[Zik] Punk : Analyse d’une sous-culture

Par Greg

Avis aux fans de sociologie (si si je sais que ça existe), je vous conseille de vous procurer le livre Sous-culture: le sens du style de Dick Hebdige chez Zones qui vous permettra de vous familiariser à cette discipline nommée “cultural studies“.

Les cultural studies, concept né dans les années 60 dans au Royaume-Uni, et très prisé des pays anglo-saxons mêle sociologie, anthropologie et même philosophie. Elles ont pour objet l’étude de la culture de masse et font l’analyse des rapports de pouvoirs que cela engendre dans les représentations médiaculturelles puisque pouvant constituer un miroir des transformations anthropologiques et historiques d’une société, tout en étant parfois actrices de ces transformations.

Le texte de Dick Hebdige, sociologue britannique, nous plonge dans l’univers des punks afin de tenter d’en comprendre l’origine mais également le message qui a été véhiculé à travers leur choix musicaux, vestimentaires et comportementaux qui s’y raccroche.

Pour ceux que l’exercice rebute d’avance mais qui reste des fans des Clash devant l’éternel, je leur conseille d’au moins s’attaquer à la première partie qui nous propose un “historique” des plus intéressants des sous-cultures en Grande-Bretagne qu’ont été celle des teddy boys, des mods ou encore du glam rock. Ce texte offre un éclairage de comment ces dernières ont émergé en fonction du contexte socio-économique de leur époque au travers de questions telle que l’immigration, les problèmes de classe sociale, ou encore la reconstruction après-guerre.

A titre personnel, ce que j’ai particulièrement aimé ce sont les notes en bas de pages qui sont autant d’anecdotes qui perfectionneront votre propre culture musicale, comme celle expliquant pourquoi les Sex pistols ont perdu leur contrat avec EMI en 1976.Mais si le rock est très présent, puisque ce livre traite de la sous-culture punk, vous y comprendrez pourquoi le reggae ou encore le rock steady ont été aussi présent en Angleterre et ses liens avec le Punk.

La deuxième partie, il faut l’admettre est plus ardue car passant à l’analyse sociologique enchainement de théories. Ainsi, si vous n’êtes pas familier à la sémiotique, la théorie du collage et bien d’autres encore, c’est un moyen comme un autre de les aborder.

Ce livre qui est très agréable à lire, ne fait pas l’apologie des divers mouvements musicaux nés depuis les années 50. Bien au contraire, il nous montre aussi comment les sous-cultures (et leur “pouvoir” de revendication et de résistance) sont, au final, neutralisée par les médias d’abord, puis récupéré par la société de masse à travers la consommation marchande d’objets caractéristiques. Les Objets étant porteurs de sens et de valeurs depuis la nuit des temps. Ce n’est pas un fait nouveau, mais une petite piqûre de rappel fait toujours du bien.

A notre époque où les objets ont pris une telle place en tant que signe extérieur d’appartenance, où l’on fête les 100 ans de Converse comme on fêtait le bicentenaire de la prise de la Bastille, il est bon de se replonger dans ce genre de texte afin de comprendre que, peut-être, aujourd’hui tout n’est que futilité. Signifiant, signifié, y a-t-il vraiment un réel message, une revendication dans nos choix vestimentaires, musicaux, comportementaux aujourd’hui ?

Non la révolution ne sera pas pour demain, elle ne l’a pas été non plus hier. Et c’est une des conclusions que nous apporte ce livre.

Sous-culture : le sens du style de Dick Hebdige.Editions : ZonesPrix : 13 €Peut être lu en ligne gratuitement en cliquant ici