait

En France, on n’aime pas les riches. C’est un fait connu, il appartient en quelque sorte à notre culture, nombre de politiques et de médias ne manquent pas de le rappeler régulièrement. Le ministre de l’Economie rêve de taxer les multinationales et d’instaurer une société plus « juste ». Même des politiques se disant de droite n’osent pas glorifier ceux qui ont fait fortune. Ils les critiqueraient plus volontiers, au nom de la fameuse et fumeuse « justice sociale ». Le riche est le bouc émissaire parfait. Lorsque Bernard Arnault apparaît en tête des plus grosses fortunes mondiales, qui s’en montre fier pour la France ? Un journal a même osé faire sa Une avec le titre « Casse-toi, riche con ! ».

Marx soutenait que le capital allait s’accumuler et se concentrer de plus en plus entre les mains d’une poignée de personnes. Piketty, un homme à succès dans notre pays, lui avait emboîté le pas, ayant naguère fustigé une augmentation très forte des richesses et des inégalités croissantes dans les sociétés capitalistes. Curieusement, il n’aborde plus le sujet dans son dernier livre. S’est-il rendu compte qu’il avait eu tort ? Nous n’en doutons, nous, évidemment pas et il existe une façon très simple de prouver que le grand penseur et le petit suiveur se sont trompés. Il suffit de considérer objectivement les riches et la manière dont ils font fortune.

France : 10 % les plus riches versent environ 72 % du total de l’impôt sur le revenu. Etats-Unis : 1% des contribuables = 39,6% des recettes fiscales

Prenons le classement Challenges des fortunes françaises. En tête, Bernard Arnault, les familles Hermès, Wertheimer (Channel), Bettencourt (L’Oréal) et Pinault. Toutefois, parmi les 100 premiers, on constate une importante mobilité. En seulement un an, environ 90 fortunes sur 100 ont changé de place. Neuf nouveaux ont fait leur entrée, dont quatre ne faisaient même pas partie jusqu’ici des 500 plus grandes fortunes de France : Evan Spiegel (20e !), cofondateur de Snapchat, Olivier Pomel et Alexis Lê-Quôc (25e), cofondateurs de Datadog, Stéphane Bancel (66e), patron fondateur de Moderna Santé et Bernard Magrez (89e), à la tête de 42 vignobles. Les 10 premières fortunes de France représentent plus de 800 000 emplois. Ils payent des impôts, contrairement à ce que soutient Monsieur Piketty. Les 10 % les plus riches versent environ 72 % du total de l’impôt sur le revenu, selon les chiffres du Budget. Et les 2% de foyers fiscaux déclarant plus de 100.000 euros de revenus annuels en règlent à eux seuls plus de 40 %.

Aux Etats-Unis, les plus riches sont aussi, de loin, les plus gros contributeurs : 95% du total des impôts et des taxes sont payés par seulement 5% d’entre eux. C’est encore plus spectaculaire si l’on prend les chiffres à l’envers et tout au sommet : 1% des contribuables = 39,6% des recettes fiscales. Il est faux donc de dire, comme le fait Piketty dans ses travaux sur les riches Américains, que ceux-ci ne payent pas d’impôts.

Classement Forbes : entre 2001 et 2021, le nombre d’entrepreneurs a été multiplié par 7.2 et leur fortune par 10.5.

Nous avons encore plus convaincant avec le dernier classement Forbes (2021), qui contredit encore plus les thèses marxisantes de Piketty et de ses collègues. Certains sont sortis de ce classement depuis l’année 2020 mais globalement, les 2 755 milliardaires de la liste comptent 493 nouveaux : ils ont poussé au rythme d’environ un toutes les 17 heures ! Jeff Bezos est l’homme le plus riche du monde pour la quatrième année consécutive, avec une fortune estimée à 177 milliards de dollars ; Elon Musk a grimpé à la deuxième place avec 151 milliards de dollars. Tous les deux sont des entrepreneurs, des self-made men. Regardons d’ailleurs l’évolution du nombre d’héritiers et d’entrepreneurs parmi les plus riches depuis 20 ans :

Héritiers et entrepreneurs entre 2001 et 2021 (Forbes)


Entre 2001 et 2021, le nombre d’entrepreneurs a été multiplié par 7.2 et leur fortune par 10.5. Le nombre d’héritiers, lui, est resté à peu près stable. C’est donc bien la catégorie des premiers qui a explosé. Parmi les nouveaux, 40 sont entrés dans le classement durant l’année de la pandémie (2020). On y voit Stéphane Bancel (fondateur de Moderna), Ugur Sahin (fondateur de BioNTech) ou Timothy Springer, chercheur…Tous ont contribué aux vaccins, tests ou traitement contre le Covid.

La liste Forbes 2021 des milliardaires du monde comprend 328 femmes, un nombre en hausse de plus de 36% par rapport à l’année précédente

Dans cette liste Forbes, une dizaine de milliardaires ont moins de 30 ans. Tel Austin Russell (26 ans) qui a passé son adolescence à faire des recherches à l’Université de Californie et au Beckman Laser Institute d’Irvine. Il a fondé la startup Luminar Technologies après avoir obtenu une bourse de 100 000 $ octroyée par… le milliardaire Peter Thiel. Ses capteurs aident désormais les voitures autonomes, Volvo, Toyota et Intel’s Mobileye, à « voir » en 3D. La société a été cotée via une fusion SPAC en décembre 2020, catapultant l’entrepreneur dans les rangs des milliardaires du jour au lendemain. Il est le plus jeune milliardaire autodidacte au monde.
La liste Forbes 2021 des milliardaires du monde comprend 328 femmes, un nombre en hausse de plus de 36% par rapport à l’année précédente, dont fait partie aussi la plus jeune femme milliardaire autodidacte du monde : Whitney Wolfe Herd (31 ans), cofondatrice de Bumble. Elle est l’une des 63 femmes qui ont rejoint pour la première fois la liste des milliardaires.

Mobilité et entrepreneuriat, voilà deux ingrédients qui semblent décisifs pour intégrer le club des personnes les plus riches au monde. On pourrait ajouter la philanthropie car pratiquement tous ont créé leur propre fondation ou donnent de l’argent à d’autres, à moins que ce ne soit à des œuvres caritatives. La fondation Bill Gates est célèbre dans le monde entier, mais beaucoup d’autres dirigeants, plus discrets, moins médiatisés, jouent aussi un rôle de première importance. Peu de gens connaissent Jares Isaacman (fortune estimée à 1.7 Mds), cofondateur et PDG de Harbortouch (un processeur de paiement) et fabricant de matériel de traitement des paiements. Il a fait un chèque de 100 millions de dollars à l’hôpital de recherches pour enfants St. Jude. Ou bien Timothy Springer, qui a donné 30 millions de dollars pour créer l’Institute for Protein Innovation, une organisation à but non lucratif.
Les plus riches aujourd’hui (à ne pas confondre avec les faux riches des pays mafieux) sont très loin de l’image qui leur est donnée par de nombreux économistes, politiques ou journalistes. Pourtant, quels meilleurs exemples pour des jeunes ? Les monter en épingle serait certainement bien plus incitatif, dynamique et productif, que les décrier.