La Pluie d’été de Marguerite Duras

Par Etcetera

Note pratique sur le livre :

Genre : roman
année de parution : 1990
Nombre de pages : 148
Editeur : Folio (première édition chez P.O.L.)

Note sur l’écrivaine :

Marguerite Duras (1914-1996) de son vrai nom Marguerite Donnadieu est une femme de lettres, cinéaste, scénariste et dramaturge française. Elle est d’abord affiliée au mouvement du Nouveau Roman. En 1950, son livre autobiographique Un barrage contre le Pacifique lui vaut un grand succès et la notoriété. En 1959, elle écrit pour Alain Resnais le scénario d’Hiroshima mon amour, qui lui vaut une nomination aux Oscars. Son plus grand succès publique sera L’Amant en 1984, qui lui vaut le Prix Goncourt. Elle fut et reste considérée comme l’un des principaux écrivains français du 20è siècle. Son style a inspiré de nombreux auteurs de la génération suivante.

Quatrième de Couverture :

Après un long silence dû à la maladie, Marguerite Duras publiait en 1990 La pluie d’été. Ernesto, le héros, vit dans une famille nombreuse et pauvre : parents immigrés, chômeurs, mais son environnement ne l’empêche pas d’être un génie. La complicité entre Ernesto et sa sœur Jeanne les conduit à l’inceste. Ernesto est heureux dans le malheur de l’être. Ce qu’il vit est un bonheur contradictoire, douloureux. Le feu sous la cendre. La vraie chaleur et le seul espoir sont dans la complicité qui unit les membres de la famille.
Ernesto et Jeanne, après la pluie d’été qui marque la fin de l’envoûtement et de l’enfance, se sépareront.

Mon humble avis :

Je suis un peu mitigée sur ce livre. Si certains passages m’ont semblé très beaux, littérairement très réussis, à d’autres moments j’ai été légèrement agacée par le côté artificiel et alambiqué de ce style d’écriture, et notamment pour ce qui concerne les dialogues, qui sonnent souvent assez creux.
En effet, ce roman comporte de très nombreuses scènes dialoguées (nombreuses et longues), ce qui nous rappelle que ce livre est l’extension et le prolongement d’un scenario de film (Les Enfants, que Duras a tourné en 1985, avec André Dussollier et Pierre Arditi dans les rôles principaux).
C’est cependant un livre agréable, qui se lit facilement, d’autant plus facilement qu’il n’est pas très long (je l’aurais sans doute beaucoup moins apprécié avec 120 pages de plus, le style aurait fini par me lasser).
Le thème principal de ce livre est « le savoir et la connaissance » – avec les deux grandes interrogations parallèles : « faut-il apprendre des choses que l’on ne sait pas ? Ou plutôt des choses que l’on sait ? » – des questions qui peuvent sembler saugrenues au premier abord, voire carrément absurdes, et que l’on choisira (ou pas) d’envisager.
Je ne suis pas sûre qu’il me restera grand-chose de cette lecture dans un mois ou deux, mais bon, ça peut aller.

Un Extrait (qui m’a plu) page 48 :

Aux yeux des brothers and sisters, grands et petits, que ce soit clairement ou pas, la mère fomentait en elle une œuvre de chaque jour, d’une importance inexprimable, c’était pourquoi elle avait besoin de s’entourer de silence et de paix. Qu’elle aille vers quelque chose, la mère, cela tout le monde le savait. C’était ça, l’œuvre, cet avenir en marche, à la fois visible, imprévisible, et de nature inconnue. Rien n’en limitait l’étendue parce que pour eux ce n’était pas nommé ce qu’elle faisait la mère, c’était trop personnel. Pas de mot pour ça, c’était trop tôt. Rien n’en contenait le sens entier et contradictoire, même pas le mot qui l’aurait dit. Pour Ernesto c’était peut-être déjà une œuvre, la vie de la mère. Et c’était peut-être cette œuvre qui, retenue en elle, faisait ce chaos.

Un autre Extrait (qui m’a déplu) page 128 :

Jeanne : On ne le sait pas que Dieu n’existe pas.
Les voix de Jeanne et d’Ernesto sont douces, elles se ressemblent.
Ernesto : Non. On le dit seulement, mais on ne le sait pas. A quel point il n’existe pas, même toi, tu ne le sais pas.
Jeanne : Tu dis : il n’existe pas comme tu dirais qu’il existerait.
Silence.
Ernesto : Qu’est-ce que tu as dit ? Tu as dit comme s’il existerait.
Jeanne : Oui.
Silence.
Ernesto : Non.
Jeanne : Tu as dit : Dieu n’existe pas comme une fois tu avais dit : Dieu il existe.
Silence.
Jeanne : Si c’est possible qu’il n’existerait pas, alors il est possible qu’il existe.
Ernesto : Non.
Jeanne : Comment il existerait alors s’il n’existe pas ?
Ernesto : Comme partout dans le monde, comme pour toi comme pour moi. C’est pas une question de : plus que ça ou de moins que ça ; ou de : comme si il existerait ou de : comme si il existerait pas, c’est une question, personne ne sait de quoi.
(…)

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