Strasbourg : Compte à rebours pour la Librairie Gallimard du monde entier

Publié le 07 août 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Vendredi, 08 Août 2008 00:18

La Librairie Kléber ouvre le 4 septembre l'Aubette aux langues et aux cultures d'ailleurs le 4 septembre prochain.


L'événement n'est pas que strasbourgeois. Il est aussi national et européen. Il n'est pas que commercial. Il est d'abord culturel. C'est un triple pari que La Maison Gallimard fait à partir du 4 septembre place Kléber, à Strasbourg, en ouvrant à l'Aubette, une librairie vraiment internationale. Multilinguisme et outils pour l'apprentissage des langues

Pari commercial : En une époque où le livre, l'édition, la librairie connaissent de nouvelles mutations qui exigent de nouvelles mesures de promotion et de soutien, un tel espace en plein centre ville, en face de l'actuelle Librairie Internationale  Kléber, est un vrai défi

Pari intellectuel : La capitale démocratique de l'Europe citoyenne est digne d'accueillir ce nouveau foyer de lecture, donc de réflexions et d'esprit d'ouverture

Pari politique : A Strasbourg, où l'expression « Penser l'Europe » doit prendre plus de sens, un tel outil peut et doit constituer un modèle du genre.

Le nom même de cette nouvelle librairie est chargé d'une force symbolique : La Librairie Gallimard du Monde entier reprend le nom d'une des plus anciennes collections de la Maison crée par Gaston : « du monde entier »  a été créée en ...1931. Plus de 1 700 titres, 800 auteurs, plus de 11 millions d'ouvrages vendus..

C'est évidemment Antoine Gallimard en personne qui inaugurera cette nouvelle librairie qui renforce incontestablement le positionnement intellectuel du centre de Strasbourg, surtout si le restaurateur qui doit ouvrir à coté joue le jeu des cafés littéraires et de l'ouverture sur les cuisines sinon du « monde entier » du moins de « toute l'Europe ».

Espérons. Comme on peut espérer que les activités strasbourgeoises   autour du livre seront intensifiées. Gutenberg en cette cité n'est pas célébré pour rien. Antoine Gallimard le sait bien. Roland Ries, le sénateur-maire de Strasbourg, aussi.

Assumer un patrimoine, disait Malraux, c'est conserver et transformer. PDG, depuis deux décennies, de la maison d'édition fondée par son grand-père, Gaston, avant la Première Guerre mondiale, et successeur de son père Claude, Antoine Gallimard a réussi.

Héritier d'une histoire et d'un nom, il a même réussi à se faire  un prénom. Ce qui n'est pas un mince exploit. D'où la place particulière qu'il occupe dans l'édition et la librairie française. Une place gagnée en cultivant l'esprit de la famille : un esprit d'entrepreneur passionné. Avec deux mots clefs : « du flair et du goût ». Et un mot d'ordre : « savoir rester soi-m^me en s'adaptant aux évolutions ».

C'est cet esprit d'entreprise qui lui permet de réussir dans un contexte peu favorable aux initiatives éditoriales. Concentrations ici et là. Changement de la place du livre dans la culture bourgeoise. Diminution des ventes donc des tirages. Transformation des circuits de distribution. Règne du superficiel et, selon la formule de  Castoriadis, « montée de l'insignifiance »

Dans une ITW récente au Figaro magazine, Antoine Gallimard déclarait notamment : « Le fait d'avoir joué au tennis avec Roger Nimier, d'avoir admiré la Porsche de Paul Morand et d'avoir ouvert la porte de chez mes parents à Malraux ou Aragon a évidemment eu de l'importance pour moi. À l'époque, la littérature, c'était tout. C'était un monde dans lequel on naissait, qui vous portait, vous préparait un avenir. Plus précisément, il y a deux choses qui m'ont amené là où je suis : d'une part la fierté que me procurait le catalogue composé par grand-père et d'autre part l'envie de prolonger l'élan industriel impulsé par mon père lorsqu'il s'est séparé d'Hachette. J'ai eu le sentiment de pouvoir être celui qui permettrait à cette maison de continuer à vivre en la faisant évoluer, par exemple dans le domaine étranger, dans le secteur jeunesse ou les guides. Récemment, je me suis associé avec Mourad Boudjellal pour la bande dessinée. Même si cette initiative a pu choquer certaines personnes, j'en suis ravi. Je n'ai pas d'interdits. Je veux perpétuer une exigence éditoriale sans que cela m'empêche de concilier entreprise et littérature ».

