Désamour

Publié le 05 août 2008 par Jlhuss

C’est encore tellement rare, que la décision mérite d’être commentée. Un brillant « produit » de notre école républicaine, bardé des diplômes les plus prestigieux, ancien Ministre de la République décide d’abandonner la vie politique à 48 ans, pour se consacrer à l’entreprise.  Renaud Dutreil, normalien, énarque et diplômé de Sciences-Po Paris, a été entre 2002 et 2004 secrétaire d’Etat aux PME et au Commerce, puis ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat en 2004-2005 et enfin ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales entre 2005 et 2007. Il est député de la Marne depuis 2007.

Certains gloseront sur ses engagements … D’autres rappelleront sa défaite Rémoise pour cause de Vautrin etc. Ils n’empêcheront pas de reconnaître que cet homme de très grande culture est très brillant. Alors une note, pourquoi ? Parce que je crois profondément que nous allons assister de plus en plus à ce type de désintéressement prononcé de notre élite pour la politique.

En premier lieu parce que contrairement à la croyance populaire ce n’est pas le lieu de la « fortune » lorsque l’on exerce son mandat dans le respect des Lois, ce qui semble la moindre des choses.

En second lieu, sans doute, parce que la « pipolisation » excessive vient souvent « rebattre les cartes », faisant d’un Tapie, par exemple, une vedette beaucoup plus crédible qu’un universitaire sortant de normale sup.

Enfin parce que à force de dénigrer le monde politique on en arrive à en faire un repoussoir pour les meilleurs. Pourquoi continuer ainsi à essuyer les lazzis de ses compatriotes, les suspicions permanentes, les basses critiques, alors qu’un métier « prestigieux » vous assure en général, l’aisance financière, le respect et l’admiration de vos congénères ? La fuite des cerveaux de la vie publique va s’accélérer d’autant plus que le monde « libéral » l’emportera sur l’Etat  Républicain et organisateur. C’est inéluctable.

Il en restera toujours pour se ruer dans les “brèches”, me direz-vous à juste titre. C’est évident, mais le “niveau” risque de baisser sensiblement.

Pourquoi je quitte la vie politique, par Renaud Dutreil
LE MONDE | 04.08.08