Delphine Saada – Celle qui criait au loup

Par Yvantilleuil

Pour son premier roman, Delphine Saada invite à suivre les pas d’Albane, une infirmière modèle admirée par ses collègues…mais dont il ne savent finalement pas grand-chose. D’ailleurs, à la maison, l’ambiance se dégrade progressivement. Exigeante et particulièrement stricte, voire même froide, cette mère de deux jeunes enfants ne prend en effet plus aucun plaisir à les élever et entretient même une relation de plus en plus conflictuelle avec sa fille de six ans. Multipliant les punitions de plus en plus sévères, son comportement commence même à inquiéter son mari, qui l’oblige à entamer une thérapie…   

Derrière cette couverture particulièrement trompeuse, la vie est loin d’être entièrement rose. Dès les premières pages, l’autrice installe d’ailleurs une ambiance pesante, voire légèrement malsaine, qui fait très vite comprendre au lecteur que quelque ne tourne pas rond. D’ailleurs, le personnage d’Albane a beau forcer l’admiration de ses collègues, elle a beaucoup plus de mal à plaire au lecteur, qui aimerait bien découvrir les origines de ce comportement étrange. Comment une mère peut-elle être dépourvue de fibre maternelle au point de ne pas aimer son enfant ?

Si le roman s’ouvre et se referme sur un épisode de fin mars 2016, il remonte immédiatement deux ans dans le temps, invitant à suivre la longue psychanalyse de son personnage principal. Cette mise à nu progressive de la fêlure à l’origine de ce trouble du comportement invite à accompagner Albane au bord d’un gouffre psychologique d’une profondeur extrême, dont les émotions remontent par vagues, fulgurantes et douloureuses, et du fond duquel on distingue finalement une petite voix qui crie désespérément au loup…   

Un très bon premier roman et une autrice à suivre !

Celle qui criait au loup, Delphine Saada, Plon, 272 p., 18 €

Ils en parlent également : Hedwige, Karine, Azilis

éé