L'une de ses grandes fiertés : avoir préservé la « Pléiade » ! « J'étais inquiet pour cette collection. Et aujourd'hui je suis heureux d'avoir pu tenir un certain niveau d'excellence, par exemple en publiant une édition de référence de Montaigne qui s'est très bien vendue. Je suis toujours épaté lorsque je vends un livre de qualité : je me dis que c'est un miracle. Le métier d'éditeur est fait de petits miracles. »

Son grand souci : faire en sorte que la librairie reste...la librairie, même si Internet, les grandes surfaces et les autres évolutions technologique et autres changent en permanence bien des choses. Il a fait un rapport (édité par la Documentation française) qui reste une mine de réflexions et de propositions.

Un constat : « En 1981, la loi Lang sur le prix unique du livre a permis de sceller l'union d'intérêt qui lie éditeurs et libraires autour d'engagements qualitatifs. Elle a également permis de contenir efficacement la menace que faisait peser l'extension des réseaux de grande distribution sur l'existence des librairies indépendantes. Ce dispositif se révèle aujourd'hui insuffisant pour les protéger durablement ».

Une idée phare : la création d'un Label pour les librairies indépendantes de référence (LIR) qui permettrait l'apport d'aides des éditeurs et du Centre national du Livre à l'acquisition de fonds, une réduction des charges salariales et des exonérations fiscales. Cette suggestion est faite avec des propositions pour aider les établissements qui ne peuvent ou ne veulent solliciter la labellisation LIR

L'extension de la Librairie Internationale Kleber à la nouvelle Librairie Gallimard du monde entier entre évidemment dans sa stratégie d'encourager les libraires (à commencer par les siens) à assurer dans les centres villes un role d'animateurs culturels. Déjà Kleber joue un rôle irremplaçable par le nombre et la qualité des débats qu'elle organise, sous la direction de François Wolfermann,  dans sa « salle Blanche », .

Eric Kribs, le directeur de la librairie Kléber, est évidemment déjà  à pieds d'œuvre avec son équipe dans les locaux de l'Aubette . « C'est du travail, mais c'est une aventure extraordinaire d'ouvrir une librairie nouvelle, avec des stocks nouveaux entièrement à constituer ». Discret, par nature, il préfère la preuve par les actes aux déclarations d'intentions. Il explique sobrement : « Cette librairie, toute en longueur,   sera consacrée principalement aux livres en langues originales d'Europe et d'ailleurs, avec des compléments destinés à l'apprentissage des langues (dictionnaires, grammaires etc.).

Ce type de librairie orientée vers les autres langues et les autres cultures est original en France. Nous croyons qu'une telle librairie est évidente au coeur de Strasbourg, ville carrefour, ville frontière, ville Européenne par excellence.

Cette création manifeste également notre confiance en l'avenir du livre et de la librairie comme les vecteurs privilégiés de la transmission et du partage de la culture, qui doit rester la dimension essentielle de nos vies.

Le soutien constant des éditions Gallimard au développement de la Librairie Internationale a rendu possible la création de cette nouvelle librairie qui satisfera, nous l'espérons, les attentes du public strasbourgeois ouvert sur les autres cultures du monde. »

Jacques DEHAIRE

Une collection crée en 1931

« Du Monde entier » est la principale collection de littérature étrangère des Éditions Gallimard. Dotée d'un fonds exceptionnel et demeurée fidèle aux grands noms de la littérature mondiale de ces dernières décennies (Roth, Bellow, Fuentes, Vargas Llosa, Handke...), elle favorise depuis sa création l'émergence et la reconnaissance en France de nouveaux talents ou d'auteurs déjà salués, comme aujourd'hui Martin Amis, Ian McEwan, Zadie Smith, Arundhaty Roy, Manuel Rivas, Amos Oz, Jens Christian Grøndhal, Javier Marías, Dmitri Bavilski... Le Liseur (Schlinck), Testament à l'anglaise (Coe), Sonietchka (Oulitskaïa), Pastorale américaine et La Tache (Roth), Trois chevaux et Montedidio (De Luca), Sourires de loup (Z. Smith), Le Dieu des Petits Riens (A. Roy), Mon nom est rouge (Pamuk) figurent parmi les titres emblématiques de ces dernières années.

On dénombre aujourd'hui, parmi les titres de la collection, environ 35 langues traduites et, parmi les auteurs, plus de 55 nationalités (dont 24 européennes).

EN SAVOIR PLUS >>>

La maison GALLIMARD

Les éditions Gallimard

Le site de la Librairie Kleber

Une fiche sur Gaston Gallimard

L'Aubette à Strasbourg  

Commentaires (0)