Jazz ô Château - Sylvain Le Ray trio et YOM - Château de Pommorio - Tréveneuc, le 22 avril 2022

Publié le 25 avril 2022 par Concerts-Review

Jazz ô Château - Sylvain Le Ray trio et - Château de Pommorio - Tréveneuc, le 22 avril 2022

michel

Après le hors-d'oeuvre Pikey Butler, les clients s'acheminent vers le chapiteau, sous lequel doivent se produire Sylvain Le Ray trio et YOM , les têtes d'affiche de la première soirée payante du festival.

Pas de sold-out, mais à peine une dizaine de sièges inoccupés.

Sylvain Le Ray trio, des locaux, Sylvain est originaire de Trégueux, il a sorti son premier album, 'The Unchosen Way', en 2020, un second volume est en gestation.

Le jeune pianiste prodige est accompagné par Simon Prud'homme à la batterie ( Ginko Biloka, Sparfell) et Matis Regnault à la contrebasse ( un jeune homme issu du centre de formation Didier Lockwood , il joue aussi aux côtés de Tom Guillois, s'ébattait au sein de Minuit 10, les X -Swings ou les Marx Sisters, quand il n'accompagne pas l'artiste lyrique Elodie Kimmel).

Un piano classique introduit ' Young Years' une plage extraite du premier album de Sylvain.

Beau et symboliste comme une rêverie de Debussy, après quelques minutes, Simon a l'idée de gratter, puis de caresser ses cymbales, Mathis réagit, l'atmosphère reste pudique, il faudra patienter avant de voir les flots s'agiter .

Lyrisme, légèreté et virtuosité font bon ménage, déjà le public a compris que la soirée s'annonce sous les meilleures auspices, les amateurs de muzak en sont pour leur frais.

Comme on n'a pas eu l'occasion de jeter un oeil sur la setlist, on te donne des titres avec les réserves d'usage.

Une seconde composition ( Hole ?) tout aussi complexe et exigeante est entamée, à nouveau le background classique prédomine, la pièce, sérieuse et technique, fait appel à l'esprit et éclipse l'élément groove.

Le swing, c'est pas pour aujourd'hui.

Simon , d'une frappe méthodique, amorce 'Conversation entre peur et espoir', le piano et la contrebasse s'immiscent dans le cercle dessiné par le batteur, les coups de baguettes prennent une forme plus sèche, la plage se tonifie avant de ralentir pour voir le pianiste caracoler en mode Erik Satie.

Contrebasse et batterie esquissent une toile abstraite, peur et espoir ébauchent des arabesques sinueuses sans vraiment décoller, pas d'explosion mais un attentisme circonspect.

Soudain la tension monte, chaque intervenant pousse l'autre dans ses derniers retranchements, sans toutefois le terrasser, un relâchement opportun nous conduit vers la fin du voyage.

' Les Tisserands' est construit sur un air originaire de Loudéac.

La contrebasse, concentrée, est la première à tisser, timidement, les autres liciers entament leur labeur, mais c'est bien Mathis en tricotant, tout en chantonnant, qui abat le plus dur du boulot.

Après ce soliloque, Sylvain s'envole, batterie et contrebasse assurant le fond rythmique.

Tu le sais, les tisserands bretons ont du savoir-faire, leur compétence leur permet de créer une broderie fine, décorée de motifs non figuratifs, qui fera merveille dans le salon de ta tante Simone.

Après avoir remisé le métier à tisser, le trio propose 'Golden Song', une longue plage, méticuleuse et cérébrale avant d'attaquer ' Searching for Hope', une composition qui, comme les précédentes, naviguent dans les mêmes eaux que les combinaisons imaginées par Brad Mehldau, Keith Jarrett, Tigran Hamasyan ou Esbjörn Svensson.

Si ton truc c'est le boogie, Jerry Lee Lewis ou Scott Joplin, tu oublies!

Toujours prévu pour le prochain disque, voici ' Create a new world' , ce monde sera mathématique et clean!

Pour faire plaisir à Marguerite Duras, la chanson suivante ( sans paroles) est interprétée en mode moderato cantabile et c'est avec le rondo flamboyant ' Discovering' ( ?) que s'achève un récital qui a vu le public se lever comme un seul homme pour saluer une prestation de haut niveau.

Le 29 avril au Noktambül à Rennes!

YOM.

A l'issue de la représentation de YOM, les commentaires fusent: magique, époustouflant, cosmique, inspiré, visionnaire... 90% des auditeurs débordent d'enthousiasme.

Il y a les autres: assommant, artificiel, enflé, vaniteux....

Tu te rapproches du second clan.

Le numéro de l'auto-proclamé New King of Klezmer Clarinet ne t'a ni impressionné, ni transporté au nirvana.

Un mot t'a traversé l'esprit: fake, il a beau arborer une tunique de gourou, tu n'es pas prêt à faire partie de ses disciples.

Guillaume Humery, alias Yom, et le pianiste Léo Jassef ( Lafé Bémé, la Tribu des Fous de Bassan, Michto la Pompe, MST , le trio à Lunettes et membre du tricollectif, des musiciens improvisateurs parisiens), en piste vers 22:20.

YOM, c'est plus de dix albums, ce sont des tonnes d' éloges qui pleuvent lors de la sortie de chacun de ses recueils.... fougue ardente, virtuosité, esprit aventureux, il souffle la tempête dans sa clarinette, etc...

Mais là, le duo est sur un podium, d'emblée le messie nous prévient, ce soir, on vous joue 'Celebration' d'une traite, si vous écoutez bien vous pourrez voyager dans l'espace et peut-être même croiser Elon Musk.

Alors pas d'applaudissements pendant l'office, je dépose le micro et le reprendrai lorsque la navette spatiale aura rejoint la terre.

Les consignes du despote ont été respectées à la lettre.

On a subi d'une traite ( peut-être dans le désordre) :