L’art délicat de farcir des fleurs de courgette

Par Estebe

Groumph!


Nous autres gros bonhommes velus, bourrés de testostérone explosive et de Kronenbourg tiède, avons certes des qualités en cuisine. Faire cramer une côte de bœuf à feu préhistorique, désosser un sanglier avec les dents, écraser des patates crues entre les fesses; ça, on peut le faire.
En revanche, mieux vaut recourir à des mains féminines quand il s’agit de farcir à la ricotta une fleur de courgette à peine éclose. C’est délicat ces choses-là.


Plantons-nous donc dans un coin de la cuisine. Et observons Mme Sonson à l’œuvre.
1 Mme Sonson fait la farce en touillant ricotta, pulpe de tomates hachée finement, éclats d’olive noire et basilic haché. Elle sale. Elle poivre. Elle goûte. Elle hoche du bonnet, satisfaite.
2 Mme Sonson attrape gentiment la fleur de courgette de la main gauche, l’écarquille, et la remplit de farce à gestes mesurés, jusqu’à l’orée des pétales. D’une suave et précise torsion, elle ferme ensuite la fleur entre le pouce et l’index. Avant de la ficeler.
3 Mme Sonson dépose doucement ses fleurs ainsi farcies dans la poêle, avec un peu d’eau et d’huile d’olive. Et fait cuire, à couvert et feu soft, cinq minutes. Retourne avec précaution les fleurs. Et poursuit dix minutes de plus, en baissant encore le feu.
4 Le mec de Mme Sonson sort de son coin dans la cuisine, attrape trois fleurs de courgette d’un coup. Et les avale cul sec en faisant des bruits infâmes. Scrounnnnchhhhh.
A bintôt. Et vivement bintôt.